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Mont-Blanc – Of(f) Course !

Le genre d’aventures que l’on se doit de par­ta­ger.

Plus de deux ans que nous pré­pa­rons ce pro­jet dans le plus grands secret. Que faire pour mar­quer le coup de nos 35 & 40 ans (4 & 10 juillet) ? Fina­le­ment pour des Astres, se rap­pro­cher des étoiles sem­blait une évi­dence !

Le dire c’est bien l’organiser et le pré­pa­rer c’est une autres paire de manches.
Trou­ver un guide, ache­ter le maté­riel, faire une pré­pa­ra­tion phy­sique pour ce type d’efforts, gérer la logis­tique fami­liale etc.
Ses der­nières semaines nous avons mul­ti­pliés les ran­don­nées (à la mai­son, dans le Jura, à Val Tho­rens) his­toire de s’acclimater à mieux à ce qui sem­blait être une grosse ran­don­née.

J‑2 : arri­vée sur place, le guide nous appel : peut-on déca­ler les dates, la météo n’est pas bonne ? Oui c’est jouable mais d’une jour­née, après on a bou­lot !
J‑1 : Appel du guide : on reste sur les dates mais au lieu de le faire en 3 jours on le fera en 2, y’a une fenêtre météo. Chan­ge­ment éga­le­ment de refuge, on ira au plus haut, celui du goû­té plu­tôt que celui de tête Rousse.
Jour J, 4 juillet, mes 35 ans ; levé 5h. Mes­sage du guide : Appe­lez moi, trop de vent on né pour­ra pas faire l’ascension. Bref échange télé­pho­nique. Faut y aller pour né rien regret­ter…
Trop d’enjeu, cas­quette #Iron­juw dans le sac, dou­dous des enfants, nos anni­ver­saires… On mon­te­ra !

Nous voi­ci ren­du à Bel­le­ville pour prendre le train du Mont-blanc. Un arrêt plus tard nous voi­ci au ter­mi­nus au refuge du nid d’Aigles que copain Charles connaît bien ! Face à nous des rochers et quelques type de notre espèces. Une petite pan­carte écrite au mar­queur indique -> Refuge de tête Rousse & Refuge du goû­ter.

Nous y sommes, l’ascension com­mence. Le temps en gris, la tem­pé­ra­ture cor­recte. Le moins que l’on puisse dire c’est que l’on attaque directe par de grosses por­tions. Le che­min est assez escar­pé, un guide n’est pas de trop ! Rapi­de­ment nous arri­vons sur de gros pour­cen­tage et de fortes pentes. On com­mence à mon­ter la 1ère arrête. Bön ça met assez vite dans l’ambiance. Le vent com­mence à se lever. Le guide nous ras­sure : si ça souf­flé déjà ici, ça va être chaud la haut ! Toutes les per­sonnes que l’on croise vont au 1er refuge, celui de tête rousse. On fini en effet par y arri­ver sous la neige et le vent déjà assez fort. Petite pause pipi et équi­pe­ment. On mets pour la pre­mière fois des cram­pons direc­tion la par­tie soit disant la plus dif­fi­cile…

… C’est le moins que l’on puisse dire ! Ça com­mence par une mon­tée “dré dans le pen­tu” sur la neige, puis on com­mence de l’escalade gen­tille entre les rochers. Arrive le “cou­loir de la mort” (lié aux quelques décès du à des chutes de pierres chaque année). Le guide (André, Dédé pour les intimes !) nous mets en cor­dée et nous donne ce superbe conseil : si j’entends une chute de pierre, je dis “pierres”, vous vous retour­nez et rebrous­sés che­min sans pani­quer ! Nous voi­la ras­su­ré ! Tout se pas­sé bien, sur­tout si tu né regardes pas en bas. Et là les affaires com­mence… Une crête, des rochers, de la neige qui tombe de droite à gauche (le vent à 70 km/h né lui per­met pas de se poser). Nous sommes déjà à 3 100 m d’altitude, il né fait plus vrai­ment chaud. Et la on prend conscience du truc…

