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Iron­man France – Nice 2012 de Régis

Ironman de Nice 2012

L’histoire d’une course pas comme les autres

NICE – 4H00, Jour J. Le réveil sonne mais n’a pas besoin de me réveiller ; la nuit a été courte et angois­sante. Il parait que c’est nor­mal la pre­mière fois et je n’ai pas échap­pé à la règle ! Mon pre­mier réflexe est de me fixer la puce (j’ai failli dor­mir avec) puis m’alimenter en vue de cette longue jour­née. Je né suis pas un gros man­geur du matin mais cette fois je dois me for­cer : un grand café, Gato­sport, une petite assiette de pâtes au beurre et un jus de fruit. Je ter­mine mon der­nier cachet Isoxan sport endu­rance, cure de 15 jours spé­cia­le­ment pla­ni­fiée pour se ter­mi­ner ce jour. Petite toi­lette, esto­mac noué et pas­sage aux WC obli­gé ; les habi­tués des courses seront de quoi je parle ! 😉 Re-re-re-revé­ri­fi­ca­tion du sac SWIM et il est déjà l’heure de par­tir ; 4h45, en route vers la grande bleue !

Route sans encombre à cette heure, nous arri­vons vers 5h15 et avons la chance de trou­ver une place rapi­de­ment ! Nous n’avons que quelques cen­taines de mètres à par­cou­rir sur la pro­me­nade. Plus le parc à vélo se rap­proche et plus la concen­tra­tion de tri­ath­lètes est impor­tante : la pres­sion monte !

Le parc à vélo est tout sim­ple­ment immense ! Je dois le remon­ter qua­si­ment entiè­re­ment pour arri­ver enfin à la ran­gée 601–650. J’y retrouve mon vélo, entre­po­sé la veille, dégonfle et regonfle les pneus, charge ma pochette d’alimentation ; au menu, barres salées overs­tim, noix de cajou et amandes grillées et salées. Je n’ai pré­vu de man­ger que du salé sur le vélo hor­mis les gels. Je fixe mon bidon de bois­son mal­to, reste bien 5 minutes à regar­der les autres pré­pa­rer leur vélo à m’imprégner de l’ambiance élec­trique d’avant course. Il est bien­tôt 6h00, le parc va fer­mer et il est temps de se mettre en com­bi­nai­son. Je rejoins ensuite la file de pin­gouins qui se dirige vers la mer et m’installe dans le sas ‑1h18. La musique aug­mente, le spea­ker réveille la foule, il reste un peu plus de 20 minutes d’attente, ca va être long ! Je pro­fite de ce moment pour me concen­trer et m’imprégner encore et tou­jours de l’ambiance. Je regarde la mer et la bouée au loin, un coup d’œil der­rière pour voir la foule qui s’est amas­sée au des­sus, j’écoute la musique, fixe l’hélicoptère.

Iron­man Nice 2012 – Départ des Pro

BOUM ! Départ des pros ! Res­pi­ra­tion lente, décharge d’adrénaline !

BANG ! Tout s’enchaîne !

6h30 pétante, NICE, Plage du cen­te­naire, GOUBERT Régis, dos­sard n°644 s’élance sur son pre­mier Iron­Man !

Je suis en troi­sième ran­gée, le front est large et la bataille tant redou­tée n’a pas lieu. Je suis un peu gêné au départ, doit nager en polo pour me pla­cer mais me retrouve rapi­de­ment avec de larges espaces et de la place devant moi. A par­tir de là, je vais nager à mon rythme en fai­sant même du 3 temps régu­liè­re­ment. Je m’arrêterai quelques secondes à la sor­tie à l’australienne pour res­ser­rer ma puce qui avait été accro­chée par un autre nageur. Les der­niers 1400 mètres se pas­se­ront sans encombre et ferais un petit cou­cou à une belle méduse bien pai­sible au milieu de tous ces fous.

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Aire de tran­si­tion : ACTE I

Pre­mière satis­fac­tion, je sors de l’eau sans m’être mis dans le rouge et m’essoufflerai même plus lors de la remon­tée à pied vers le parc à vélo ! Je pas­sé sous la FINISH LINE en 1h05 et lui dit à tout à l’heure. Tran­si­tion sans sou­cis, chaus­sures à la main ayant une grosse par­tie à faire à pied jusqu’au vélo. Je sai­sis le vélo, trot­tine jusqu’à la ligne bleue, monte sur le vélo, salue ma sup­por­trice num­ber ONE et c’est par­ti pour 180 km.

Sur la pro­me­nade, ça part vite en léger faux plat des­cen­dant mais les sen­sa­tions né sont pas bonnes. Les jambes me semblent fati­guées et un petit mal de tête me dérange ; je sens tout de suite que je né suis pas dans un grand jour pour le vélo. Peu importe, gérer l’effort, boire, man­ger seront mes prin­ci­pales pré­oc­cu­pa­tions.

