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CR – Embrun­man 2018

Flo : J’applaudis les spec­ta­teurs, remer­cie les béné­voles, enfin je prends mon pied !

Après une semaine en juillet pour un ultime stage pré­pa, j’arrive sur Embrun le ven­dre­di 10 aout au petit matin. Cette année pas de folie avant la course à par­tir faire une ran­do, je reste sage­ment chez les parents et m’occupe avec de petites séances de nata­tion, vélo et course à pieds his­toire de conti­nuer à se ras­su­rer.

Ce n’est pas la grande forme contrai­re­ment à l’an der­nier, sans doute que l’excitation et l’innocence de la pre­mière est pas­sée et aujourd’hui je sais ce qui m’attend d’ici quelques jours.
La pré­pa­ra­tion n’est pas for­cé­ment idéale, je n’ai qua­si­ment pas nagé et rou­lé pen­dant l’hiver et le mois de mai pas­sé au Pérou n’a pas arran­gé les choses. Alors oui j’aurais fait un gros stock de glo­bules en res­tant à +3000m pen­dant 3 semaines mais ce n’est pas cela qui va me sau­ver. Je né suis pas dans mon assiette, est-ce le fait de né pas avoir tous mes amis comme l’an der­nier, j’ai tout de même les parents, leurs amis et mon pote Jojo avec sa copine. Mais il y a quelque chose, je le sens. Je né suis pas libé­ré.
Je pro­fite du dimanche pour aller voir un peu les concur­rents sur le M et conti­nuer le far­niente au bord du plan d’eau. Je res­sens des petites dou­leurs aux jambes, aux épaules … là clai­re­ment c’est la tête qui me joue des tours, l’esprit est vrai­ment très fort, mais même en répé­tant cela, je stress de plus en plus. Je suis refer­mé sur moi-même et né par­tage pas trop avec les autres. Le lun­di, pluie toute la mati­née, j’espère que ça né va pas être la même mer­cre­di sinon ça va être com­pli­qué. Si tout va bien le temps doit s’améliorer (peut être des risques d’orages sur le Quey­ras, en gros dans le col d’Izoard, you­piii !!) J’en pro­fite pour aller cher­cher mon dos­sard en ville et évi­ter l’affluence du mar­di.

Le temps s’améliore en fin de jour­née mais à nou­veau un bel orage le soir qui souf­flé pas mal de chaises et de caisses dans le parc à vélo. Heu­reu­se­ment que l’on n’a pas posé les vélo ce jour-là. Mar­di 14 aout, veille de com­pé­ti­tion. Je fini les der­niers réglages, la pré­pa­ra­tion du vélo et des affaires. Je des­cends sur les coups de 15h au parc à vélo. Je rentre en même temps que Romain Guillaume et direc­tion le contrôle des vélos avec camé­ra ther­mique pour tous les deux, sait-on jamais …

Vélo posé, je rentre avec la caisse et fini l’après-midi au plan d’eau his­toire de pro­fi­ter du calme avant la tem­pête ! Le temps est agréable, pas de pluie aujourd’hui. Repas de cham­pion le soir : pou­let et pâtes avec cru­di­tés en entrée. Cou­ché 21h30 et je né mets pas beau­coup de temps à m’endormir mal­gré le stress de la com­pé­ti­tion, le réveil à 4h va piquer.