…Ce n’est pas une ran­don­née, mais c’est de l’alpinisme ! Vont s’en suivre prêt de 2h d’escalade ou clai­re­ment je suis inca­pable de prendre la moindre pho­to, tant j’ai besoin que mes deux moins soient accro­chés à la paroi. Je vide lit­té­ra­le­ment mes sur­ré­nales et Ma Jeu­jeu n’en mène pas large non plus. Le sac est lourds (12 à 15 kg), le vent nous bous­cule, on se fait gifler le visage par la neige. Dédé même un rythme sou­te­nue, pas vrai­ment le temps de faire une pause dans ses condi­tions, sur­tout qu’il n’ont pas vrai­ment pré­vu d’aire de pic­nic sur le che­min ! Je com­mence à me deman­der quand tout cela va ter­mi­ner car là, fran­che­ment c’est pas super cool ! Ma montre indique 3 800 m d’altitude, déjà plus de 5h que nous mon­tons. Nor­ma­le­ment le refuge du goû­ter devrait arri­ver ? Quelques minutes plus tard, une échelle. On grimpe et Dédé nous indique que nous sommes à l’ancien refuge du Goû­ter. Il a beau essayer d’ouvrir les portes pour nous mettre à l’abris, rien n’y fait. On se cale dans un coin pour s’équiper à nou­veau. Nous sommes en pleine tem­pête de neige. Jeu­jeu n’arrive plus à mettre ses cram­pons, je vais tant bien que mal essayer de l’aider. Elle n’a plus de sen­sa­tions dans les doigts. Il lui devient impos­sible d’enfiler ses gants du coup. Zen, res­tons zen (c’était pas trop le cas sur le coup !). On arrive tant bien que mal à mettre ce qu’il faut, dont le masque de ski. Le refuge n’est pas loin, mais dans ses condi­tions, quelques mètres peuvent être très long… Nous né voyons pas plus loin que Dédé, tout est blanc. Neige en des­sous, neige au des­sus et neige sur les côtés. Une forme finit par faire son appa­ri­tion. Nous y sommes au Goû­ter !

Le temps de reti­rer le maté­riel, Dédé (70 ans s’il vous plaît) redes­cend, tout trem­blant de froid nous indique notre dor­toir. Ma Jeu­jeu gre­lotte de tout son corps éga­le­ment. Il est 15h, nous filons nous cou­cher pour ten­ter de se réchauf­fer. 17h les affaires son éten­dues tant bien que mal (un refuge ce n’est pas le Hil­ton niveau confort !). Nous né trem­blons plus, mais né mesu­rons tant bien que mal ce que nous venons de faire.
18h, c’est l’heure du repas. La dou­lou­reuse arrive avant le des­sert. Aucun guide né mon­te­ra au Mont-Blanc demain. Trop dan­ge­reux. La soupe à du mal à glis­ser.
Nous allons mal­gré tout prendre des pho­tos de nos objets fétiches, le fond est sans appel…
Pour vous situer, le Goû­ter c’est au niveau du gre­nier dans l’ascension du Mont Blanc et là, on nous refuse le toit…

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19h dodo. J’ai du mal, je cogite, j’ai envie d’y croire mal­gré tout.

21h ma ves­sie me demande un bon de sor­tie du lit. Per­mis­sion accor­dée. Et là, au tra­vers de la fenêtre : le soleil, le ciel bleue ! Je file cher­cher mon télé­phone pour immor­ta­li­ser tout ça…. Ça né dure­ra que quelques secondes car ma tenue du moment n’est pas adap­té à la tem­pé­ra­ture exté­rieur.

21h02 et si…. 22h le vent vient à nou­veau me tirer de mon insom­nie. Merde ça craint ça.

Le peu de rêve que mon incons­cient m’accordent sont de moi en train de tom­ber dans le vide. Un régal.
6h30, on sort avec Jeu­jeu regar­der dehors le temps… Mike Horn n’a qu’a bien se tenir. C’est la tem­pête… Nos espoirs se sont éga­le­ment envo­lés pour lais­ser place au stress. Le gros stress. Si nous né pou­vons mon­ter, c’est que nous allons des­cendre ? Pas con le type !
San­drine aura du mal à ava­ler son petit dej, moi j’essaie de plai­san­ter pour mas­quer mon stress. Nous né sommes que 19 dans un refuge plein chaque été de 120 per­sonnes. Tout le monde à annu­lé vu les condi­tions.

7h10, quand faut y aller… Je suis le pre­mier de cor­dée. Je né sais pas ou je marche, plus aucun repères visuel n’est pos­sible. Dédé me guide tant bien que mal. Nous voi­ci à nou­veau devant l’échelle. A ma grande sur­prise, je né res­sent pas de ver­tige, sûre­ment le man­qué de visi­bi­li­té. Les pre­miers pas me ras­sures même je dirais. Il y a beau­coup plus de neige qu’hier mais j’ai beau­coup plus d’assurance étran­ge­ment.

