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IM Vichy 2018 d’O­li­vier M.

Hel­lo les Astres,
Alors je pro­fite de cette rude sai­son où l’en­traî­ne­ment est un peu réduit pour prendre la plume, et pour vous don­ner l’en­vie (ou pas) de vous lan­cer.

Voi­ci mon CR de l’IM de Vichy 2018.
En résu­mé un IM est une superbe aven­ture et il faut se jeter si cela vous tente ! Si la tête le veut, le corps sui­vra. On né regrette jamais les choses qu’on fait par folie ! L’i­ron­Juw sera le 1er pour cer­tains. Je pen­se­rai bien à vous. Pour des rai­sons évo­quées ci-des­sous je n’y serai pas mais je vous sou­tien­drai mora­le­ment.
L’Astre est une excel­lente struc­ture, votre corps sera prêt. L’IM se joue aus­si (beau­coup) dans la tête. Toutes les émo­tions y sont pré­sentes et exa­cer­bées.

Petit résu­mé rétros­pec­tif en chiffres : 1 pas­sion, 9 sai­sons de tri, 33 ans avant de m’y mettre, 2 vélos, plus de 80 tris dont 7 half et 1 IM, 12 duath­lons, 1 podium, 1 DSQ, 3 DNF, ‑20 puis +20Kg, 6 cre­vai­sons (1 en course), une mala­die chro­nique grave (1 piqûre/semaine, 4 médocs/jour,) 5 ans sans gluten/maïs/lait, 1 an sans alcool, entre 4–13h sport / semaine, 2h22 sur M.
Bilan pré­pa : 180km nat + 3708km vélo + 224km CAP

Objec­tif

Nice était l’é­preuve dont je rêvais. Lieu de mes vacances annuelles sur des par­cours connus, nage en mer…
Le para­dis du tri­ath­lète ! La logis­tique de cette année 2017 a créé l’op­por­tu­ni­té : la course a été déca­lée à fin juillet à cause des évé­ne­ments pré­cé­dents sur la prom 🙁

L’oc­ca­sion de conci­lier vacances fami­liales et IM.

Mais je n’é­tai pas tout à fait prêt. +20Kg sur la balance, le par­cours vélo me fait peur main­te­nant. Ce fût un échec ce 1er IM Nice 2017 : DSQ après 15h42 sur un par­cours pas fait pour mon quin­tal à cause du déni­ve­lé et de la cha­leur (38° sur le mara­thon…). Alors je né pou­vais pas res­té sur cet échec : Vichy, plus plat, était tout des­ti­né !

L’avant-course

Près d’un an après : arri­vé la veille de la course, je récu­père mon dos­sard sans encombre le same­di midi. De même, à la dépose du vélo, des sacs et récu­pé­ra­tion de la puce, aucun sou­cis, c’est rôdé, chez IM je n’ai jamais fait la queue : une orga à l’a­mé­ri­caine, tout est bou­clé en 5 minutes. Il faut dire que je connais les lieux après 2 par­ti­ci­pa­tion au 70.3 sur ce site.

Le jour du half, petite balade dans le centre-ville. Vichy vit vrai­ment autour de l’événement, c’est sym­pa !
Des tri­ath­lètes à tous les coins de rues.

Le soir j’a­vale mon plat de pâtes (sans glu­ten oblige) et dodo à 21h. Enfin dodo… Le réveil est pro­gram­mé le len­de­main à 4h45. Ca fait tel­le­ment long­temps que j’en rêve, que j’ai répé­té toutes les étapes de ce tri dans ma tête ! La pré­pa a été ce qu’elle est, il vaut mieux arri­vé en sous-entraî­ne­ment plu­tôt qu’en sûren­traî­ne­ment. C’est sûr que là je suis bon ! Sans pres­sion ni sor­tie ultra longue (pas plus de 120km à vélo cette année), une CAP mini­mi­sée pour pré­ser­ver ma fraî­cheur et mes arti­cu­la­tions et moins de nata­tion que d’ha­bi­tude. C’é­tait mon épreuve la plus redou­tée à mes débuts du tri­ath­lon mais après 1 an à faire 1 séance/semaine de 3,8km j’ai com­men­cé à prendre confiance sur ma capa­ci­té à fran­chir la dis­tance dans l’eau. Comme d’ha­bi­tude, c’est sur la CAP que tout se joue­ra.

