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Mont-Blanc – Of(f) Course !

Le genre d’aventures que l’on se doit de partager.

Plus de deux ans que nous préparons ce projet dans le plus grands secret. Que faire pour marquer le coup de nos 35 & 40 ans (4 & 10 juillet) ? Finalement pour des Astres, se rapprocher des étoiles semblait une évidence !

Le dire c’est bien l’organiser et le préparer c’est une autres paire de manches.
Trouver un guide, acheter le matériel, faire une préparation physique pour ce type d’efforts, gérer la logistique familiale etc.
Ses dernières semaines nous avons multipliés les randonnées (à la maison, dans le Jura, à Val Thorens) histoire de s’acclimater à mieux à ce qui semblait être une grosse randonnée.

J-2 : arrivée sur place, le guide nous appel : peut-on décaler les dates, la météo n’est pas bonne ? Oui c’est jouable mais d’une journée, après on a boulot !
J-1 : Appel du guide : on reste sur les dates mais au lieu de le faire en 3 jours on le fera en 2, y’a une fenêtre météo. Changement également de refuge, on ira au plus haut, celui du goûté plutôt que celui de tête Rousse.
Jour J, 4 juillet, mes 35 ans ; levé 5h. Message du guide : Appelez moi, trop de vent on ne pourra pas faire l’ascension. Bref échange téléphonique. Faut y aller pour ne rien regretter…
Trop d’enjeu, casquette #Ironjuw dans le sac, doudous des enfants, nos anniversaires… On montera !

Nous voici rendu à Belleville pour prendre le train du Mont-blanc. Un arrêt plus tard nous voici au terminus au refuge du nid d’Aigles que copain Charles connaît bien ! Face à nous des rochers et quelques type de notre espèces. Une petite pancarte écrite au marqueur indique -> Refuge de tête Rousse & Refuge du goûter.

Nous y sommes, l’ascension commence. Le temps en gris, la température correcte. Le moins que l’on puisse dire c’est que l’on attaque directe par de grosses portions. Le chemin est assez escarpé, un guide n’est pas de trop ! Rapidement nous arrivons sur de gros pourcentage et de fortes pentes. On commence à monter la 1ère arrête. Bon ça met assez vite dans l’ambiance. Le vent commence à se lever. Le guide nous rassure : si ça souffle déjà ici, ça va être chaud la haut ! Toutes les personnes que l’on croise vont au 1er refuge, celui de tête rousse. On fini en effet par y arriver sous la neige et le vent déjà assez fort. Petite pause pipi et équipement. On mets pour la première fois des crampons direction la partie soit disant la plus difficile…

… C’est le moins que l’on puisse dire ! Ça commence par une montée “dré dans le pentu” sur la neige, puis on commence de l’escalade gentille entre les rochers. Arrive le “couloir de la mort” (lié aux quelques décès du à des chutes de pierres chaque année). Le guide (André, Dédé pour les intimes !) nous mets en cordée et nous donne ce superbe conseil : si j’entends une chute de pierre, je dis “pierres”, vous vous retournez et rebroussés chemin sans paniquer ! Nous voila rassuré ! Tout se passe bien, surtout si tu ne regardes pas en bas. Et là les affaires commence… Une crête, des rochers, de la neige qui tombe de droite à gauche (le vent à 70 km/h ne lui permet pas de se poser). Nous sommes déjà à 3 100 m d’altitude, il ne fait plus vraiment chaud. Et la on prend conscience du truc…