La des­cente va durer pas loin de 4h en tout. On va y vivre les 3 sai­sons (man­quait juste l’été). Nous pas­sons dans des cre­vas­sasses, mar­chons sur des arrêtes avec pour seul équi­libre le vide sous nos mains. Je plane tota­le­ment face à ce que l’on est en train de vivre. Le sou­rire habille mon visage, on vit un truc là ! Nous tra­ver­sons des éten­dues de neiges tel­le­ment pen­tu que nous skions avec nous chaus­sures. Plus aucun stress, que du bon­heur d’être ici et main­te­nant.

De retour au petit train du Mont-blanc, nous déci­dons en accord avec Dédé de pous­ser le plai­sir et de redes­cendre à la voi­ture à pied. On se rajoute près d’une heure de rab, bien méri­té.

L’essentiel ce n’est pas la des­ti­na­tion,
l’essentiel c’est le che­min !

C’est ain­si que je pour­rais vous décrire l’aventure incroyable de mon ascen­sion du Mont Blanc avec Mon Ben et notre guide André deve­nu Dédé . Un pro­jet dont on parle depuis 2 ans mais depuis bien long­temps dans le coin de ma tête : Gra­vir le plus haut som­met d’Europe en 3 jours. Se retrou­ver à l’aube au des­sus du monde et contem­pler l’immensité autour de nous. J’en ai rêvé, on s’y est pré­pa­ré :

  • Ran­don­née avec sac à dos en forêt de Hez… on fait avec ce qu’on a chez nous !
  • Week-end de ran­don­née dans le Jura pour une mon­tée pro­gres­sive en altitude…max 1600m d’altitude !
  • Week end de ran­don­née à Val Tho­rens avec l’ascension de la Cime de Caron (3200m) et de la Point de la Masse (2800m).

Nous pre­nons la route ven­dre­di 2 juillet 2021, exci­tée comme des puces, avec tou­te­fois l’incertitude des pré­vi­sions météo des der­niers jours avec un temps très instable. Le temps change sans arrêt pour le Mont Blanc et cela se confirme avec l’appel de notre guide Dédé qui s’interroge sur un pos­sible décalage…pour au final main­te­nir l’organisation pré­vue mais je vous pas­sé cer­tains détails.

Same­di 3 juillet, réveil à 5h20, je regarde s’il y a d’éventuels mes­sages et c’est le cas de Dédé qui a 3h du matin nous a envoyé des pré­vi­sions météo abo­mi­nables et nous demande de le recon­tac­ter dès que nous avons ses messages….ca com­mence bien. Ver­dict : La météo est instable avec des pré­vi­sions d’orages mais ce qui ris­qué de com­pro­mettre l’ascension ce sont les vents à plus de 100km/h à plus de 4000m.

On a le choix se rabattre sur un autre som­met ou ten­ter le Mont Blanc. Fran­che­ment on est venu pour lui alors s’il existe un espoir même minime de le faire alors nous avons envie de la ten­ter !

C’est donc avec une grosse incer­ti­tude que débute cette ascen­sion.

D’abord il a fal­lu arri­ver en Kad­jar à Bel­le­vue pour prendre le train du Mont Blanc sur des sen­tiers caillou­teux avec des pentes que la voi­ture n’avait jamais explorées…Il a vidé ses sur­ré­nales mon Ben, on a bien cru qu’on allait devoir pous­ser mais Ben et sa voi­ture nous ont ame­né à Bel­le­vue sans pro­blème.

Petite mon­tée en train à cré­maillère « le train du Mont Blanc » jusqu’au nid’aigle. Je crois à en regar­der les indi­vi­dus autour de nous que nous sommes plu­sieurs à vou­loir mon­ter là-haut: casques, cram­pons et bâtons sur les sacs, chaus­sures de ran­don­née au pied, vête­ments techniques…l’attirail du par­fait mon­ta­gnard qui né veut pas s’essayer qu’à des singles de moyennes mon­tagnes. Mais on né sait pas encore ce qui nous attend vrai­ment.

L’ambiance est sym­pa, on découvre Dédé que nous avions régu­liè­re­ment contac­té et qui s’était mon­tré très atten­tif aidant et rapide pour nous appor­ter des réponses à nos ques­tions voire même une solu­tion d’hébergement gratuite…Bref ! on était déjà en confiance avant de le ren­con­trer.
Arri­vée au nid d’aigle, l’ascension débute gen­ti­ment dans des sen­tiers abruptes mais sans dif­fi­cul­té, un peu de neige par moment. Nous savons que la météo doit se dégra­der dans la jour­née mais Dédé n’est pas inquiet et nous sommes ras­su­rés par son expérience…Fonces Dédé on te suit !!!!