La nuit est bonne. Je me réveille en étant heu­reux d’en découdre mais avec une cer­taine appré­hen­sion car la jour­née sera longue… Je rejoins le parc vers 5h20, il n’est pas encore ouvert et je retrouve mon ami du Pois­sy Tri qui a pris la navette mise à dis­po­si­tion par l’or­ga­ni­sa­tion depuis le centre-ville. Il fal­lait la réser­ver mais quand j’ai vou­lu le faire il n’y avait plus de places dis­po­nibles. Bizar­re­ment elle était vide. Peu importe, le centre-ville était vide et aucun pro­blème d’ac­cès au site de si bon matin où il fait fris­quet. J’ai une polaire et je la sup­porte plus que bien.
Le parc ouvre. L’a­van­tage est que nous avons accès à la gigan­tesque halle des sports où nous pour­rons nous réchauf­fer ! Cer­tains sont déjà en com­bi pour évi­ter d’a­voir froid. Déci­dé­ment Vichy n’est plus ce que c’é­tait 😀

Je fonce vers mon vélo où j’ins­talle les bat­te­ries char­gées de mes dérailleurs, mon comp­teur, le kit de répa­ra­tion avec 2 chambres sous la selle, 3 gels sur le cadre et je me dirige vers les pompes mises à dis­po par l’or­ga cade­nas­sées au grillage du parc. Sym­pa comme atten­tion ! Sauf qu’il fau­dra que j’es­saye 3 pompes avant d’en avoir une qui fonc­tionne. Et dans le noir on né voit même pas le mano­mètre de pres­sion, je pro­fite d’un rayon de l’é­clai­rage de la halle des sports. Nice avait orga­ni­sé une col­lecte des pompes avec les N° de dos­sard des­sus, ca c’é­tait vrai­ment top ! Une bonne idée à repro­duire sur les orgas 😉
Une fois mon vélo prêt, je l’a­ban­donne pour aller me réchauf­fer dans la gigan­tesque halle des sports et rejoins mon ami. On dis­cute un peu, il croise des col­lègues de son club, peu nom­breux car ils fai­saient Nice en objec­tif club cette sai­son. Pro­fi­tant d’une tri­fonc­tion manches longues, ils pren­dront des man­chettes. Bien leur en a pris… Moi j’y vais « à l’ancienne », une tri­fonc­tion et point. Parce que je crois tou­jours qu’à Vichy il fait 35 degrés à un moment de la jour­née ! Je redoute un peu le vélo car je n’ai jamais fait plus de 20km à vélo avec. Mais de toutes façons quel que soit le kilo­mé­trage j’ai tou­jours mal au séant alors un peu plus tôt un peu plus tard…

L’heure du départ approche, la halle est main­te­nant ani­mée. Au hasard d’un regard jeté au loin, j’a­per­cois Ludo, mon ancien entrai­neur nata­tion, de la Team Well­ness (Gou­vieux). Je suis sur­pris de le voir là ! Ce n’est pas son coup d’es­sai à l’IM Vichy. Il a l’es­poir de faire le vélo plus léger que ca moyenne habi­tuelle (37–38) pour voir com­ment ca pas­sé en cap. Mais là il est en galère avec son pro­lon­ga­teur de valves qui est des­ser­ré. Je le laisse à sa solu­tion et vais mettre mon cos­tume de nageur tou­jours bien au chaud dans la halle. Je me dirige vers le départ, mon ami et moi nous lâchons. Je croise Cédric. On n’échange pas beau­coup de mots. A vrai dire, on rentre tous dans notre bulle. J’a­vale mon gel, pla­ce­ment dans le sas 80–84 minutes mon temps à Nice même si je sais que ce sera plus long suite à un entraî­ne­ment nat light (plus de séance longue de 3,8km heb­do cette année) et des dis­tances ral­lon­gées à Vichy. De toutes façons le com­bat n’est pas là. J’ar­ri­ve­rai au bout de la nat et du vélo quel que soit mon niveau d’en­traî­ne­ment. La vraie ques­tion est dans quel état ? Serai-je capable de cou­rir der­rière ça ?