Je connais le par­cours par cœur et je sais que je dois tem­po­ri­ser jusqu’au Col de l’Ecre, 70ème km, 1120 m d’altitude. La pre­mière dif­fi­cul­té du par­cours, Côte de la Conda­mine, 25ème km, 10 à 12% sur 500m réveille enfin le car­dio. Je la pas­sé sans m’enflammer, sur mon 39x25 pré­vu spé­cia­le­ment pour l’occasion ; par la suite, je né revien­drai plus sur ce déve­lop­pe­ment. Je pro­fite de cette mise en jambe pour accom­plir la mon­tée sur Gat­tières en rythme et essaye de pro­fi­ter un peu du pay­sage qui s’offre à nous. S’ensuit une longue por­tion de séries de faux plats mon­tants où l’on tra­verse plu­sieurs vil­lages. Je suis en posi­tion aéro, juste au des­sus des 30 km/h et tourne les jambes. Sur­tout né pas s’emballer et mettre du gros !

Se pro­file la pre­mière des­cente du par­cours sur 8 km avant d’attaquer les 20 km d’ascension. Je prends le ravi­taille­ment en haut et com­mence la des­cente. Et là, se confirme que je suis nul en des­cente ! Je me fais dou­bler et dou­bler et dou­bler et né dépasse per­sonne ! Je revois des gars que j’ai dou­blé en mon­tée ! Tant pis, j’en pro­fite pour me ré-ali­men­ter et me pré­pare pour l’ascension du col.

Le début est pro­gres­sif puis virage à droite et mon­tée plus raide sur 2–3 km, ensuite une par­tie plus rou­lante et même des­cen­dante sur un petit bout. Arri­vée sur Gour­don, ins­crit aux plus beaux vil­lages de France, reste l’ascension finale. Je monte tout assis, relance très rare­ment en dan­seuse alors que d’habitude j’adore mon­ter debout. Aujourd’hui, je né le sens pas. J’arrive en haut, la moyenne est des­cen­due à 27 km/h mais je sais la 2ème par­tie plus rou­lante. D’ailleurs, sur le Pla­teau de Caus­sol, je me ras­sure tout de suite en remet­tant la plaque et relance à 40 km/h ; ca va, la 1ère par­tie n’a pas trop lais­sé de traces. Je pro­fite ensuite de la longue des­cente agréable sur Gréo­lières, né regarde plus ceux qui me doublent et attends le 100ème kilo­mètre serei­ne­ment. Arri­vé à ce vil­lage, il reste un petit bout de des­cente avant d’attaquer la der­nière dif­fi­cul­té du par­cours, une mon­tée de 7 km à 5–6%. Je prends un gel en bas et la monte à un bon rythme sans me mettre dans le rouge. Il né reste plus qu’à gar­der une bonne allure sur la par­tie aller-retour du Col de Vence. Au demi-tour, je relance et entends la voix de ma mère : « Allez Régis ! ». Je n’ai pas le temps de me retour­ner, lève un bras pour dire que j’ai cap­té et retourne dans ma course. Cela me donne un coup de boost, c’est sym­pa, mes parents sont mon­tés jusqu’au col pour m’encourager ! Reste la longue des­cente jusqu’à la plaine du Var en pas­sant par une petite remon­tée de 2 km. Je pas­sé celle-ci debout sur la plaque, bonne nou­velle ! Je me sens de mieux en mieux en mon­tée, mau­vaise nou­velle ! Il n’y en a plus ! Mal­gré ma faible allure en des­cente, j’arrive tout de même rapi­de­ment sur la der­nière par­tie emprun­tée le matin ; 25km, plat, vent de face ! Ma moyenne est reve­nue juste au des­sus des 30km/h. Je suis dans mon objec­tif espé­ré et décide de né pas en faire plus. Face au vent, je me mets en posi­tion aéro, tête dans le gui­don et file entre 30–35km/h en essayant de né jamais for­cer. Arri­vé à l’aéroport, je des­cends sur le petit pla­teau et remonte la pro­me­nade en tour­nant les jambes. Le mara­thon approche, je croise les pre­miers cou­reurs, il fait chaud, je suis fati­gué et inquiet.

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Aire de tran­si­tion : ACTE II

Ca y est, 2ème fois dans l’air de tran­si­tion. Je recroise un légion­naire que j’avais vu lors du vélo et lui fait part de mon inquié­tude : « Pffff ! Ca va être dur ! », il me répond : « on est là pour ça » et né peut que lui dire : « oui, c’est vrai ! ». Je raconte ça car c’est un des rares dia­logues que j’ai eu pen­dant la course et que celui-ci m’a cer­tai­ne­ment remo­ti­vé au bon moment. Bref, tran­si­tion assez rapide, chan­ge­ment de chaus­settes, cas­quette, crème solaire, bou­teille de powe­rade et c’est par­ti pour ce mara­thon tant redou­té !