Nous pas­sons la cabane de la bri­gade blanche qui s’assure que nous avons bien réser­vé à l’un des refuges à venir (Têtes Rousses 3100m ou Gou­ter 3800m) puis filons vers le pre­mier refuge qui se situe non loin…juste der­rière une cou­lée de neige longue de quelques cen­taines de mètres mais sans dan­ger.

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L’occasion de se res­tau­rer, de boire, de faire la vidange 😉 et là le temps com­mence à chan­ger et les élé­ments à se déchai­ner. Il com­mence à nei­ger et pleuvoir…et c’est sous ce temps que Dédé nous demande de mettre les cram­pons pour débu­ter l’ascension d’un mur blanc…ou je dis à Dédé : et donc main­te­nant c’est droit dans l’pentu ? ce qu’il me confirme mais que j’avais bien com­pris en voyant une sil­houette suivre une trace dans la neige qui sem­blait mener vers notre refuge du Gou­ter. Un pas devant l’autre nous mon­tons ce mur de neige blanc au tra­cé rec­ti­ligne, c’est droit devant ou plu­tôt droit sur la paroi de la mon­tagne ! A ce moment je suis loin de m’imaginer la suite du pro­gramme qui va vite arri­ver.

Nous arri­vons dans le « cou­loir de la mort ». Dédé avec son flegme natu­rel nous demande de nous encor­der, de sor­tir nos pio­lets et ajoute : « Bön là ca s’appelle le cou­loir de la mort, il peut y avoir des chutes de pierres. Si je vous dit « pierres » vous faites demi-tour sans pani­quer et vous reve­nez cal­me­ment au début du che­min sur­tout vous né pani­quez pas »…ah ! beh oui évi­dem­ment ! Et donc nous tra­ver­sons le cou­loir de la mort, sur un che­min large comme deux pieds avec d’un côté un mur de neige dans lequel plan­ter le pio­let et de l’autre…le vide sidé­ral !
On retient notre souf­flé et tout se pas­sé bien ! Je me dis qu’on a cer­tai­ne­ment fait le plus dif­fi­cile… et que la suite sera un che­min en lacets tra­cé dans les pierres sur­tout que Dédé nous demande d’enlever nos cram­pons….

Ah mais non pas du tout après ce « cou­loir de la mort » c’est une paroi de roche que dis-je une arête que nous com­men­çons à escalader…Dédé nous demande : « Vous avez déjà fait de l’escalade ? euh ! non pas du tout ! »

A prio­ri je vais vivre ici ma pre­mière expé­rience de ce genre. Les condi­tions cli­ma­tiques né sont pas top mais pour ce début de grim­pette ça le fait ! Je suis en milieu de cor­dée. Dédé devant moi et Ben der­rière ! Je me sens assez sécu­ri­sée en cas de chute mais la ges­tion des deux cordes en esca­lade n’est pas chose aisée et je me prends régu­liè­re­ment les pieds dans l’une ou l’autres des deux cordes. Je peux tout à la fois être tirée par Dédé ou rete­nue par Ben…je suis un peu tiraillée à cer­tains moments. J’essaie de suivre Dédé, mais je peux vous dire qu’à 70 ans et bien j’ai du mal à le suivre alors par­fois je lui demande « Attends Dédé faut que je souf­flé ». La peur et le man­qué d’oxygène me font mon­ter le car­dio assez haut (en tout cas en sen­sa­tions car je n’ai pas l’envie de regar­der ma montre GPS). Au bout d’une petite demi-heure d’escalade, je demande à Dédé : « on est presque arri­vé » et là la réponse de notre guide me mets le moral dans les chaus­settes, j’ai envie de pleu­rer, je me dis que je n’y arri­ve­rai jamais : « Ah non pas du tout, on doit mon­ter jusque-là-haut » et il me montre un som­met avec son doigt qui me semble à des heures, vu le peu que l’on vient de faire ! Je sens mes épaules se rai­dir de stress, mes jambes qui peinent à se sou­le­ver et il reste encore tout ça à faire. Alors à ce moment, je débranche le cer­veau, je m’interdis de regar­der vers le haut, je me dis qu’il faut avan­cer, prises par prises, ser­rer les dents…nous nous sommes pro­mis d’être là-haut au plus proche de Julian alors nous irons.
Les élé­ments se déchainent et rendent la mon­tée encore plus ardue. La grêle et le vent s’en mêlent. Les appuis sont fuyants sur de la roche mouillée et les cailloux qui se dérobent. Pour la pre­mière fois, j’ai peur. Ce né sont pas des marches qu’il faut mon­ter ce sont par­fois des murs d’ 1m60, avec pour seule aide une ligne de vie en métal qui glisse entre mes gants mi-saison…je n’avais pas trou­vé bon de mettre les gants d’hivers au refuge de têtes rousses et j’ai bien regret­té.
On s’en prend plein la figure et en arri­vant à l’ancien refuge du gou­ter par une échelle, Dédé tente de ren­trer à l’intérieur pour nous mettre à l’abri afin de remettre les cram­pons mais celui-ci est fer­mé. C’est donc dehors, dans le froid, le vent, la neige que je tente déses­pé­ré­ment de mettre mes cram­pons mais mes doigts sont gelés, je né sens plus mon annu­laire, mon majeur et mon index de la main gauche. Je suis fri­go­ri­fiée, comme Ben et Dédé qui gre­lottent éga­le­ment. Je n’arrive plus à sen­tir mes doigts, je n’arrive plus à trou­ver le trou de chaque doigt dans mes gants, je n’ai plus de sen­sa­tion. Ben me donne un coup de main, il m’aide à enfi­ler mes gants et me mets mes crampons…merci mon Cœur !
Nous repar­tons pour quelques mètres dans le bliz­zard ou l’on né dis­tingue pas à 10 mètres. Mais le voi­ci, il appa­rait devant, notre havre pour la nuit : « le refuge du gou­ter »… un sas, une déli­vrance !