NAT

Le départ est don­né ! 6 nageurs partent les 8 secondes. Je met­trai 20 minutes à rejoindre la ligne de départ.
La file d’at­tente façon départ du mara­thon de Paris est deve­nue calme et silen­cieuse. Cha­cun rentre dans sa course au son de la sono qui hurle à tue tête.
Le cré­pus­cule se lève et il règne sur la rete­nue d’eau de l’Al­lier une petite épais­seur de brouillards où les 21 degrés de l’eau contrastent avec les 8 degrés exté­rieurs. Comme le dit le spea­ker : vous serez mieux dans l’eau, sur­pris de sa dou­ceur ! Jus­te­ment je m’en rap­proche, je suis serein, je sais qu’un départ trop rapide se paie.

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Et voi­là, c’est mon tour. Pas la peine de cou­rir, le départ est pris sous l’arche où l’on se jette dans l’eau. Point de figure de style, je sau­té tout sim­ple­ment dans l’eau. Gloups ! Elle n’est pas si chaude. Mais je compte sur le fait de se lan­cer pour se réchauf­fer. Point qui m’au­rait effrayé à mes débuts, l’eau n’a pas la trans­pa­rence de notre lac de St Leu mais il n’a pas la noir­ceur des douves du châ­teau de Chan­tilly, en tous cas pas au point de m’as­phyxier. De même, nous sommes nom­breux mais on né se marche pas des­sus avec le rol­ling­start.

Tra­ver­sée du lac, j’ar­rive main­te­nant à la 1ère bouée pour prendre le lac dans sa lon­gueur. Je me sens super bien, le corps léger, sûre­ment grâce à la tem­pé­ra­ture adé­quate de l’eau. Comme un bon tri­ath­lète, je laisse traî­ner les jambes, la machine se met en route en mode auto­ma­tique, je tourne sim­ple­ment les bras, respi 5 temps au début puis 3 temps. La bouée des 500m appa­raît dans ma vision. Encore 7 fois ca 🙂
Je me fais dou­bler, je double, il y a de tout. J’a­vance à mon allure et ma montre marque les 200m régu­liè­re­ment. Confir­ma­tion, les dis­tances n’y sont pas, ca sonne alors que je pas­sé la bouée des 500, je suis donc à 400m ou 600m. Je parie­rai plu­tôt sur ce der­nier. Alors qu’ar­rive la bouée des 1000m à gauche, à l’est le soleil se lève, lais­sant une ambiance lumi­neuse somp­tueuse. Ca c’est Vichy ! Demi-tour pour aller cher­cher les pre­miers 1900m. Rien de spé­cial jusque là, ca s’ac­croche de temps en temps mais rien de ter­rible.

À la sor­tie à l’aus­tra­lienne j’en pro­fite pour m’en­fi­ler un gel en trot­ti­nant. C’est une pre­mière mais à Nice, j’é­tais sor­ti un peu enta­mé par la cha­leur de l’eau et la déshy­dra­ta­tion naissante…C’est un gel liquide alors ca pas­se­ra sans pro­blèmes. J’ai l’ha­bi­tude de man­ger juste avant les entraî­ne­ments nat. Un excellent moyen de s’ha­bi­tuer au mal de mer !!

J’aime bien les sor­ties à l’aus­tra­lienne, on prend l’am­biance de la course. On est aux abords du public, comme si on était avec eux et qu’on était aus­si spec­ta­teur. Je suis bien. Et je resaute dans l’eau. Le gel fait son effet au bout de 200m, je me sens super bien. J’ai envie d’ac­cé­lé­rer. Je décide de mettre un peu les jambes. Il est temps, j’ai moins de la moi­tié du par­cours à assu­rer. 3000m, demi-tour pour la der­nière ligne droite. Je m’emmêle régu­liè­re­ment dans les petites bouées qui marquent tous les 10m les lon­gueurs de ce bas­sin qui sert aux avi­rons. On m’y pousse, y’a tou­jours du monde autour. Puis je vois le pon­ton d’ar­ri­vée. Presque déjà tel­le­ment cette sor­tie était agréable, sûre­ment le meilleur moment à la vue de ce qui m’at­tend après… Je sors aidé des béné­voles qui n’hé­sitent pas à se mouiller. Je cafouille avec ma montre pour mar­quer ma T1, l’écran est verrouillé.1h29 ouais bon j’au­rai aimé mieux mais ma pré­dic­tion n’a­vait pas men­ti : 4128m de nage à ma montre, et >4000m pour tous les autres avec qui j’ai pu en dis­cu­ter.