Je sors, et là c’est fort ! Musique à fond, la foule, du bruit…

un coup d’œil à la FINISH LINE, 07h05, j’enlève les 5 minutes des pros….cool, je suis en 7h00 comme « pré­vu » ou plu­tôt espé­ré ! Si je suis capable de faire la course à pied en moins de 4 h je peux être sous les 11 h dou­ce­ment espé­rées ! Emo­tions obligent, je pars trop vite mais un coup d’œil à mon Gar­min me freine tout de suite. Après dif­fi­cile de racon­ter, tout est vague.

1 er tour, aéro­port, pause pipi, je repars dur dur.

Fin 1er tour, 1er chou­chou, 1ère vic­toire : je récu­père un chou­chou et d’un poing rageur fait « YES » ! Je connais main­te­nant cette boucle de 10,5 km. Allez encore 3 fois !

2 ème tour, aéro­port, j’entends der­rière moi, « Vas‑y Fran­çois ! ». Je me retourne, c’est Cha­baud qui arrive à moi­tié en mar­chant à moi­tié en cou­rant. Je me dis que même les pros peuvent cra­quer !! Il arrive à ma hau­teur et je lui dis : « Vas‑y Fran­çois ! Allez l’armée de terre ! ». Il lutte un peu, peste puis arrive à se relan­cer et s’éloigne tout dou­ce­ment de moi. Il lui reste 5 km, il m’en reste 25 !

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Fin 2ème tour, 2ème chou­chou, 2ème vic­toire. Semi-mara­thon pas­sé en des­sous des 2 heures, conti­nues mon gars, t’es sur la bonne voie ! 3 ème tour, il y a de plus en plus de mar­cheurs, je les double, les croise et me dit : « toi, il n’en est pas ques­tion ! ». L’allure baisse, je regarde très peu mon Gar­min. Gels, douche, ravi­to, course à pied, douche, marche aux ravi­tos, course à pied…………………

3 ème chou­chou, 3ème vic­toire, la pro­chaine c’est l’arrivée !

Il reste un tour, le der­nier pour être un Iron­man, tu né peux plus cra­quer !et c’est reparti……dans le dur ! La rou­tine, de ravi­to en ravi­to, de douche en douche. La tête droite, la bouche ouverte, le regard vague fixé vers le bout de la route, je pas­sé au milieu des béné­voles tel un zom­bi. Je tends les bras pour sai­sir les gobe­lets, bois le coca, me balance l’eau à tra­vers la figure. Der­nier demi-tour, j’aperçois encore une fois au loin ce mau­dit Negres­co, qu’il paraît loin, que cette pro­me­nade des anglais est grande ! 1 km après, la frin­gale arrive d’un coup. Heu­reu­se­ment les ravi­tos sont proches et je m’envois deux gros mor­ceaux de bananes, un gel. Il me reste 3 km, je sens qu’il est tant que ça se finisse !
Encore un gel, le tout der­nier, le sprint air, le der­nier pré­vu et la fin qui approche ! Je remonte la fer­me­ture éclair de la tri­fonc­tion, enlève la cas­quette, mets les lunettes sur la tête, bref me fait beau pour l’arrivée !

La classe quoi ! Je tape dans la main du contrô­leur de chou­chous qui me dit : »Bra­vo Régis ! ». Je serre le poing « YES !».

Je n’ai plus mal ! virage à droite ser­ré, 10m, virage à gauche ser­ré et là ……… ……..Mes­dames, Mes­sieurs ! Tapis bleu ! Foule ! Bruit ! Musique ! Spea­kers !

Et FINISH LINE !!!!!

Ce moment, je l’ai rêvé, ima­gi­né sous toutes ces formes durant tous ces longs entraînements………j’y suis !

Mes enfants sont là, à m’attendre sage­ment. Ils ont le sou­rire, j’ai le sou­rire. Leur tee-shirt fait pour la fête des pères est enfin vrai : « MON PAPA EST UN IRONMAN »

Je leur prends la main et leur dit : « dou­ce­ment », mais ils ont la pêche et m’entraîne à toute allure vers la ligne. Je cherche du regard ma ché­rie mais né vois plus rien.

En un éclair, m’y voi­là, je ferme les yeux, lève un bras au ciel le poing fer­mé et comme dirait le spea­ker : REGIS, YOU ARE AN …………………..IRONMAN !!!!!!!

Résul­tats Iron­man 2012 – NICE

Régis ter­mine l’I­ron­man de Nice 2012 en 10:51:21 avec une nata­tion en 1:05:16, un vélo en 5:44:12 et un mara­thon en 3H51

Ironman France Triathlon