…Ce n’est pas une randonnée, mais c’est de l’alpinisme ! Vont s’en suivre prêt de 2h d’escalade ou clairement je suis incapable de prendre la moindre photo, tant j’ai besoin que mes deux moins soient accrochés à la paroi. Je vide littéralement mes surrénales et Ma Jeujeu n’en mène pas large non plus. Le sac est lourds (12 à 15 kg), le vent nous bouscule, on se fait gifler le visage par la neige. Dédé même un rythme soutenue, pas vraiment le temps de faire une pause dans ses conditions, surtout qu’il n’ont pas vraiment prévu d’aire de picnic sur le chemin ! Je commence à me demander quand tout cela va terminer car là, franchement c’est pas super cool ! Ma montre indique 3 800 m d’altitude, déjà plus de 5h que nous montons. Normalement le refuge du goûter devrait arriver ? Quelques minutes plus tard, une échelle. On grimpe et Dédé nous indique que nous sommes à l’ancien refuge du Goûter. Il a beau essayer d’ouvrir les portes pour nous mettre à l’abris, rien n’y fait. On se cale dans un coin pour s’équiper à nouveau. Nous sommes en pleine tempête de neige. Jeujeu n’arrive plus à mettre ses crampons, je vais tant bien que mal essayer de l’aider. Elle n’a plus de sensations dans les doigts. Il lui devient impossible d’enfiler ses gants du coup. Zen, restons zen (c’était pas trop le cas sur le coup !). On arrive tant bien que mal à mettre ce qu’il faut, dont le masque de ski. Le refuge n’est pas loin, mais dans ses conditions, quelques mètres peuvent être très long… Nous ne voyons pas plus loin que Dédé, tout est blanc. Neige en dessous, neige au dessus et neige sur les côtés. Une forme finit par faire son apparition. Nous y sommes au Goûter !

Le temps de retirer le matériel, Dédé (70 ans s’il vous plaît) redescend, tout tremblant de froid nous indique notre dortoir. Ma Jeujeu grelotte de tout son corps également. Il est 15h, nous filons nous coucher pour tenter de se réchauffer. 17h les affaires son étendues tant bien que mal (un refuge ce n’est pas le Hilton niveau confort !). Nous ne tremblons plus, mais ne mesurons tant bien que mal ce que nous venons de faire.
18h, c’est l’heure du repas. La douloureuse arrive avant le dessert. Aucun guide ne montera au Mont-Blanc demain. Trop dangereux. La soupe à du mal à glisser.
Nous allons malgré tout prendre des photos de nos objets fétiches, le fond est sans appel…
Pour vous situer, le Goûter c’est au niveau du grenier dans l’ascension du Mont Blanc et là, on nous refuse le toit…

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19h dodo. J’ai du mal, je cogite, j’ai envie d’y croire malgré tout.

21h ma vessie me demande un bon de sortie du lit. Permission accordée. Et là, au travers de la fenêtre : le soleil, le ciel bleue ! Je file chercher mon téléphone pour immortaliser tout ça…. Ça ne durera que quelques secondes car ma tenue du moment n’est pas adapté à la température extérieur.

21h02 et si…. 22h le vent vient à nouveau me tirer de mon insomnie. Merde ça craint ça.

Le peu de rêve que mon inconscient m’accordent sont de moi en train de tomber dans le vide. Un régal.
6h30, on sort avec Jeujeu regarder dehors le temps… Mike Horn n’a qu’a bien se tenir. C’est la tempête… Nos espoirs se sont également envolés pour laisser place au stress. Le gros stress. Si nous ne pouvons monter, c’est que nous allons descendre ? Pas con le type !
Sandrine aura du mal à avaler son petit dej, moi j’essaie de plaisanter pour masquer mon stress. Nous ne sommes que 19 dans un refuge plein chaque été de 120 personnes. Tout le monde à annulé vu les conditions.

7h10, quand faut y aller… Je suis le premier de cordée. Je ne sais pas ou je marche, plus aucun repères visuel n’est possible. Dédé me guide tant bien que mal. Nous voici à nouveau devant l’échelle. A ma grande surprise, je ne ressent pas de vertige, sûrement le manque de visibilité. Les premiers pas me rassures même je dirais. Il y a beaucoup plus de neige qu’hier mais j’ai beaucoup plus d’assurance étrangement.

