Etant forcé sous peine de divulguer des photos compromettantes, voici mon CR de la Transbaie. (Mathieu B.).
1ère Transbaie ! J’avais entendu beaucoup de choses sur cette course, ceux qui l’ont faite, l’adore ou la déteste !
Le problème de cette course, c’est les 6500 dossards qui partent en 24h. Les inscriptions s’ouvrent en plein mois de février, donc il vaut mieux être au courant et pas trop se poser de question sur son planning dans 5 mois.
Grâce à un ami, je ne rate pas l’inscription cette année, et nous voilà tout les trois dimanche 23 juin à l’assaut de cette course mythique si particulière:
La transbaie c’est, pour ceux qui l’ignorent encore, la traversée de la baie de Somme à marée basse entre Saint Valery et le Crotoy.
Une course de légende, avec un petit plateau de très bons coureurs étrangers.
Le parcours consiste en une boucle de 4km dans Saint Valery sur route, avec un ou deux coup de culs, 5 km environ dans la baie en direction du Crotoy, ~1km dans le Crotoy, retour à Saint Valery en traversant à nouveau la baie (~5 km), puis 1.5 km sur le chenal jusqu’à la ligne d’arrivée, soit environ 16.5/17 km.
L’objectif est de s’éclater, découvrir et profiter de la baie qui n’est, en dehors de cette course, uniquement franchissable avec un guide sur des créneaux particuliers. De plus l’idée de traverser la baie de Somme en courant à marée basse est plutôt fun.
Au niveau météo, grand beau annoncé, ça risque de taper un peu, c’est le début de la grosse vague de chaleur en France.
Nous arrivons à Saint Valery assez tôt car les collègues veulent se placer suffisamment en avance sur la ligne pour ne pas perdre trop de temps au départ. De mon coté, j’ai un dossard préférentiel donc je peux m’échauffer tranquillement, discuter avec les têtes connues et voir que les bons coureurs Amiénois sont là, ainsi que Mélanie Doutart, qui ne vient pas pour acheter du terrain dans la baie cette année ! L’objectif est clair pour elle, la gagne! Mon plan de course est de courir sur la retenue et éventuellement lâcher les chevaux sur le retour du Crotoy, morceau de la course censé être plus facile.
Voyant qu’il y a du level et ne voulant pas partir comme un débile à 20km/h (remember Soissons), je me cale un peu en retrait sur la ligne pour laisser partir les fusées et les coureurs africains de l’Est. En fait, ce fut là une bien belle connerie, car à part une 30aine bonhommes rapides, le reste du SAS préférentiel est peuplé de coureur « lambda », parfois même des dossards non pref qui se sont glissés là, je me fais enfermer au départ, à 12km/h au 1 er virage. J’ai les boules. Moi qui voulait pas partir vite, je suis bien …!
Je fais mon effort pour remonter, trottoirs, fossés, tout est bon pour doubler et tenter de remonter. Je réussis enfin à pouvoir courir à mon allure, au bout de 2 km. Je maintiens une allure de semi marathon sur la partie roulante, ayant souvent entendu dire que l’effort de la transbaie équivaux à un semi. Je gère l’allure, j’attends avec impatience la descente dans la baie, un moment épique ou certains sont capables de laisser une chaussure dès les premiers mètres.
On descend le chenal quand finalement, la voilà cette descente, avec la foule en délire avide de spectacle, qui n’attend qu’une chose : que l’on se vautre lamentablement dans la merde vaseuse… et ils sont servit.😉
La descente se passe bien pour moi, je gère les appuies, mais quel choc : passer de 16km/h à 0 km/h en une fraction de seconde. Ma jambe gauche s’enfonce jusqu’au genou, il faut fournir un effort pour la sortir, et une fois dehors, elle pèse 1kgr de plus 😁. Moi qui aime courir avec du light (moins de 200gr sur toutes mes shoes, je vous laisse imaginer la peine 😳) Heureusement une succession de « bâches » permettent un nettoyage rapide.. ce n’est plus de la vase puante mais de l’eau maintenant qui leste mes chaussures.
Vient la partie la plus difficile de la course, le passage par une succession de canyon creusés par la mer plus ou moins profonds, larges et raides, et forcément remplis de vase, parfois très profonde. Je passe sans trop d’embûche, ces passages, bien que l’allure chute littéralement. Je tente de profiter du paysage et je cueille au passage une jeune, ex championne de France de semi, apparemment 3ieme au scratch. On discute un peu et le vent soufflant de face, je décide de lui servir de lièvre, la protéger au maximum du vent et prendre les trajectoires les plus pertinentes pour passer ces bourbiers. Elle me raconte que son père a gagné la 1ère transbaie à la même allure que nous aujourd’hui.