Jour J : En fait non le réveil à 4h est facile, j’étais même réveillé juste avant la son­ne­rie. Je m’habille et prends mon petit dej, gâteau sport Mel Tonic (miel et fram­boise), super bon, et pas de café cette année ça sera de la bois­son pour l’effort. 5h, je sors de chez moi et des­cends les 100m qui me séparent de la ligne de départ (faut dire que c’est pra­tique ça)  Il n’y a pas trop de monde au contrôle carte d’identité, j’arrive rapi­de­ment à mon empla­ce­ment et suis avec les beau­vai­siens en bout de ran­gée 8 côté plan d’eau. Il né fait pas super chaud, 11° envi­ron. Je gonfle les pneus, pré­pare mes affaires pour les 3 par­ties et enfile ma com­bi­nai­son assez rapi­de­ment his­toire d’avoir chaud. Le temps pas­sé assez rapi­de­ment et voi­là déjà le départ des fémi­nines annon­cé dans 5mn. Je me rap­proche de la sor­tie du parc his­toire de me posi­tion­ner dans les 300–400 pre­miers. 05h55, les filles s’élancent dans une ambiance du ton­ner. Encore 5mn à patien­ter et ça sera mon tour. Contrai­re­ment à l’an der­nier pas de sen­sa­tion par­ti­cu­lière qui m’envahit, j’ai l’impression de né pas avoir la moti­va­tion… J’aperçois Laurent Drouillet (et peut être Thier­ry Calais éga­le­ment mais plus sûr) de l’autre côté des bar­rières ça fait du bien. Plus que quelques secondes et c’est par­ti pour cette nou­velle édi­tion. PAAAAN !!! Et c’est par­ti, je me mets sur le côté gauche his­toire de né pas être blo­qué au pas­sage des pon­tons et com­mence dou­ce­ment. Je fais bien car au final je vais sor­tir avec 4.2km à la montre … Le pre­mier tour se déroule bien et sur le retour le soleil se lève lais­sant appa­raître les mon­tagnes. Je suis rela­ti­ve­ment bien mais je com­mence à avoir un léger mal de tête et à nou­veau l’esprit ailleurs. Je né suis vrai­ment pas dedans cette année, où est pas­sée cette exci­ta­tion que j’avais l’an der­nier ? Allez, on pas­sé la bouée du demi-tour j’ai fait le plus dur. La montre bip et bip encore, j’ai mis des alarmes tous les 500m ce n’est pas nor­mal. Avant de pas­ser les der­nières bouées je suis déjà à 4km je né com­prends pas, depuis le début je fais en sorte de bien visua­li­ser et né pas faire de zig zag … Bref, sor­tie de l’eau à 4.2km en 01:21 soit 8mn de plus que l’an der­nier, ok ça débute bien !! J’enlève le haut de la com­bi tout en allant à ma place et com­mence à avoir froid. Et bien tout est au top !! Je décide donc de me sécher avant de par­tir sur le vélo, j’enfile même les gants en laine dès le départ. Plus de 9mn au final pour la T1, encore du temps de per­du ver­sus l’an der­nier, je pars avec 10mn de retard gros­so modo.

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A peine enta­mé le par­cours que je vois mes parents et les amis qui sont là pour moi, ça fait du bien. Pre­mière mon­tée au bout de 300m, j’ai tel­le­ment froid que je né sens qua­si­ment pas les jambes. J’espère juste à ce moment-là de né pas avoir de crampes. J’ai froid bor­del !!!
La grim­pette des Puits se fait rela­ti­ve­ment bien, en tout cas beau­coup mieux que l’an der­nier avec le mal de bide (sans doute le café pas pris le matin cette fois-ci). J’arrive à me réchauf­fer pen­dant les pas­sages au soleil mais dès qu’on attaque une des­cente ou un coin d’ombré c’est à nou­veau les dents qui claquent. J’arrive en moins de 1h50 au rond-point des Orres où je sais que je vais prendre un bon bain d’encouragements, voir la famille et après par­tir pour 6h sans voir per­sonne de connu. Je né suis pas for­cé­ment beau­coup mieux, tou­jours cette sen­sa­tion bizarre dans la tête, l’envie d’aller jusqu’au bout mais en même temps qu’est-ce que je fou là. Inex­pli­cable ce res­sen­ti.
Je reste entre cha­leur et froid jusqu’à la mai­son du Roy où je me fais pas­ser par un beau­vai­sien, que je redouble dès que la pente s’accentue un peu, qui me dépasse à nou­veau et cela jusqu’à ma pre­mière pause pipi. Quelques kilo­mètres plus loin c’est l’ascension du col d’Izoard qui se pro­file. Je me dis « tiens ça serait bien d’avoir ton temps dans la mon­tée » du coup j’appuie sur le bou­ton « LAP » et bim je pas­sé en T2 … et merde quel con je vais foi­rer ma trace sur la montre !!! En bidouillant un peu j’arrive à remettre une acti­vi­té vélo.
Quel début d’ascension …

