Ce que vous ne verrez pas…
- des athlètes affutés
- le pin’s à gauche de la médaille
- sur la boite du podium… en train de boire une bière
- le château de karlsruhe
- le cul de Frodeno à la papit’
- Jahr gehts in Gochsheim gemütlicher den Berg hoch
- mon tee-shirt Finisher des ravitos
Ce que vous verrez de l’Ironman 70.3 de Kraichgau 2019
À BAD SCHÖNBORN – KARLSRUHE.
Kraichgau : connu comme le pays des 1000 collines, la région offre tout : de beaux paysages, une course exigeante et une ambiance de folie sur les parcours vélos et course à pied.
La journée s’annonce très chaude…. les triathletes de Chantilly sont déjà dans les SAS de départ sous le cagnard… je tombe sur Fred en sortant du parc à vélo… on décide de partir à la natation ensemble… on file s’abriter sous les arbres… pour écouter les coups de canon pour les différents départs des Pros et Groupe d’ages…
Je vois une aire de jeu d’enfants sur la plage avec une sorte de pompe à puiser… nous voilà à faire des bombes à eau avec notre bonnet rouge Ironman 70.3 pour nous rafraîchir… c’est pas trop le moment pour nous deux de faire un régime sudation. (Rappel : Ne jamais innover avant le départ d’une course)…
On s’incruste à la fin d’un SAS (celui de 35-40 ou 40-45… CQFD Temps = Age)… c’est parti… les éternels questions arrivent…. ça va être long ? Bon la 1ère bouée… ah ouais… j’essaie de tirer droit pour éviter de nager plus que la distance… quand t’as pas de volumétrie à l’entrainement… t’essaye d’en faire le moins possible en course aussi… un début de crampes à 200/300 mètres de l’arrivée… ça commence… je cherche Fred du regard… personne… je me déshabille dans l’eau car pas habitude les transitions du label sont longues avec un changement dans les tentes…. je sors de l’eau crampée avec ma combinaison avec une horde de pingouins en Néoprène en train de courir… je file dans la tente de gauche… toujours pas Fred… je sors de la transition en moins de 3 minutes… je vois le vélo de Fred en sortant… je m’inquiete un peu car je ne pense pas avoir fait une bonne natation… au final… je l’ai doublé sous la tente… c’est tentant de rester plus longtemps avec la combinaison avec un banc pour se changer 😁
C’est parti pour le vélo… j’avais repéré les seules 8km de plat en voiture… je sais à quoi m’attendre… la course est déjà calculé grâce à Best Bike Split avec mon niveau actuel. Mon compteur m’indique les watts à mettre pour espérer courir sans trop me cramer en vélo…. la stratégie m’indique un temps final à 6h… dans un très bon jour…
Je remonte les gens.. toujours pas de Chantilly… ni de Fred… la route est un billard… j’attaque les coups de cul… j’essaye de bien basculer au sommet… les descentes sont longues et pas techniques… je double Frodeno à 54km/h… pardon je le croise en sens inverse… en train de monter…. je croise ses concurrents plus tard le ventre sur les prolongateurs en descente… j’écoute le bruit des roues pleines… ça donne envie de faire la sieste au pied d’un arbre…. les coups de cul démarrent toujours pas à un virage à 90 degrés…
D’ailleurs un concurrent se relève le visage en sang devant moi… les secours étaient à 10m… je continue ma course… je suis un peu en retard sur mes temps de passage… c’est pas grave… je profite du terrain de jeu… en gardant sous la pédale… la chaleur m’effraye pour la course à pied… j’avais lu quelques cr en disant que le semi était casse-patte… je profitais du paysage des collines et de l’instant présent…. au milieu de tous ces supporters…. chaque village traversé avait joué le jeu… des stands de bières… une vrai fête…
Bon, revenons à la course… malgré la qualité du revêtement… je me pose la question si j’ai crevé ou si le goudron a fondu avec la chaleur… plus trop de sensations… j’avance plus… le bruit se mêle à cette sensation… je vois un rayon sortir de ma jante… oui j’ai cassé un rayon… je garde mon calme étrangement… je me prends la tête pour le retirer complètement, je pense être dans la dernière montée… et ben non… reste 15-20 bornes j’entends la tête de rayon s’amuser dans mon pneu… peur de crever… je rentre tranquille… cet épisode ne changera pas l’histoire de ma course… vu mon investissement aux entrainements…
J’arrive au parc à vélo… je balance mon vélo à un bénévole comme les pros à Kona… je fais une transition rapide… bon il va falloir courir… comment dire… à quel moment…. je dis que Strava m’indique en bilan annuel : 111km depuis janvier (Bike and run compris)… j’ai peut être rajouté dedans le samedi où on a nettoyé le parc de l’ile Saint-Maurice… les 37 degrés m’inquiètent… ça part en ville… nous sommes protégés du public par des barrieres… je trouve ça moche… ça descend… ça monte… ma montre bip… 2 km… j’avais l’impression d’etre au 5eme… ça cogne… je decide de courir seulement sur les parties ombragés… et de marcher rapidement… c’est parti Diniz… je croise Chantilly… plusieurs fois… certains sont blancs… ont vomi 3 fois… je marche avec un, je me dis que ça va me faire passer le temps plus rapidement à papoter.. surtout qu’il était livide…. il est dans son dernier tour…
je me retrouve à nouveau seul… je décide de jouer avec le public pour me faire passer le temps… je fais semblant de choper une bière sur une table… on me parle en allemand malgré mon drapeau français sur mon dossard…. une supportrice me tend sa biere… je la bois… c’est la standing ovation….