La descente va durer pas loin de 4h en tout. On va y vivre les 3 saisons (manquait juste l’été). Nous passons dans des crevassasses, marchons sur des arrêtes avec pour seul équilibre le vide sous nos mains. Je plane totalement face à ce que l’on est en train de vivre. Le sourire habille mon visage, on vit un truc là ! Nous traversons des étendues de neiges tellement pentu que nous skions avec nous chaussures. Plus aucun stress, que du bonheur d’être ici et maintenant.

De retour au petit train du Mont-blanc, nous décidons en accord avec Dédé de pousser le plaisir et de redescendre à la voiture à pied. On se rajoute près d’une heure de rab, bien mérité.

L’essentiel ce n’est pas la destination,
l’essentiel c’est le chemin !

C’est ainsi que je pourrais vous décrire l’aventure incroyable de mon ascension du Mont Blanc avec Mon Ben et notre guide André devenu Dédé . Un projet dont on parle depuis 2 ans mais depuis bien longtemps dans le coin de ma tête : Gravir le plus haut sommet d’Europe en 3 jours. Se retrouver à l’aube au dessus du monde et contempler l’immensité autour de nous. J’en ai rêvé, on s’y est préparé :

  • Randonnée avec sac à dos en forêt de Hez… on fait avec ce qu’on a chez nous !
  • Week-end de randonnée dans le Jura pour une montée progressive en altitude…max 1600m d’altitude !
  • Week end de randonnée à Val Thorens avec l’ascension de la Cime de Caron (3200m) et de la Point de la Masse (2800m).

Nous prenons la route vendredi 2 juillet 2021, excitée comme des puces, avec toutefois l’incertitude des prévisions météo des derniers jours avec un temps très instable. Le temps change sans arrêt pour le Mont Blanc et cela se confirme avec l’appel de notre guide Dédé qui s’interroge sur un possible décalage…pour au final maintenir l’organisation prévue mais je vous passe certains détails.

Samedi 3 juillet, réveil à 5h20, je regarde s’il y a d’éventuels messages et c’est le cas de Dédé qui a 3h du matin nous a envoyé des prévisions météo abominables et nous demande de le recontacter dès que nous avons ses messages….ca commence bien. Verdict : La météo est instable avec des prévisions d’orages mais ce qui risque de compromettre l’ascension ce sont les vents à plus de 100km/h à plus de 4000m.

On a le choix se rabattre sur un autre sommet ou tenter le Mont Blanc. Franchement on est venu pour lui alors s’il existe un espoir même minime de le faire alors nous avons envie de la tenter !

C’est donc avec une grosse incertitude que débute cette ascension.

D’abord il a fallu arriver en Kadjar à Bellevue pour prendre le train du Mont Blanc sur des sentiers caillouteux avec des pentes que la voiture n’avait jamais explorées…Il a vidé ses surrénales mon Ben, on a bien cru qu’on allait devoir pousser mais Ben et sa voiture nous ont amené à Bellevue sans problème.

Petite montée en train à crémaillère « le train du Mont Blanc » jusqu’au nid’aigle. Je crois à en regarder les individus autour de nous que nous sommes plusieurs à vouloir monter là-haut: casques, crampons et bâtons sur les sacs, chaussures de randonnée au pied, vêtements techniques…l’attirail du parfait montagnard qui ne veut pas s’essayer qu’à des singles de moyennes montagnes. Mais on ne sait pas encore ce qui nous attend vraiment.

L’ambiance est sympa, on découvre Dédé que nous avions régulièrement contacté et qui s’était montré très attentif aidant et rapide pour nous apporter des réponses à nos questions voire même une solution d’hébergement gratuite…Bref ! on était déjà en confiance avant de le rencontrer.
Arrivée au nid d’aigle, l’ascension débute gentiment dans des sentiers abruptes mais sans difficulté, un peu de neige par moment. Nous savons que la météo doit se dégrader dans la journée mais Dédé n’est pas inquiet et nous sommes rassurés par son expérience…Fonces Dédé on te suit !!!!

