13 juillet 2020, inscription prise pour l’Ironman de Vichy
On est en pleine incertitude avec ce Covid, j’espère encore pouvoir participer à l’Embrunman 2020 à cet instant. La fin d’année se passe, beaucoup de projets se bousculent, présidence du club, achat de la maison, pas du tout la tête à la préparation.
Débute 2021 avec son lot d’annulations en série mais je garde espoir quant à celle-ci.
Je dois avouer que malgré cela l’entrainement ne suit pas vraiment, il y a quand même les sessions Zwift qui me permettent de comptabiliser des kms mais en dents de scie.
Arrive avril et c’est là que je sollicite Chris (Patoux) pour qu’il me coach sur les 4 prochains mois. On arrive à dégager des semaines types, pas mal de télétravail aide aussi à la régularité car avec le couvre-feu ce n’est pas simple pour tout le monde. Je dois le remercier pour sa patience, faire un plan n’est pas facile alors quand l’athlète saute des entrainements ou ne branle rien du weekend ça doit démanger de l’engueuler.
Premier objectif coché, ce sera le Champ’man début juillet avec les copains du club, format L.
Assez vallonné à vélo et une natation avec le courant (je pense mon record sur un 1900m). Le mois de mai passe bien, 2 semaines enchainées sérieusement et puis à nouveau des semaines très, trop, light. Pas de motivation, ça revient, ça repart.
Premier déclic le Champ’man, je pars avec l’envie de faire une course pleine et un beau semi et c’est ce qu’il se passe. Je me dis que malgré tout j’ai un meilleur niveau que les années précédentes. En même temps ce n’est pas trop dur, manque que la natation.
La semaine qui suit est plus que light mais pour faire du jus pour celle d’après où je suis sur Embrun. C’est l’occasion de se faire plaisir à vélo et de nager un peu plus régulièrement.
Les deux semaines qui suivent il ne se passe pas grand-chose, la motivation a encore foutu le camp, et puis 6 jours à picoler au bord de la piscine ça n’aide pas. J’arrive tout de même à faire 2/3 cap et monter le Ventoux, c’est déjà ça.
On arrive alors sur la dernière ligne droite, c’est là que je regrette toutes ces baisses de motivation car il reste 3 semaines avant le jour J et je ne me vois pas faire une course correcte.
J’arrive tout de même à suivre relativement bien les consignes du coach et arriver à Vichy avec du jus.
On arrive au « pire », une semaine avant de partir je me dis qu’il serait bien de jouer l’apprenti mécano et de nettoyer le vélo en démontant cassette, pignons, changer la chaine.
Tout se passe bien jusqu’à remonter le tout, dérailleur déréglé. Je regarde plein de tutos, rien à faire.
Mes sorties vélo sont toutes écourtées à cause de ce problème. Le mercredi d’avant course je me rends compte que j’ai dû forcer sur la nouvelle chaine, un maillon est déformé.
Le jeudi je me décide à le monter chez Décat, atelier au top le mec me remet ça en marche dans la journée. La suite vous allez l’avoir sur le récit de course.
L’avant course :
Départ le vendredi après le boulot, arrivée Vichy vers minuit.
On prend possession du logement, il fait chaud dans l’appart, pas de clim et literie horrible. Bon ça va être cool ce weekend.
Réveil 9h, petit tour à vélo avant de se rendre au retrait des dossards. Ce sera assez rapide, peu de monde sur le créneau choisi.
Restaurant le midi, pas de raison de ne pas se faire plaisir.
L’après-midi est consacrée à la préparation des affaires, il faut tout déposer la veille, surtout la partie CAP qui ne sera pas accessible le matin de la course.
Direction la T1 puis la T2 pour 16h, c’est aussi l’occasion de voir Nutella & Nicolas avant la course et de partager un peu ce moment que l’on prépare plus ou moins sérieusement depuis 6 mois.
Le temps de dépenser mes dernières économies au stand merchandising, on repart à pieds avec Manon, un petit 4km pour rentrer à l’appartement. Ça me permet de repérer le parcours natation et de voir qu’il y a des bouées indiquant la distance tous les 500m, c’est pas mal surtout quand la montre galère avec le GPS.
Un dernier verre en terrasse, c’est bien d’avoir fait une semaine sans alcool et se prendre une pinte la veille au soir.
Un gros plat de pâtes et couché vers 22h30.
JOUR J :
Je sors de mon rêve et 5mn après le réveil sonne, il est 4h30. Le temps de faire couler le café, d’avaler quelques parts de gâteau sport et il est l’heure de partir. Au dehors j’aperçois quelques triathlètes qui prennent le chemin comme moi de la T1.
Manon m’accompagne en voiture afin de m’éviter 40mn de marche et de stress.
En arrivant au parc j’aperçois Nut à côté de notre Pat national, on lui donne des conseils pour sa course (blague) et Nico nous rejoint.