T1

Je trot­tine, récu­père mon sac de tran­si­tion et me pré­pare pour le vélo. J’en­tends “Oli­vier” hur­ler au loin… Je sors vélo à la main et voie mes col­lègues Astres en pleine forme ! Pan­carte géante à la main à hur­ler par­tout ! Ca me donne la pèche et le sou­rire. C’est ras­su­rant de reprendre quelques repères en voyant des visages connus après 1h30 de soli­tude.

VELO

C’est par­ti pour mon moment pré­fé­ré : le vélo 🙂
La tem­pé­ra­ture n’est pas encore très chaude, j’ai froid. A l’om­bré c’est pire, j’es­saie­rai d’é­vi­ter ces zones d’ombres. Les pre­miers kilo­mètres nous font sor­tir de Vichy, rien de sen­sa­tion­nel. La lumière y est tou­jours un peu par­ti­cu­lière, tou­jours comme dans mes sou­ve­nirs : rasante et pré­sa­geant d’une belle jour­née enso­leillée. Je me sens bien mais je né fais que tour­ner les jambes, je n’y vais pas en force comme j’ai l’ha­bi­tude de faire car je sais qu’au 2ème tour je vais subir sinon. Ma moyenne n’est pas folle, de quoi
pro­fi­ter de la ver­dure de la cam­pagne Vichy­choise.
Et c’est alors qu’au 25ème kilo nous tom­bons dans un brouillard ! Mince, Vichy n’est vrai­ment plus ce que c’é­tait ! Et j’ai encore plus froid. Ben t’as qu’à rou­ler plus vite ! Non, sinon je sais que ca se fini­ra mal et mon com­bat est dans le viseur : le mara­thon. Au 30ème, les fameux bal­lots de paille en forme de Mdot le long du par­cours qu’un agri­cul­teur a mis pour l’oc­ca­sion depuis plu­sieurs années. Ca fait fureur sur les réseaux sociaux !
Glo­ba­le­ment le revê­te­ment est bof-bof, gra­nu­leux. J’ai fait le choix des pneus en 25 super souple pour pro­fi­ter du confort pour mes vieilles arti­cu­la­tions. Et même pas de pro­lon­ga­teur. Si je veux aller vite, je me repo­se­rai en bas du cintre. Les km s’en­chaînent, mon ali­men­ta­tion tourne à 1 seul bidon par ravi­to contre 2 en cas de forte cha­leur. 40ème, je com­mence à avoir mal au cul… La jour­née va être longue ! Quelques éti­re­ments, un peu de dan­seuse régu­liè­re­ment et ca me fera pas­ser la pilule. De l’eau en bou­teille, ils se font plus chier à rem­plir des bidons chez iron­man ! Et l’éner­gie drink est trop for­te­ment dosé à mon goût. Je res­te­rai simple. J’a­joute un gel, une barre de temps en temps.