Nous passons la cabane de la brigade blanche qui s’assure que nous avons bien réservé à l’un des refuges à venir (Têtes Rousses 3100m ou Gouter 3800m) puis filons vers le premier refuge qui se situe non loin…juste derrière une coulée de neige longue de quelques centaines de mètres mais sans danger.

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L’occasion de se restaurer, de boire, de faire la vidange 😉 et là le temps commence à changer et les éléments à se déchainer. Il commence à neiger et pleuvoir…et c’est sous ce temps que Dédé nous demande de mettre les crampons pour débuter l’ascension d’un mur blanc…ou je dis à Dédé : et donc maintenant c’est droit dans l’pentu ? ce qu’il me confirme mais que j’avais bien compris en voyant une silhouette suivre une trace dans la neige qui semblait mener vers notre refuge du Gouter. Un pas devant l’autre nous montons ce mur de neige blanc au tracé rectiligne, c’est droit devant ou plutôt droit sur la paroi de la montagne ! A ce moment je suis loin de m’imaginer la suite du programme qui va vite arriver.

Nous arrivons dans le « couloir de la mort ». Dédé avec son flegme naturel nous demande de nous encorder, de sortir nos piolets et ajoute : « Bon là ca s’appelle le couloir de la mort, il peut y avoir des chutes de pierres. Si je vous dit « pierres » vous faites demi-tour sans paniquer et vous revenez calmement au début du chemin surtout vous ne paniquez pas »…ah ! beh oui évidemment ! Et donc nous traversons le couloir de la mort, sur un chemin large comme deux pieds avec d’un côté un mur de neige dans lequel planter le piolet et de l’autre…le vide sidéral !
On retient notre souffle et tout se passe bien ! Je me dis qu’on a certainement fait le plus difficile… et que la suite sera un chemin en lacets tracé dans les pierres surtout que Dédé nous demande d’enlever nos crampons….

Ah mais non pas du tout après ce « couloir de la mort » c’est une paroi de roche que dis-je une arête que nous commençons à escalader…Dédé nous demande : « Vous avez déjà fait de l’escalade ? euh ! non pas du tout ! »

A priori je vais vivre ici ma première expérience de ce genre. Les conditions climatiques ne sont pas top mais pour ce début de grimpette ça le fait ! Je suis en milieu de cordée. Dédé devant moi et Ben derrière ! Je me sens assez sécurisée en cas de chute mais la gestion des deux cordes en escalade n’est pas chose aisée et je me prends régulièrement les pieds dans l’une ou l’autres des deux cordes. Je peux tout à la fois être tirée par Dédé ou retenue par Ben…je suis un peu tiraillée à certains moments. J’essaie de suivre Dédé, mais je peux vous dire qu’à 70 ans et bien j’ai du mal à le suivre alors parfois je lui demande « Attends Dédé faut que je souffle ». La peur et le manque d’oxygène me font monter le cardio assez haut (en tout cas en sensations car je n’ai pas l’envie de regarder ma montre GPS). Au bout d’une petite demi-heure d’escalade, je demande à Dédé : « on est presque arrivé » et là la réponse de notre guide me mets le moral dans les chaussettes, j’ai envie de pleurer, je me dis que je n’y arriverai jamais : « Ah non pas du tout, on doit monter jusque-là-haut » et il me montre un sommet avec son doigt qui me semble à des heures, vu le peu que l’on vient de faire ! Je sens mes épaules se raidir de stress, mes jambes qui peinent à se soulever et il reste encore tout ça à faire. Alors à ce moment, je débranche le cerveau, je m’interdis de regarder vers le haut, je me dis qu’il faut avancer, prises par prises, serrer les dents…nous nous sommes promis d’être là-haut au plus proche de Julian alors nous irons.
Les éléments se déchainent et rendent la montée encore plus ardue. La grêle et le vent s’en mêlent. Les appuis sont fuyants sur de la roche mouillée et les cailloux qui se dérobent. Pour la première fois, j’ai peur. Ce ne sont pas des marches qu’il faut monter ce sont parfois des murs d’ 1m60, avec pour seule aide une ligne de vie en métal qui glisse entre mes gants mi-saison…je n’avais pas trouvé bon de mettre les gants d’hivers au refuge de têtes rousses et j’ai bien regretté.
On s’en prend plein la figure et en arrivant à l’ancien refuge du gouter par une échelle, Dédé tente de rentrer à l’intérieur pour nous mettre à l’abri afin de remettre les crampons mais celui-ci est fermé. C’est donc dehors, dans le froid, le vent, la neige que je tente désespérément de mettre mes crampons mais mes doigts sont gelés, je ne sens plus mon annulaire, mon majeur et mon index de la main gauche. Je suis frigorifiée, comme Ben et Dédé qui grelottent également. Je n’arrive plus à sentir mes doigts, je n’arrive plus à trouver le trou de chaque doigt dans mes gants, je n’ai plus de sensation. Ben me donne un coup de main, il m’aide à enfiler mes gants et me mets mes crampons…merci mon Cœur !
Nous repartons pour quelques mètres dans le blizzard ou l’on ne distingue pas à 10 mètres. Mais le voici, il apparait devant, notre havre pour la nuit : « le refuge du gouter »… un sas, une délivrance !