On se donne rdv au SAS <1h12 mais d’ici là il est temps de se mettre dans la course et de préparer les affaires.
Pneus gonflés, bidons et nourriture en place, j’amène mon sac d’après course aux bénévoles et 1mn après j’y retourne en courant ; j’ai oublié de mettre mes claquettes dans le sac …
Entre hier où je suis retourné dans le parc car oublié de dégonfler les pneus et ce matin, je me dis que ce n’est pas la concentration optimale.
Natation :
En place à côté de la personne qui tient le panneau <1h12, j’attends les copains, et j’ai besoin d’un coup de main pour fermer la combi.
On avance doucement au rythme des premiers départs, on discute, on déconne, tout va bien.
Le SAS de départ est en vue, on jette le masque et on se place pour partir ensemble.
Ça y est on part se jeter à l’eau, on oublie le beau plongeon, pas envie de perdre les lunettes, ce sera un saut quelconque mais efficace, et c’est parti pour les 3800m.
Avoir repérer le parcours la veille a été une bonne idée, une fois la première bouée passée c’est une longue ligne droite et j’ai prévu de prendre le plus à l’intérieur quitte à se prendre quelques bouées dans la tête. Je passe les 500m, la montre n’a pas sonné, elle le fera 100m plus loin mais psychologiquement ça me rassure de voir que j’ai passé en moins de 10mn. Je suis dans le rythme fixé tout va bien. Le rolling start permet de placer sa nage, la quasi-totalité des concurrents est sur la gauche, sans doute pour avoir moins de courant même si perso je ne pense qu’il y en est vraiment, chacun sa stratégie. Quelques relous qui me chatouillent les pieds pendant des minutes jusqu’à ce que ça m’agace et que je me retourne pour leur en faire part, « tu peux rester derrière mais arrête de me toucher ».
Les mètres passent, on commence la ligne droite du retour. Là j’entends les mecs sur le bateau siffler les concurrents qui partent à nouveau côté berge, ils leur conseillent de rester au milieu. Ça me conforte dans mon plan de nage.
Je vois la bouée 2500m et puis la bouée 3500m. Ah merde j’ai loupé la 3000m mais bon il reste quelques centaines de mètres et la nat sera terminée. 1h15 environ pour sortir de l’eau, avec si peu d’entrainements, je suis content de moi.
J’arrive au vélo, sors toutes mes affaires du sac et y place la combi, lunettes, etc. C’est là que j’entends le speaker annoncer la sortie de l’eau de Renaud, je pensais qu’il serait devant moi. Je me dis « cool il me rattrapera à vélo ça fera plaisir ».
Vélo :
Et c’est parti pour le vélo, le début est sympa en longeant l’allier et avec les spectateurs sur les côtés.
Je suis tellement concentré que je ne vois qu’au dernier moment ma chérie, je ne m’y attendais pas.
Le plan de course est simple, je n’ai pas reconnu le parcours, il y a deux boucles : la première cool et la deuxième on accélère.
Je dois perdre des places assez rapidement mais honnêtement je ne suis pas là pour le classement, énormément de vélos chrono, ça envoi du lourd.
Les premières difficultés s’enchainent, tout va bien. J’entends tout de même un bruit bizarre au niveau de la chaine. Et oui souvenez-vous, la semaine d’avant en constatant qu’un maillon été tordu j’avais décidé de remettre l’ancienne, sauf qu’elle était toute propre mais pas lubrifiée. Moi qui voulais gagner des Watts c’est tout l’inverse avec cette chaine sèche et qui grince à chaque coup de pédale.
C’est con mais ça me sort de la course, je commence à ressentir des gènes musculaires, au mollet, derrière la cuisse. Je décide d’arroser la chaine avec mon bidon, pas un truc à faire mais ça a le mérite de la « lubrifier ». Je me saoule, j’ai l’impression que plus je fais de compétitions plus je fais d’erreurs d’avant course.
Pour ne rien arranger j’entends un avion de chasse arriver par l’arrière, c’est Nut qui me double, même pas un petit mot au passage, je me dis bah merde ce n’est pas cool. J’apprendrai après qu’il ne m’a même pas vu, trop concentrer.
Bref, j’avais prévu un pense bête avec les km de chaque difficultés, oublié à la maison et donc je ne sais même pas quand ça va arriver.
Allez mon gars arrête de te plaindre, ce n’est pas ton premier, tu sais que tu passes par des phases difficiles, l’objectif c’est un marathon propre pas le vélo.
Je fini la première boucle et puis je ne sais pas pourquoi je commence à appuyer. Les petits coups de cul ou je passais sur le petit plateau, je les monte sur la plaque, en danseuse ou même sur les prolongateurs. Comme par hasard plus de « douleurs » musculaire, comme quoi quand la tête va mieux, tout va mieux. Je remonte les concurrents, le plaisir revient et les sensations avec.
