Après avoir pris goût au vélo l’an dernier grâce à Pierre et à son défi lancé pour participer à l’étape du tour 2017, c’est sans hésitation que j’ai voulu re-signer pour 2018, avec en plus un nouveau challenger, en la personne de coach David.
Et c »est bien accompagnés de la femme et de la maman de Pierre que nous sommes logés à 8km du départ, dans un petit village, merci à elles d’ailleurs, pour leur soutien et leur aide tout au long de ce super weekend.
Le départ de cette course se fait à Annecy, ville où je n’étais jamais allé, mais il va falloir que je conjure vraiment le sort, car le peu que j’ai pu en voir ce weekend me donne clairement envie d’y retourner. C’est magnifique, un endroit privilégié en France, c’est certain !

L’arrivée se fait au Grand Bornand, station connue pour Le ski en hiver, et sans doute pour d’autres sports en été. Entre deux, il y’a 169 kilomètres à faire, avec 4 cols à grimper (1 hors catégorie, et 3 catégorie 1).
Le tout avec 14999 autres concurrents, vous comprendrez par là que l’étape du tour, c’est 15000 coureurs. (EDIT : il y’aura en tout près de 4000 abandons sur ce chiffre) ou encore 30 000 roues.

C’est énorme, et le mot est faible. Le tour de France est connue comme la compétition de cyclisme la plus mythique au monde, de par sa difficulté élevée, mais surtout pour la beauté de ses paysages. Et chaque année, l’organisation permet aux amateurs de faire une étape du tour comme les pros, quelques jours avant eux, dans les mêmes conditions, en route fermée, mais avec en supplément des points de ravitaillement généreux, tenus par des bénévoles souriants et plus sympathiques les uns que les autres.
Cette année, on m’a prévenu : ce sera plus difficile que l’an dernier.
Pour rappel, en 2017, on peut dire que j’avais eu un coup de chance, pas de vélo (c’est Pierre qui m’avait prêté un cyclo-cross), pas de préparation, pas d ‘expérience. Seul le cardio acquis grâce à la course à piedm’avait permis de finir la course. Pour cette fois ci, deux mois avant l’échéance, j’ai davantage roulé, continué à courir, continué les entraînements de boxe, freeletics, et surtout, j’ai investi dans un vélo de course full carbone équipé en Shimano ultergra/dura-ace, et la différence est assez flagrante, ça avance plus vite au moindre coup de pédale.
Mais j’avais de l’appréhension à cause de ces 15 derniers jours qui n’ont pas été fructueux sportivement parlant…j’ai plus fait la fête, bu de la bière et du Ricard/chocolat au rythme d’une écluse (expression empruntée à Greg fcht) au Hellfest, je n’ai pas mangé spécialement propre et je me suis peu entraîné (juste un footing de 40min le dernier jour de juin, et une course à obstacles avec la Team Tutu Rangers) . Tout cela à fait que j’étais dans un état de fatigue extrême il y’a encore quelques jours. Advienne que pourra
Et effectivement, d’après les échos, cette étape du tour est la plus difficile depuis la création de la course (depuis 25 ans donc), et également la plus dure du tour de France 2018 ! (À voir le 17 juillet d’ailleurs)

J-1, retrait des dossards, derniers réglages sur les vélos, beaucoup d’attente car tout le monde fait comme nous, ce qui fait qu’on n’a pas pu passer la journée « pépère » qu’on espérait pour la veille de la course. Mais qu’importe, une micro baignade à 20h dans le sublime lac d’Annecy à fait quand même du bien, ce petit sentiment d’être en vacances m’envahit, alors que le lendemain, le thème de la journée sera plus souffrance que vacances. Un bon repas de sportif et on se couche. Pas le temps de niaiser

On y est, 8 juillet, c’est le jour de l’étape.
yant fini l’épreuve l’an dernier, je suis invité à partir en vague 9 (pour les dossard de 9000 à 9999) à 7h37.30secondes, ça rigole pas sur le timing avec autant de monde.
Mes deux compères sont en vague 14 et 15, ils ont un peu plus de marge que moi pour se réveiller avec un départ à 8h15 pour l’un et 8h22.30 secondes.
C’est tout seul que je descends jusqu’à Annecy pour me mettre dans mon SAS de départ.

GO ! >>> Les 40 premiers kilomètres s’enchaînent facilement, quelques montées mais rien de méchant. Premier obstacle, le col de la Croix de Fry (fini en 1h02) une montée d’une longueur de 11,3 km avec une moyenne de pente à 7%. Ça casse tout de même les jambes étant donné que par chez moi, dans l’Oise, on ne trouve pas la moitié du quart d’une côte comme celle-ci. Mais je me ressaisi, car je sais que ce col est le plus facile des 4.
Une fois en haut, le ravitaillement liquide fait du bien, mes 1,5L de boisson isotonique ayant été bues pendant l’ascension. J’oubliais de préciser que pour cette journée, le mercure dépassera les 30°, de quoi affaiblir d’autant plus les organismes pendant l’effort.
Ce qui est bien, c’est qu’après avoir monté, en toute logique, on redescend, et quel pieds en vélo de route d’avoisiner les 60km/h ! Ça caille par contre…