Nous entrons grelottant dans le vestiaire et enlevons nos vêtements et matériels. Il fait froid au plus profond de mes entrailles. Dédé vient nous indiquer le nom de notre dortoir « les conscrits » au 2ème étage où nous montons sans tarder nous mettre au chaud sous la couette.

Je crois que j’ai dormi une bonne heure et que même après j’avais encore froid. Ce n’est que la soupe du dîner qui viendra réussir à me mettre en ébullition. Et donc au menu du soir : soupe avec de la tomme de Savoie en morceaux, une blanquette de poisson et un gâteau à la cannelle.
Il est 18h, juste quelques minutes avant le dîner que le verdict tombe, le gardien du refuge vient voir toutes les personnes qui souhaitent monter au Mont Blanc le lendemain pour les informer de la météo exécrable et notamment un vent à plus de 100km/h et un brouillard dense qui feront prendre des risques pour la vie de ceux qui souhaiterons s’y aventurer. C’est donc l’âme en peine et avec une énorme déception, que nous acceptons le choix collégial des quelques personnes (soit 12 personnes) qui pensaient gravir le sommet de l’Europe lundi 5 juillet et surtout celui de notre guide Dédé qui nous en confirme la dangerosité dans ces conditions.
Les émotions s’entremêlent : déception, acceptation, raison ! Il va falloir se contenter de ce que nous a offert la vie c’est-à-dire la possibilité de monter à 3800mètres, le plus haut qu il nous a été donné de faire à ce jour pour les 35 ans de Ben et mes 40 ans. Nous allons prendre quelques photos des peluches de nos loulous que nous avons faites voyager avec nous et de notre casquette Ironjuw…au plus près de notre étoile !

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A 19h30, nous remontons nous allonger dans nos plumards. Pas de pression pour le lendemain vu qu’il n’y a pas d’ascension du Mont Blanc, le petit déj sera à 7h.
Je dors plutôt bien. Je fais des rêves ou j’escalade des parois dont la terre se dérobe sous mes pieds et j’essaie de me récupérer… pas sereine je crois ! mais je dors plutôt bien. Je ne veux pas penser à demain, au vent qui est annoncé, à la descente de cette arête qui a été si difficile à monter et qu’il va falloir descendre mais dans quelles conditions : neige, verglas, vent…non n’y penses pas ! Ben me réveille pour me montrer les jolies photos capturées sous le soleil.