A un point où même alors qu’on se tape une belle averse, trempé complet, je m’en fou. J’ai les manchettes, le coupe-vent, les sorties picardes sous le même temps aident sans doute à ce moment.
Grosse surprise dans la montée de 15km qui nous amène à St Nicolas des Biefs, j’aperçois Nut et je le rattrape. Il accuse le coup et me dis de continuer. La pluie ne s’est pas arrêtée, dans la forêt on ne voit même plus le paysage, une brume épaisse recouvre tout.
On attaque la descente, je suis sur des oeufs, les freins répondent mal avec la pluie, il faut anticiper au maximum les virages.
Je suis content d’avoir prévu la veste il ne fait pas chaud avec le vent.
Retour dans la « vallée », le temps se stabilise et je sais qu’il ne reste plus trop de difficultés, beaucoup de faux plats et de la descente.
Nut doit me rattraper à un peu moins de 10km de l’arrivée, c’est vraiment top de finir ce vélo ensemble.
On arrive donc au même moment à la T2, mais pour lui c’est à droite, pour moi à gauche avec au moins 300m à faire vélo à la main.
CAP :
Transition rapide par rapport aux anciennes compétitions, 5mn environ. Je sors avant Nut, que je vais croiser juste après le passage sur la ligne d’arrivée, et m’élance donc pour le marathon.
C’est sympa le fait de passer à chaque tour au niveau de la finish line, il y a une bonne ambiance, ça reboost pour les 10km.
Comme pour le vélo le plan est simple, faire les 3 premiers tours à allure constante, aux alentours de 6’/kilo et tout lâcher dans le dernier. Je vise 4h15. Mais surtout, ne pas marcher en dehors des ravitos.
Ne pas connaître le parcours vélo, partir sur une moyenne de 25km/h et finir avec quasi 40mn d’avance sur le temps estimé me donne des ailes pour le marathon.
Je croise un pote du lycée venu encourager un ami, des personnes de Crépy et Compiègne. Le rythme est bon sur ces premiers kilomètres.
Après le 1er ravito on traverse l’allier et Manon est là, un arrêt bisous et on repart plus reboosté que jamais.
Même pas 1km plus loin j’aperçois une silhouette, club d’Issy, qui marche. Je me dis « non ce n’est pas Pat, ce n’est pas possible ». Et si c’est bien lui. Ça fait bizarre de le dépasser d’essayer de l’encourager à repartir. Bon il est dans son 3eme tour je suis à mon premier tout de même.
Je continue mon parcours et commence à ressentir des douleurs aux genoux. Sur les précédentes courses j’aurais marché mais là ce n’est pas envisageable. Je change ma façon de courir, j’attaque plus par la pointe de pieds et sers les dents. Ça commence à passer sur le début du 2eme tour même si la douleur est toujours présente, je change ma tactique de ravitaillement : un verre d’eau pour arroser les genoux, un verre de coca, un verre de St Yorre et on repart direct. Les kilomètres s’enchainent, le rythme est bon je suis toujours un poil en avance sur les 6’ au kilo. Dans la tête c’est simple, je passe un ravito et je vise le suivant. La seule chose aléatoire sera l’endroit où je verrai ma chérie mais je sais qu’elle est là quelque part à m’attendre. Sur le 2eme ou 3eme je ne sais plus, je me fais doubler par le vainqueur du jour.
3eme tour, je ne pense plus trop aux genoux, j’ai mal mais c’est dans la tête et puis je tiens le rythme alors tout va bien. Je me surprends même à discuter avec certains concurrents, sourire aux personnes sur le bas-côté, remercier les bénévoles. Ne t’enflamme pas mon coco il te reste encore du chemin.
Dernier tour, dans l’idée c’est là que je dois accélérer et c’est ce qu’il se passe. Je passe d’un 5’50 à 5’30-5’20 au fur et à mesure, je garde le même schéma à chaque ravito. Finalement je n’aurais rien pris de solide pendant le marathon à part un quartier de banane, uniquement gels et boissons.
Cependant coca au premier ravito je me dois de continuer jusqu’au bout.
Tout va bien, on arrive sur la dernière ligne droite, je sais que la fin est proche et j’accélère encore le rythme.
Je passe le parc à vélo, prend un dernier verre d’eau histoire de me rincer et d’avoir une belle tête pour la photo finish (tu te demandes quelquefois comment tu peux penser à ça) et je profite des derniers 100m. You’re an Ironman !!
Je savoure, j’ai réussi à tenir mon plan de course, 12h12 quand je projetais 13h30.
Je prends le masque, ma médaille et craque en pensant à mes étoiles tout là-haut.
Une fois le sac ravito final récupéré je retrouve ma chérie pour profiter d’une bière bien méritée
Merci à tous les copains du club, Chris pour le coaching, Nut & Nico pour le kiff de courir ensemble et ma supportrice number 1 : Ma Chérie
Place à la récup et aux prochains objectifs