Tiens un type a ins­tal­ler sur un grillage 6 maillots et 6 maillots IM, sûre­ment un autoch­tone dont le par­cours d’un IM pas­sé devant sa porte ! Beau clin d’oeil ! La cam­pagne est belle, c’est plat mais je com­mence à
trou­ver le temps long. Au 70ème arrive alors “la” seule et unique grim­pette. Sor­ti de l’Alpe, ca fait sou­rire ces 4% sur 1600m 🙂 Y’a un peu plus de monde pour les pho­tos et encou­ra­ge­ments avec mar­quages au sol. On
se croi­rait presque à une arri­vée du TdF ah ah 🙂 La par­tie dans la forêt est plus valon­née, faîte de tobo­gans qui montent et des­cendent.
Puis on reprend la grande route direc­tion Vichy. C’est super rou­lant. Gros déve­lop­pe­ment : aller faut que ca s’ar­rête. Mon moral com­mence à satu­rer. Je vois mon chro­no appro­cher des 3h30 par tour. Merde, je fais un sub3 sur ce half en étant hyper souple nor­ma­le­ment. Ca me fait une base de 7h, ce mara­thon va être long… ou bien trop court pour pou­voir concré­ti­ser. J’ai soif, j’ai mal au cul. Ouf je com­mence un peu à me réchauf­fer c’est déjà ca. Mais c’est vrai qu’il est midi ! Le soleil chauffe plus.Grande des­cente dans Bel­le­rive sur Allier à fond les bal­lons grâce à mon poids et (petit moment publi­ci­té) la confiance qu’ap­porte le frei­nage à disques 8).
On zappe les petites grim­pettes du début en pleine ville pour arri­ver sur le ravi­to per­so du 92ème. Je prends mes casses-dalles : un sand­wich (pain sans glu­ten) jam­bon sec-beurre et un autre au for­mage à éta­ler. Etre debout quelques secondes à pour mérite de sou­la­ger mon séant en quit­tant cette fou­tue selle. Mais la vitesse de la par­tie finale et le public m’a gri­sé. Je fais vite, je man­ge­rai sur le vélo. Et tout pas­sé ! J’aurai dû en prendre plus ! C’est donc que je n’ai pas trop for­cé au point de blo­quer mon esto­mac. C’est une bonne nou­velle. Et ce repas me redonne de la luci­di­té et de la force. Je recom­mence à appré­cier les pay­sages, l’ef­fort, bref la jour­née !

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Depuis le début je joue au jeu du chat et de la sou­ris avec Chris­tian. Ce mec est tout en relance, il n’ar­rête pas comme s’il grim­pait un col ! L’an­ti-tri­ath­lète pour un par­cours plat sans relances. Je me met à sa hau­teur
et lui dit qu’il m’im­pres­sionne, je serai inca­pable de rou­ler comme ca 🙂 Il m’ex­plique qu’il a per­du une len­tille et fait une course avec seule­ment l’oeil gauche 🙁
Les km défilent tou­jours, on revoit les mêmes endroits, avec un peu moins de spec­ta­teurs le long des routes. J’ai tou­jours un peu mal au cul, je bouge tout le temps sur ma selle : en avant, en arrière, debout pour drai­ner tout ca…

Je fatigue et m’ar­rête à un ravi­to. Le béné­vole avec son allure de pur cycliste me dit qu’il vaut mieux que je rou­lotte plu­tôt que de m’ar­rê­ter. Je sui­vrai son conseil… Les pan­cartes IM marquent 10km de moins que mon
comp­teur. Bizarre ! Je vire l’af­fi­chage du kilo­mé­trage pour pro­fi­ter du moment pré­sent. Je connais le par­cours, je sais à peu près où j’en suis. Il faut juste aller au bout. Re-grim­pette, un peu plus dur qu’au pre­mier tour !!!?

T2

Puis enfin sor­tie du par­cours, retour au parc et je vois au loin une pan­carte Creil qui s’agite ! Mon fan-club s’a­gitte ! Yes des visages connus. Ca fait tou­jours plai­sir. Je me dis mais ils m’at­tendent pas depuis des heures quand même !? Sûre­ment de bons lec­teurs du tra­cker… ? Enfin je vais cou­rir et lacher cette fou­tue selle. J’ai mal au cul mais j’ai quand même connu bien pire au final mal­gré les quelques brû­lures que ma selle aura lais­sé. Je pose le vélo, récu­père mon sac course, me change et je pars. Les Creillois sont dans la place ! Ils m’en­cou­ragent et sont pré­sents mal­gré ma len­teur. J’ap­pré­cie, beau­coup.