Au final je n’ai pas mon temps de grim­pette mais clai­re­ment j’en chie pas mal avec des coups de chaud (au moins je n’ai plus froid) et je dois faire dans les 1h25-1h30 pas moins.
Arri­vée au som­met, ravi­to per­so. C’est un mec de Noyon qui me file mon sac, on dis­cute et on en arrive à par­ler du Prez à l’Alpe d’Huez avec qui il a rou­lé un peu cette année 😉
Je lui dis que je com­mence à sen­tir les qua­dri qui chauffent anor­ma­le­ment, l’an der­nier c’était dans Pal­lon cette his­toire et j’ai des bornes avant d’y arri­ver. Je fais le plein de mes bidons, prends mes sand­wichs pain de mie/blanc de pou­let (au final la seule chose que je vais man­ger sur la jour­née, qua­si pas tou­ché à nou­veau aux barres et gels).

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Dans la mon­tée j’ai fait atten­tion à bien me dévê­tir avec la cha­leur his­toire de né pas être trem­pé pour la des­cente, malin le mec !
J’attaque alors ma par­tie pré­fé­rée, pas celle de Chris P, la des­cente sur 15km envi­ron. Les pre­miers virages je fais atten­tion mais je me lâche rapi­de­ment et pro­fite à fond en dépas­sant pas mal de monde.
C’est à ce moment-là que mon esprit se libère, je pense à mes grands-parents, à Juw.
Les émo­tions reviennent, petite mon­tée d’adrénaline et le moral remon­té à bloc !! « tu n’as pas le droit de lâcher, tu as pas­sé le plus dur main­te­nant tu t’arraches, t’arrête de te plaindre et tu mets tout ce que tu as »
Oh punaise me voi­là repar­ti comme jamais. Je rat­trape un à un les concur­rents dans le faux plat menant au bas des Vigneaux et conti­nue ma remon­ta­da dès que la pente s’élève.
Je dépose les vélos, les voi­tures et même les motos (dans la des­cente sur St Cré­pin) et je monte Pal­lon beau­coup mieux que l’an der­nier et les qua­dri me laissent en paix.
Pas­sé Réotier, comme à chaque fois on se prend le vent en pleine face, mais la route est agréable et je sais que ça des­cend ensuite sur St Clé­ment et le ravi­to.
Je m’y arrête his­toire de faire le plein en bois­son et attaque la der­nière par­tie vers St André et Chal­vet par la suite. Je conti­nue à remon­ter les concur­rents et je pré­vois de m’arrêter à nou­veau au ravi­to du Pont-Neuf avant d’entamer la der­nière dif­fi­cul­té du vélo mais au final je file dans la des­cente et pré­fère conti­nuer sur ma lan­cée, il me reste une ½ goude, lar­ge­ment suf­fi­sant pour arri­ver au som­met.
Mon père est là avant Chal­vet, il va pré­ve­nir le reste des sup­por­ters et lui aus­si com­mence à y croire.
La des­cente est assez tech­nique au début car pleine de gra­villons en plein milieu de la route, et 2 virages plus tard je vois un concur­rent qui a dû faire une grosse chute. Je m’arrête à son niveau, le mec est pas en très bon état mais me dit de conti­nuer. J’alerte un béné­vole juste après, je né peux pas faire grand-chose de plus.