Nous entrons gre­lot­tant dans le ves­tiaire et enle­vons nos vête­ments et maté­riels. Il fait froid au plus pro­fond de mes entrailles. Dédé vient nous indi­quer le nom de notre dor­toir « les conscrits » au 2ème étage où nous mon­tons sans tar­der nous mettre au chaud sous la couette.

Je crois que j’ai dor­mi une bonne heure et que même après j’avais encore froid. Ce n’est que la soupe du dîner qui vien­dra réus­sir à me mettre en ébul­li­tion. Et donc au menu du soir : soupe avec de la tomme de Savoie en mor­ceaux, une blan­quette de pois­son et un gâteau à la can­nelle.
Il est 18h, juste quelques minutes avant le dîner que le ver­dict tombe, le gar­dien du refuge vient voir toutes les per­sonnes qui sou­haitent mon­ter au Mont Blanc le len­de­main pour les infor­mer de la météo exé­crable et notam­ment un vent à plus de 100km/h et un brouillard dense qui feront prendre des risques pour la vie de ceux qui sou­hai­te­rons s’y aven­tu­rer. C’est donc l’âme en peine et avec une énorme décep­tion, que nous accep­tons le choix col­lé­gial des quelques per­sonnes (soit 12 per­sonnes) qui pen­saient gra­vir le som­met de l’Europe lun­di 5 juillet et sur­tout celui de notre guide Dédé qui nous en confirme la dan­ge­ro­si­té dans ces condi­tions.
Les émo­tions s’entremêlent : décep­tion, accep­ta­tion, rai­son ! Il va fal­loir se conten­ter de ce que nous a offert la vie c’est-à-dire la pos­si­bi­li­té de mon­ter à 3800mètres, le plus haut qu il nous a été don­né de faire à ce jour pour les 35 ans de Ben et mes 40 ans. Nous allons prendre quelques pho­tos des peluches de nos lou­lous que nous avons faites voya­ger avec nous et de notre cas­quette Ironjuw…au plus près de notre étoile !

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A 19h30, nous remon­tons nous allon­ger dans nos plu­mards. Pas de pres­sion pour le len­de­main vu qu’il n’y a pas d’ascension du Mont Blanc, le petit déj sera à 7h.
Je dors plu­tôt bien. Je fais des rêves ou j’escalade des parois dont la terre se dérobe sous mes pieds et j’essaie de me récu­pé­rer… pas sereine je crois ! mais je dors plu­tôt bien. Je né veux pas pen­ser à demain, au vent qui est annon­cé, à la des­cente de cette arête qui a été si dif­fi­cile à mon­ter et qu’il va fal­loir des­cendre mais dans quelles condi­tions : neige, ver­glas, vent…non n’y penses pas ! Ben me réveille pour me mon­trer les jolies pho­tos cap­tu­rées sous le soleil.