CAP

Voi­là, la course, MA course, com­mence. C’est là qu’à Nice j’ai signé ma défaite d’un point de vue moral et phy­sique. A 38 degrés sur la prom fin juillet impos­sible de mon­ter dans les tours du car­dio avec des jambes
en bois sur un par­cours vélo pas fait pour moi. C’est lui contre moi. Ça fait 1 an que j’attend ma revanche et j’espère que cette année je pour­rai me battre. C’est lui ou moi. Si je né vais pas au bout, j’arrête le tri. Si je
vais au bout de toutes façons je crois que j’arrêterai de toutes façons… Bön on y est pas. Fai­sons le bilan. Esto­mac OK, il est fait pas trop chaud, la cadence et la force dans les jambes impri­mé par le vélo n’est pas là comme sur le court dis­tance mais au moins elles ont le mérite de tenir encore debout et n’ont pas l’air aus­si lourdes qu’à Nice. Conti­nuons, alors que cer­tains avec qui j’ai posé le vélo marche déjà.

1er ravi­to, il faut être vigi­lant, c’est aus­si là que ça se joue. De l’eau puis un peu de Vichy céles­tin. Je déteste son goût mais pour refaire le plein de sels c’est par­fait. Un petit fruit pour pas­ser le goût avec des fruits un peu inha­bi­tuels : pas­tèque, melon. Et on repart. Je n’aime pas cette pre­mière par­tie mono­tone le long de l’Allier. C’est plein de pro­me­neurs ce beau dimanche d’été dans cette belle par­tie bien fleu­rie et ombra­gée.
Enfin à cet endroit c’est sur­tout plein de proches de tri­ath­letes ! Ils tapent des mains, font du bruit, nous acclament, nous féli­citent. Évi­de­ment tel­le­ment en finisse alors que je com­mence seule­ment mes 1er kilo­mètres. Quelle honte. Je m’enferme. Je m’en fou. Je cherche à me mettre dans ma bulle.
Tra­ver­sée du pont, j’alterne cap et marche sans grande convic­tion. À cette allure c’est pas gagné. J’arrive au bout du par­cours et on repart pour lon­ger l’Allier. Cette fois en plein soleil mais avec une par­tie bien ombra­gée dans les parcs fleu­ris. Le par­cours je le connais et il est ain­si plus simple que les 8 longues lignes droites de Nice (bon cou­rage les iron­Juw !!). A chaque fois que je marche je me dis que je vais arrê­ter pour né pas revivre mon cal­vaire Niçois. Oui je fais beau­coup réfé­rence à ce par­cours mais vous l’aurez com­pris, j’ai une revanche à prendre.

Arrive Lau­ra qui avait l’air de se pré­las­ser en ter­rasse : « Ca va tran­quille ? T’es en ran­do ou quoi ? » Et oui je marche, mais j’alterne me défends-je. Aller j’ai un petit peu d’hon­neur, je la quitte en recou­rant sous ses
encou­ra­ge­ments. Avant d’attaquer la par­tie ombra­gée je croise la femme de mon ami. Aller je me dois de cou­rir, lui est dans son 3eme tour. Et elle s’est dis­po­sé à un super endroit me per­met­tant de la croi­ser 3 fois en l’espace de 10 minutes. Où sont ma femme et mes enfants ? Au km6 me repond t’elle. Je suis dans le 5ème. Yes !

Puis je les croise juste avant le ravi­to du 6eme. Ça me fait plai­sir. Enfin ! Je suis content de lui dire que ça va bien, que je me sens mieux que la der­nière fois 😉 Je conti­nue mon train-train et arrive au bout de mon 1er Tour. San­drine est dans l’air d’arriver, avec sa pan­carte. Elle sau­té par­tout ! Je veux son éner­gie, à défaut elle est conta­gieuse c’est déjà ça ! Chou-chou N°1 !

Ouf me voi­là depu­ce­lé ! Je fais des cal­culs : à 10min/km et en mar­chant et sachant qu’il reste 30km, ça pas­sé ?