ça monte et ça descend…. le parcours est très exigeant même en marche…. ça va être long… je me dis que je fais de la récup active… et que c’est bon pour la santé… mais ça va être long… je cherche des triathletes français… je tombe sur une sardine de Cassis…. en faites, le mec habite Strasbourg… va comprendre… à la fin du 2eme tour… j’espère être doublé par Fred ou un mec de chantilly pour finir ensemble en parlant… Fred me doublera au 18ème km… on papote un peu… il a encore un peu de force pour finir en courant… je suis au bord des crampes avec cette chaleur… je finirais 2/3 minutes derrière lui…
Dans la continuité de l’excellent CR de Bruno…
Pour ma 2nde année de triathlon, j’ai opté pour le 70.3 de Kraichgau (Allemagne).
L’objectif personnel est clair, réaliser un full ironman l’année de mes 40 ans, en 2020. Bien sûr, je dois passer pour ça par les distances intermédiaires…XS, S, M, mais à présent avec l’étape du 70.3, les choses deviennent sérieuses !
Il faut dire qu’auparavant, j’avais toujours été un athlète « affûté », de niveau international…pour le dégommage de paquets de chips sur canap’ devant la TV ! Alors pour ce changement de discipline, il me faut tout recommencer de zéro !
Aujourd’hui, 2 juin, l’adrénaline monte en flèche, pas le stress bizarrement. Il est 8h30 et j’ai hâte d’entrer en jeu. Accompagné de Bruno, on monte les escaliers de l’échafaud jusqu’à arriver sur la plage de départ.
9h00, départ des pros. impressionnant… mais avec Bruno on a une autre préoccupation… chercher de l’ombre car on sait que notre départ n’est pas pour maintenant !
Le soleil tape déjà fort, au loin Bruno a la vision d’un oasis ! miracle ! une pompe qui récupère l’eau du lac…on y fonce pour s’y rafraichir, le ridicule ne tue pas ! Et l’espace se transforme vite en air de jeux pour enfants à bonnets rouges et combis néoprènes… l’idée devait être bonne.
La natation à Hardtsee
Les concurrents partent les uns après les autres, le rolling start c’est bien, mais ça prend un temps fou quand on attend sous un soleil de plomb. Alors on prend une décision salutaire, on avance d’un cran notre sas de départ quitte à être bousculé par meilleur que nous. On se faufile, et on arrive rapidement dans les racks de départ, il est aux alentours de 9h45, un dernier encouragement à mon pote et le bras se lève pour nous laisser enfin nous confronter à nous-mêmes.
Cette fois c’est bon, je me sais seul pour quelques heures, il est temps de se concentrer sur la glisse pour ne pas se griller. Dès le début je me sens bien, la nage est fluide pour mon petit niveau, la respiration naturelle, je prends mon pied comme jamais dans cette eau limpide, agréable. Il est pourtant pas si loin le temps (1an ½) où j’étais pas foutu de mettre la tête sous l’eau sans me boucher le nez…les progrès sont là, il me faut simplement tenir la distance et sortir frais. Je garde le cap et limite les zigzags. A peine un peu de bagarre au passage des bouées.Dernière ligne droite vers la plage, ma nage est moins fluide, je fatigue et m’agace de ceux qui prennent mon sillage. Mais j’arrive finalement, wouah…je me sens bien, pas vraiment entamé, le pied !