Lun­di 5 juillet : Petit dej’ expé­dié pour ma part. Ben et moi avons poin­té le bout du nez dehors et le bliz­zard né m’a pas mise en confiance, j’ai la gorge ser­rée et j’avale dif­fi­ci­le­ment un bout de rosette et de fro­mage, une brioche et mon café. Dédé a l’air confiant, c’est l’essentiel ! il nous mène­ra à bon port ! Pas de regret pour le Mont Blanc, per­sonne né le tente aujourd’hui.
Nous nous équi­pons pour une expé­di­tion polaire : bon­net sous le casque, buff, 3 couches sous le man­teau, gants d’hivers, pan­ta­lon de pluie, guêtres, cram­pons, piolets…on est prêt, il est 8H du matin. Ben sera le pre­mier de cor­dée, moi la seconde et Dédé le troi­sième.
À la sor­tie du refuge, le vent fort nous bous­cule, il faut par­tir droit devant pour retour­ner vers l’ancien refuge du goû­ter. Ben n’y voit goûte et se retourne pour nous deman­der la direc­tion qu il né sai­sit pas. Il faut dire qu’il n’a pas ses lunettes de vue mais qu’en plus on né voit pas grand-chose !
A l’ancien refuge du goû­ter, nous ran­geons les pio­lets et c’est par­ti pour une des­cente ver­ti­gi­neuse de 700m de D- en moins de 1km500. Et fina­le­ment cela se pas­sé plu­tôt bien ! A l’exception du vent qui nous désta­bi­lise sur cer­tains ver­sant de la mon­tagne, la neige de la veille sécu­rise nos appuis sur les cailloux. A deux reprises, Dédé doit, tout de même, me rete­nir car la « marche » est trop haute et je n’ai pas d’appui sous mes cram­pons. C’est quelque chose de confier sa vie à quelqu’un dans ces condi­tions cli­ma­tiques déjà dan­tesques ! Beau­coup de choses nous échappent encore ! Ben me donne des conseils quand je né trouve pas d’appui et que la marche est trop haute.

Avec la fatique, mes cram­pons se prennent entre eux et je man­qué de m’éclater la tête sur un rocher. Il va fal­loir se res­sai­sir nous n’en sommes qu’à la moi­tié de l’arête. Heu­reu­se­ment la suite se pas­sé bien. Nous attei­gnons le « cou­loir de la mort ». Je suis sereine entre Ben qui donne le tem­po et Dédé juste der­rière. Le plus dur est pas­sé ! Ouf ! c’est désor­mais une grande des­cente dans la neige jusqu’au refuge des têtes Rousses. Nous sommes dans la brume et le vent mais cette sen­sa­tion de sou­ve­nir non pas inache­vé mais inou­bliable com­mence à poindre son nez ! je crois que l’on vient de faire quelque chose de fou !
La des­cente dans les pier­riers et dans la neige se pas­sé sans dif­fi­cul­té jusqu’au nid d’aigle ou nous déci­dons non pas de prendre le train du Mont Blanc mais de des­cendre par le sen­tier « inter­dit » jusqu’à Bellevue…et oui il est comme ça notre Dédé : un esprit rebelle ! 70 ans et une pêche que beau­coup de jeunes y com­pris nous, peuvent lui envier !

Sur le retour, nous pre­nons conscience de ce que nous venons d’accomplir et Dédé nous le confirme.
A nous désor­mais de regar­der le che­min par­cou­ru : Nous avons dépas­sé nos limites, phy­siques mais sur­tout émo­tion­nelles. Nous avons accep­té que la mon­tagne nous refuse son accès mais nous avons appris sur nous et nous avons fait une jolie ren­contre en la per­sonne d’André BIANCHINI. Il faut par­fois avoir l’humilité d’accepter ce qui doit être et né pas regar­der ce que nous aurions pu faire.
Une pen­sée pour nos lou­lous qui nous ont accom­pa­gné tout au long de cette ascen­sion de la mon­tagne Mont Blanc et jusqu’à 3800m.
Au plus près de notre étoile. Iron­juw for ever !
Une énorme mer­ci à mon ché­ri pour ce moment de par­tage inou­bliable !!!! A quand le pro­chain truc de Ouf ?
Mer­ci à André pour sa gen­tillesse depuis le début de nos pre­miers contacts télé­pho­niques, pour sa confiance et son enga­ge­ment à nos côtés.

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