Et au ravi­to du 13ème kilo­mètre je tente un truc : coca, vichy céles­tin, eau plate et un fruit. Quelques minutes plus tard je récu­père de la luci­di­té et presque « des jambes » ! J’ai envie d’accélérer ! Mais non, t’es pas là pour un chro­no, de toutes façons c’est mort et sur­tout la course n’est pas fini. Je cours de plus en plus, marche de moins en moins. Pas­sage aux WC, j’ai la confir­ma­tion que loin ali­men­ta­tion est la bonne, je suis réhy­dra­té. Je ferai tous les ravi­tos sur le même mode. Mal­gré le volume que ça repré­sente pour moi, ça pas­sé, et c’est le prin­ci­pale !
Au km15 je croise ma petite famille qui s’est mise où je peux la revoir 3 fois en peu de temps. Ça me motive et j’en ai bien besoin. Car le moral tombe sou­vent dans les chaus­settes au cours de la jour­née. Les petits évé­ne­ments deviennent des ascen­seurs émo­tion­nels. Je tro­tinne mais je com­mence à me dire « et si… ».
Rechou­chou. J’ai un semi au comp­teur. Fina­le­ment je né réa­lise pas les dis­tances par­cou­rues. Je suis dans le 3eme, le pire tour comme m’indique un com­pa­gnon d’infortune qui boucle son der­nier. Effec­ti­ve­ment je doute. Je refais mes cal­culs, mince ça pas­sé pas, bouge toi gros cul. Je vais pas aban­don­ner après tout ces km !? Pff pour­tant c’est pas l’envie qui m’en man­qué. Aller j’arrête tout ! Mais méca­ni­que­ment et pen­dant ce
temps là j’ai ma petite rou­tine : je marche à cer­tains endroits plus par habi­tude que man­qué de res­sources.
Les larmes me montent aux yeux. Ça dure 2 secondes et ça me relance.

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Je récu­père mon 3eme chou­chou, je réa­lise, il est 20h, main­te­nant il reste 10km, même si je marche à par­tir de main­te­nant comme à Nice (5km/h) je peux le faire. Je vais le faire. Parce que là ça y est j’ai un coup de poi­gnard qui me résonne dans la jambe à chaque pas. Je com­mence vrai­ment à avoir mal aux jambes. Juste avant le 1er ravi­to du tour je tombe sur ma petite famille et leur montre fiè­re­ment mes 3 chou­chous 🙂
Rdv à l’arrivée si j’y suis dans 1 heure. Merde 1h !? Recal­cule : si si ça pas­sé, juste. Je suis au bout du par­cours et j’entends la musique de là finish line d’ici qui résonne le long de l’Al­lier !
Il fait nuit, je suis presque seul, une par­tie du parc n’est pas éclai­ré, je my perds ! A chaque ravi­to je com­mence à dire au revoir aux béné­voles. Je les remer­cie pour leur cou­rage pour cette jour­née tout aus­si longue que pour nous ! L’une d’elle veut me faire la bise alors que je suis plein de sueur, de sel, de sucres. Elle insiste 😀 Je com­mence à avoir un peu froid ! Puis avant le ravi­to du 6eme 2 char­mantes béné­voles courent vers moi et m’accompagnent vers le meilleur ravi­to de tout Vichy, celui tenu par le Vichy tri, une ambiance de folie a chaque fois tout près du centre ville avec groupe de musique, gars qui hurlent, etc… ils m’accueillent avec une holà digne de là finish line avec musique à bloc ! J’en oublie l’essentiel : me ravi­tailler. Boh sur ce qui me reste à faire ça devrait pas­ser ! Je dis au revoir à la petite mamie qui reste toute la jour­née pos­tée à cette endroit avec sa pan­carte. Quel cou­rage ! Et j’arrive au der­nier ravi­to, avant le pont.
Ça y est, adieu tout le monde, der­nière ligne droite. Je suis klaxon­né sur le pont, ils savent qu’on en fini. J’y vais !

FINISH LINE
Il est plus de 21h. J’approche dou­ce­ment l’arène d’arrivée. Je pas­sé vrai­ment de l’ombré à la lumière. Pre­mier virage et j’aperçois ma femme. J’ai la banane. Ça hurle. La musique rai­sonne. Les enfants et per­sonnes sur place ont enva­his là finish line. J’ai droit à une haie don­neur tout du long. Le vacarme est assour­dis­sant de toute cette musique, ces hur­le­ments, et j’y cherche le sal­va­teur « you are an iron­man ». Je né l’entend pas, je me fais attra­per le bout de la main par mon fils ! Je m’arrête 5 secondes le temps qu’il sai­sisse ma joie ! J’avais ma fille a l’autre bout de ma main et dans l’euphorie je né m’en suis même pas aper­çu ! Bout du tun­nel, je fran­chis l’arche ! Check du chro­no : 15h09.