Lundi 5 juillet : Petit dej’ expédié pour ma part. Ben et moi avons pointé le bout du nez dehors et le blizzard ne m’a pas mise en confiance, j’ai la gorge serrée et j’avale difficilement un bout de rosette et de fromage, une brioche et mon café. Dédé a l’air confiant, c’est l’essentiel ! il nous mènera à bon port ! Pas de regret pour le Mont Blanc, personne ne le tente aujourd’hui.
Nous nous équipons pour une expédition polaire : bonnet sous le casque, buff, 3 couches sous le manteau, gants d’hivers, pantalon de pluie, guêtres, crampons, piolets…on est prêt, il est 8H du matin. Ben sera le premier de cordée, moi la seconde et Dédé le troisième.
A la sortie du refuge, le vent fort nous bouscule, il faut partir droit devant pour retourner vers l’ancien refuge du goûter. Ben n’y voit goûte et se retourne pour nous demander la direction qu il ne saisit pas. Il faut dire qu’il n’a pas ses lunettes de vue mais qu’en plus on ne voit pas grand-chose !
A l’ancien refuge du goûter, nous rangeons les piolets et c’est parti pour une descente vertigineuse de 700m de D- en moins de 1km500. Et finalement cela se passe plutôt bien ! A l’exception du vent qui nous déstabilise sur certains versant de la montagne, la neige de la veille sécurise nos appuis sur les cailloux. A deux reprises, Dédé doit, tout de même, me retenir car la « marche » est trop haute et je n’ai pas d’appui sous mes crampons. C’est quelque chose de confier sa vie à quelqu’un dans ces conditions climatiques déjà dantesques ! Beaucoup de choses nous échappent encore ! Ben me donne des conseils quand je ne trouve pas d’appui et que la marche est trop haute.

Avec la fatique, mes crampons se prennent entre eux et je manque de m’éclater la tête sur un rocher. Il va falloir se ressaisir nous n’en sommes qu’à la moitié de l’arête. Heureusement la suite se passe bien. Nous atteignons le « couloir de la mort ». Je suis sereine entre Ben qui donne le tempo et Dédé juste derrière. Le plus dur est passé ! Ouf ! c’est désormais une grande descente dans la neige jusqu’au refuge des têtes Rousses. Nous sommes dans la brume et le vent mais cette sensation de souvenir non pas inachevé mais inoubliable commence à poindre son nez ! je crois que l’on vient de faire quelque chose de fou !
La descente dans les pierriers et dans la neige se passe sans difficulté jusqu’au nid d’aigle ou nous décidons non pas de prendre le train du Mont Blanc mais de descendre par le sentier « interdit » jusqu’à Bellevue…et oui il est comme ça notre Dédé : un esprit rebelle ! 70 ans et une pêche que beaucoup de jeunes y compris nous, peuvent lui envier !

Sur le retour, nous prenons conscience de ce que nous venons d’accomplir et Dédé nous le confirme.
A nous désormais de regarder le chemin parcouru : Nous avons dépassé nos limites, physiques mais surtout émotionnelles. Nous avons accepté que la montagne nous refuse son accès mais nous avons appris sur nous et nous avons fait une jolie rencontre en la personne d’André BIANCHINI. Il faut parfois avoir l’humilité d’accepter ce qui doit être et ne pas regarder ce que nous aurions pu faire.
Une pensée pour nos loulous qui nous ont accompagné tout au long de cette ascension de la montagne Mont Blanc et jusqu’à 3800m.
Au plus près de notre étoile. Ironjuw for ever !
Une énorme merci à mon chéri pour ce moment de partage inoubliable !!!! A quand le prochain truc de Ouf ?
Merci à André pour sa gentillesse depuis le début de nos premiers contacts téléphoniques, pour sa confiance et son engagement à nos côtés.

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