Grosse émo­tion en pas­sant devant l’ancienne mai­son des grands parents, vous êtes fiers je le sais. Je pro­fite des der­niers mètres de des­cente avant d’entamer le mara­thon pour relaxer les jambes et le reste, ça tire pas mal aux lom­baires et dans le haut du dos, mais ça c’est le peu d’entrainement sur le vélo qui se paye tôt ou tard.
Der­nier virage et j’entame la ligne droite avant le parc à vélo avec au fond l’arbitre qui agit son dra­peau. Je mets pieds à terre vers 16h20, un vélo en 08h40 soit 10’ de gagner par rap­port à 2017. Ça le fera pour finir main­te­nant je dois gagner du temps sur le mara­thon si je veux m’améliorer.
En arri­vant à mon empla­ce­ment je vois 2 per­sonnes finir de mas­ser un concur­rent et je leur fais signe de venir me rejoindre. 3–4mn de mas­sage, cha­cun sa cuisse, ça fait du bien.
Jojo et sa copine sont juste à côté der­rière les bar­rières et m’encouragent.
Allez, il va être temps de par­tir en cap.
Chan­ge­ment de chaus­settes, je prends ma cein­ture avec les gels et mes bidons et c’est par­ti pour 42km de plai­sir !

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Le pre­mier tour se pas­sé rela­ti­ve­ment bien, je cours qua­si­ment tout du long à part le début de la côte Cha­mois et prends le temps de faire des stops à chaque ravi­tos his­toire de prendre de l’eau et du coca. Pre­mier tour bou­clé en 1h30 mais je com­mence à avoir un point de contrac­tion sur le tra­pèze gauche qui redes­cend sur l’épaule les km allant. Je décide de m’arrêter juste après la ligne d’arrivée pour me faire mas­ser cette zone, je douille pas mal mais il le faut si je veux que ça pas­sé. Je repars après 5mn à peine mais ce second tour va être un enchai­ne­ment de course et marche, plus j’avance plus la dou­leur revient et je suis obli­gé de mas­ser tout en mar­chant.
La grosse moti­va­tion retrou­vée depuis l’Izoard se fait la malle au fur et à mesure de la dis­tance. Niveau car­dio et jambes ça va mais j’ai cette dou­leur qui né veut pas par­tir et ça com­mence à me gon­fler. Je me dis que de toute façon vu l’heure je fini­rai ce n’est pas ça le sou­ci.
Il faut attendre le pas­sage au niveau du ter­rain de rug­by et que ma pote Pau­line me dépasse (son pre­mier Embrun­man qui sera bou­clé en moins de14h) sans me voir pour que je me remo­tive à cou­rir au moins pour reve­nir à sa hau­teur et la féli­ci­ter, en plus c’est son anniv aujourd’hui !!
1km plus loin je lâche à nou­veau dans la tête et me remets à mar­cher.
Heu­reu­se­ment que mon père est là en vélo, tou­jours à plu­sieurs mètres pour né pas se faire reprendre à l’ordre par les arbitres. Ça aide beau­coup pour le moral.

Ce qui est super aus­si ce sont les petits mots au sol pré­pa­ré par des sup­por­ters de choc 👌
Les sup­por­ters sont pré­sents aus­si, « allez Florent ça va repar­tir c’est dans la tête ». Alors oui c’est super cool mais à ce moment-là j’avais juste envie de leur dire de me lais­ser tran­quille. Quand je vous dis que je n’étais pas dans mon jour …

Et puis 2km avant la fin du der­nier tour je me dis que je vais recom­men­cer à cou­rir, et oui on arrive sur la digue où les parents et les amis sont, ça fait mau­vais genre de mar­cher sur les pho­tos :p
Je pas­sé le 2eme tour en 1h50 envi­ron et puis par la suite je né vais qua­si­ment plus m’arrêter de cou­rir si ce n’est la côte Cha­mois again. Le père est impres­sion­né quand il me voyait dans le tour pré­cé­dent.
C’est fou comme c’est vrai­ment dans la tête que ça se joue.
J’arrive dans le bas de ville et il y a encore pas mal de monde pour nous encou­ra­ger, je com­mence enfin à par­ta­ger avec eux, il m’en aura fal­lu du temps.
Je rat­trape du monde au fil des kilo­mètres et je né m’arrête plus. Je né prends plus la peine de me stop­per à chaque ravi­to et file avec une idée en tête : né pas finir avec la fron­tale cette année.
J’applaudis les spec­ta­teurs, remer­cie les béné­voles, enfin je prends mon pied !

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