On sort des canyons, maintenant nous arrivons sur la longue étendue d’eau jusqu’à la plage du Crotoy. C’est là que le vent se fait le plus ressentir, mais c’est le jeu et pouvoir dérouler une bonne foulée fait du bien. Dernière difficulté avant la plage, un canyon d’eau vive qui s’avère assez profond . C’est très surprenant de se retrouver d’un seul coup immergé jusqu’au nombril avec des éclaboussure sur le visage et le torse d’eau froide du Nôoooord !
On traverse la plage du Crotoy et on remonte sur le front de mer. Il fait exceptionnellement chaud, l’eau fait du bien. Des serveurs proposent de la bière, je préfère attendre l’arrivée perso :visage_légèrement_souriant:
Il y a au Crotoy une ambiance de folie, la foule en délire nous encourage. Je n’ai jamais vu ca. Je m’amuse avec eux avant de redescendre dans la baie pour rejoindre Saint Valery.
En théorie c’est le plus facile, c’est roulant, on ne passe plus par les canyons, et surtout, le vent ! Il était de face à l’aller, il sera donc …. de face au retour !! Wtf ? Je n’ai pas compris pourquoi il a tourné si vite. J’en déduis que c’est le début de la marée montante qui a fait cette inversion soudaine. On descend dans la baie, faisant tjrs le lièvre, nous passons à nouveau un canyon d’eau vive mais quelle profondeur cette fois… Surprenant ! J’ai de l’eau encore plus haut que le nombril et surtout plus longtemps. Je repense au coureur Kényan à Soissons qui m’avait dit avoir été effrayé par ce moment ne sachant pas nager. (Il avait fait 2 ieme à la Transbaie cette année là)
La suite se fait sans trop de problème, je gère le rythme, je sens que j’ai de bonnes jambes et commence à reprendre du monde. La fille suit toujours ma trace, à l’abri du vent, qui se fait encore plus ressentir maintenant. La fin par contre est très vaseuse, impossible de poser une foulée efficace. Je m’en prends plein la tronche et nous voilà à la sortie de la baie, acclamé par le public, ca fait chaud au coeur ! Je rampe pour m’extirper de ce qui fut notre descente quelques km auparavant… Elle est totalement ravagée, méconnaissable … un troupeau est passé là ! Le petit canyon est devenu un gouffre vaseux, noir et puant.
Une fois sortie de là, je me sens de super bonnes jambes. Avoir couru sur la retenue, fait que j’ai un jus d’enfer! Je relance, je grille quelques places mais malheureusement, 1.5 km ca passe vite.
Les 500 derniers mètres sont une pure folie. Une foule énorme en délire, je m’amuse, tape dans les mains des gamins et je passe la ligne en 1h13 pour ces ~ 17km. Je fini dans les ~70 quelques choses. Direction la douche qui n’est autre qu’un tracteur avec une remorque d’épandage. Eau glacée mais indispensable pour espérer monter à bord de la voiture de mon pote.
Bilan, j’y retourne l’année prochaine, pour lâcher les chevaux cette fois ci (avec Gégé ???), gérer la course autrement et tenter un meilleur classement. Cette année, un top 40 voir peut être mieux aurait été jouable, mais sans connaître les difficultés du parcours, ce n’est pas évident de gérer cette course si particulière.
Une bonne surprise pour cette première moitié d’année sans réel objectif. J’ai quand même atteint mes 1700 km à pied fin juin :visage_légèrement_souriant:
Ps : Il m’aura fallu 2 douches (en plus de celle du tracteur) pour avoir une odeur corporelle « normale », 3 lavages de mes vêtements… mes chaussures sont dans le jardin depuis 😁
Ps2 : Ma plus grande question avant la course portait sur le choix des chaussures : Trail vs Route vs Pointe(??).
Dans les pro trail : Julien B, Gégé, Laurent P, les pro route : le Kenyan et ma petite voix intérieur. Du coup, je me dis qu’il faut pour une fois sagement écouter les conseils des copains. Le Kényan (désolé pour lui je n’ai pas retenu son prénom) vient d’une autre planète. Bilan: sur la ligne de départ, JJ Trogneux, Mélanie Doutard, Antoine D et son frère, tous avec des routes pourraves. Un mec en pointe, qui n’avançait pas sur la route, me doubla comme une fusée dans la baie. J’ai pris mes trails, trop lourde, trop raide, inutile dans les 30 cm de vase, j’ai vraiment regretté. J’avais presque envie de courir pieds nus. L’année prochaine je cours en route toute light -> 170 grs ! C’est certain !
Ps3 : Non je n’ai pas couru déguisé en Jesus en string 🤣