Et je suis sur­pris par Lau­ra qui pro­fite de l’air d’arrivée ! C’est fort de la trou­ver là, je pense que pour elle il y a une dimen­sion “mys­tique” en plus… Chrys­telle est la aus­si. Il faut dire que c’est une dis­co­thèque à ciel ouvert ici !
J’en oublie ma médaille, je m’incline comme pour un adou­be­ment pour la remise de « mon tro­phée ». On me demande si je vais bien et on me remet une cou­ver­ture de sur­vie 😀

Puis je me retrouve comme pau­mé au milieu de cette foule, hagard, le regard dans le vide. J’aimerai pro­fi­ter de l’ambiance mais j’accuse le coup : Merde la jour­née est finie ! Le bou­lot est fait. Tout ça pour ça.
Fina­le­ment c’est bien ce qu’on dit, ce n’est pas de fran­chir la ligne qui compte mais bien le che­min. Et la bonne nou­velle est qu’à ce moment je décide qu’il né s’arrêtera pas là, c’est sûr.
Je file vers la zone où tout à com­men­cer, dans la halle des sports. Remise du t‑shirt avec féli­ci­ta­tions, pho­tos. Les béné­voles sont sym­pas quand même, faire ça toute la jour­née… ! Ouais bon c’est pas le record du monde mais c’est mon record à moi. Je suis conscient qu’on né fait pas d’un âne un che­val de course ça laisse la place à une grosse marge de pro­gres­sion comme on dit !
A cette heure il y a encore du monde et de quoi man­ger, ce que les habi­tués de fin de clas­se­ment né connaissent pas tou­jours 😉 Salades de riz et pâtes, piz­za, fruits secs, quiche, crèpes, bière…
Je m’assois pour man­ger tran­quille, il y a un cer­tain calme qui règne ici main­te­nant. L’instant est presque solen­nel. On a tous des sou­ve­nirs plein la tête, de la fatigue. On débrief avec des incon­nus.

L’après-course

Puis viens l’instant de se rele­ver de sa chaise ! Fal­lait pas s’arrêter ! Je marche comme un grand père alors que quelques minutes aupa­ra­vant j’arrivai encore à cou­rir un tant soit peu ! J’ai l’impression de mettre des
heures à rejoindre mon vélo, récu­pé­rer mes sacs, rendre ma puce et puis rejoindre ma famille et mon loge­ment. Je pen­sai que je tom­be­rai de fatigue…
Que neni, un peu de dou­leurs lom­baires, aux bras mais j’ai jamais eu aus­si mal aux jambes de ma vie !
J’avais l’impression qu’elles cour­raient encore ! Impos­sible de lais­ser mes jambes sta­tiques. Pra­tique pour dor­mir… La nuit a été atroce. Mais à ma grande sur­prise dès le len­de­main ca va mieux. Je remarche presque nor­ma­le­ment mais fatigue vite.
Tous les stig­mates de course sont là : bron­zage aty­pique avec la tri­fonc­tion impri­mée en sur­brillance par coups de soleil (même le N° tatoué appa­raît sur le bron­zage), brû­lures et irri­ta­tions, ongles d’or­teils en sang, che­veux col­lés par le sel/sucre/sueur,…
Le sur­len­de­main, je reprends une vie nor­male, mon corps n’a plus de séquelles internes : pas une cour­ba­ture ! Et plus de mal aux jambes. Dur retour à la réa­li­té : trans­ports pari­siens (mer­ci les esca­la­tors), bou­lot, réunions, etc…
Pfff mais j’ai la tête vrai­ment ailleurs moi. Je met­trai 15 jours à redes­cendre de mon nuage. C’est peut-être ca le plus dur ? Avec le fait d’at­tendre le pro­chain avec impa­tience.
Mer­ci à ma famille pour m’avoir lais­sé vivre ça. Et mer­ci à mon corps pour en avoir fait de même, qui né me l’aura pas trop fait payé. Pile une semaine après Nice j’étais en béquilles !
Aller, écla­tez-vous sur l’i­ron­Juw !

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