Deuxième difficulté, et pas de moindres, le fameux plateau des Glières (fini en 50min). C’est le col le moins long avec 6km, mais c’est aussi le plus raide avec 11,2% de pente…avec des passages frôlant les 13%.
Et autant le dire tout de suite, c’est le col le plus dur de l’épreuve. Et c’est ici que j’ai été le plus poussé à bout, mentalement et physiquement, mon objectif était de ne pas poser pied à terre, dans aucun des cols d’ailleurs,
défi que j’avais loupé l’an dernier dans le col d’Izoard, où, à 4 reprises, j’ai du reposer mes jambes complètement carbonisées. J’en bave, je manque de tomber plusieurs fois à cause de concurrents qui s’arrêtent juste devant moi en pleine montée, mais ça passe ! Un vrai soulagement d’arriver en haut .
La particularité des Glières, c’est aussi ses 2km de chemin caillouteux, tout en haut du plateau, ou le risque de crevaison est important. Mais finalement, les organisateurs ayant passé une balayeuse et sans doute un rouleau compresseur la veille de la course, tout le monde passe tranquillement cet obstacle .
À ce stade (en haut des Glières), on est au km85 de la course. Et jusqu’au 132ème, pas de grosse difficulté, ça roule bien on a la chance de pouvoir se ravitailler par deux fois en solide et liquide, avec des barres de céréales, pâtes de fruits, fruits secs, pain d’épices, fromage ( ) et en boissons Ssortives.
Avant dernier col, le bien nommé « Romme »(8,8km à 8,9%, fini en 1h15), qui s’enchaine vite avec le dernier, le col de la colombière (7,5km à 8,5%, fini en 59min), ou juste une descente d’a peine 10km les sépare. On arrive sur les 30 derniers kilomètres de la course mais avec deux cols à la suite, si près de la fin mais pourtant encore tant de difficulté à surmonter !
Allez, pas le temps de jouer de la guitare et beurrer des tartines, il faut y aller. Encore une fois, mon mental et mes cuisses sont mis à rude épreuve, pas autant qu’aux Glières mais quand même, on est dans le dur.
Je me répète dans ma tête des phrases du genre  » la douleur est temporaire, l’abandon est définitif  » ou encore je chante (ou plutôt je hurle, les vrais savent) un refrain d’une chanson qui me booste  » brûle en silence, putain mais brûle en silence, arrête de te plaindre et de geindre et hurle en silence ! « , Et mine de rien, c’est dans ces moments là qu’on se rend compte de la puissance du mental !
Là où la tête ne peut rien faire en revanche, c’est pour mon cul. Ouai, pas habitué à rouler si longtemps, des cloques et du sang sur mes fesses à cause des frottement de la selle, horrible, ça fait 10x plus mal qu’avoir les cuisses en feu.
Arrivé en haut de la colombière, c’est la délivrance. Exit la souffrance mais juste une descente plus que méritée pour franchir la ligne d’arrivée au Grand Bornand, toujours un moment unique, riche en émotions, avec tous ces spectateurs qui mettent l’ambiance, ce tapis jaune par terre et la fameuse arche sous laquelle on doit passer…c’est fait ! 9h44min d’effort auront été nécessaires.
Jamais mes pieds pointure 41 (si un jour vous voulez m’offrir des chaussures, on sait jamais) n’ont touché le sol, objectif atteint, et c’est de ça dont je suis le plus content, outre le fait d’avoir fini la course.
Je récupère la médaille et je m’allonge au sol, le temps d’attendre Pierre et David, qui arriveront plus tard, et la récompense, c’est cette pasta party, pâtes carbonara, bière, bananes. Un régal, inutile de vous expliquer à
quel point on savoure. Je le répète, mais jamais auparavant je n’avait été poussé mentalement et physiquement dans mes derniers retranchements comme aujourd’hui, surtout pendant la montée des Glières. Mais au final, c’est ça que je recherche, le plaisir dans la douleur, le dépassement de soit. Ça rend accro !
La vie n’est qu’une succession de défis, alors retenez bien ça : surpassez vous, faites des choses que vous ne pensiez pas capables de faire, passez votre barrière mentale, sortez de votre zone de confort, faites vous mal et dépassez vos limites pour profiter de cet indescriptible sentiment d’accomplissement, à votre niveau, que ce soit à la course à pied du village d’à côté ou lors d’un voyage périlleux ou encore d’une épreuve sportive
difficile, en bref, combattez la vie ! Vous échouerez peut être, vous y arriverez sûrement, mais comme dit le proverbe connu :  » celui qui combat peut perdre, mais celui qui ne combat pas à déjà perdu  » Avec tout ça, je réécris la même chose que l’an dernier avec la mise à jour du millésime : l’Etape du tour 2018 est maintenant la chose la plus dure que j’ai eu à accomplir dans ma vie…pour le moment…
Merci d’avoir lu.