La T1 de Kraichgau
Je récupère mon sac, vais m’assoir sous la tente, regarde autour de moi, pas de Bruno. Il a dû me passer dans l’eau et dois déjà s’envoler sur le vélo ! Je mets un temps fou à me libérer de ma combi (comment est-ce possible putain, j’ai perdu 10kg et l’enlever est devenue plus dur qu’avant !).Je prends le temps, et puis les mecs discutent, rigolent, je me dis cool l’ambiance ironman ! bref, avec près de 7 minutes à sortir de T1, j’ai dû me croire au club med ! Je continue à chercher Bruno…je m’inquiète un peu, c’est étonnant (j’apprendrais plus tard qu’il m’est passé devant sans que je ne le vois grâce à une T1 plus rapide).
Le vélo à Kraichgau
Sur le vélo, les sensations continuent d’être bonnes, c’est assez plat au début, ma vitesse au-delà des 30kmh. Ca ne dure pas longtemps ! Le parcours prend du relief. Je passe les difficultés tranquillement à mon rythme, inutile de se griller, on est parti pour quelques heures sur la selle et je me sais sous-entraîné.
Les bosses sont longues mais le dénivelé reste abordable, ça passe. Au 20ème km je croise J.Frodeno, je suis en descente, lui en montée, il a une allure de dingue, pas un poil de nez qui dépasse, l’instant dure trop peu de temps, il passe comme une flèche et le bruissement de sa lenticulaire me donne des frissons ! Le moment passé, je me mets à penser qu’il a déjà 50km d’avance sur moi…rude le coup de bambou ! Je profite tout de même de la vision de ses concurrents à ses trousses !
Les kms se succèdent, les difficultés s’enchainent, je les avais sous-estimées. Sur un nouveau faux-plat montant, je me fais dépasser par une concurrente qui se cale devant moi, elle est comme moi, pas au mieux, et je ne décroche pas, restant à ses côtés… erreur, je me suis fait rattraper par la patrouille…carton bleu ! Je vais devoir passer par 5 minutes de pénailté ! Fais ch…, moi qui prenais le vent de face, mais ne respectais juste pas la distance minimale…
A la penalty box, les minutes passent lentement, ça m’énerve, je suis là pour avancer… Et puis je me calme, repars requinqué. Je reprends des dizaines de concurrents, ce repos m’a finalement fait du bien.
Les dernières bornes sont compliquées mentalement, le profil montrait pourtant une fin d’étape en descente, mais ça grimpe encore et toujours. Passé le km 70, je commence à fatiguer réellement. Les émotions reprennent un peu le dessus, je desserre mes chaussures, repense à toutes les galères, entre blessure, perte récente d’un être cher, naissance de mon fils dans la foulée…les jours ont été durs, les nuits courtes, je n’ai que trop peu d’entrainement, 4/5 semaines tout au plus, comment je peux finir un truc pareil ?…et je n’ai même pas commencé le semi…
Je m’accroche aux mots d’encouragements de mes amis, de mes supporters présents sur place, des gens sur le bord des routes. Et pour toutes ces galères, je sèche les larmes et me re-mobilise, ne pense plus à rien, qu’à avancer.
Je pose enfin le vélo, il ne reste déjà plus des tonnes de sacs rouges sur les racks…
la dernière transition
Une transition tranquille, je n’ai de toute façon plus les moyens de faire autrement. Je prends donc le temps de lasser mes chaussures, visser ma casquette sur la tête et avaler une dose de gel dont j’espère qu’il me donnera un coup de fouet longue durée (ça marche jamais assez ces trucs-là !).
La course à pied
Là commence le calvaire ! La température est à son apogée, 37 degrés, et je ne suis pas au mieux. Je crampe déjà et marche sur les 2 premiers kms. Je croise Bruno sur le retour de circuit, il est donc bien devant et me lance un truc du genre « p’tain il est trop casse-pattes ce parcours ! »… l’enfoiré ! je suis déjà au bout du rouleau ! Bon, ben on va essayer de courir quand on pourra…Je recroise plus loin, toujours en sens inverse, notre Bruno marchant avec un chantilly triathlon au visage livide, wouah tout le monde prend cher avec cette chaleur…c’est con mais ça me rassure.
Les kms passent sans que je ne les vois réellement, je manque de lucidité, ne cours que sur de petites distances, n’arrivant pas à coordonner souffle et jambes, mais il faut avancer coûte que coûte.
Les ravitos font du bien, ils sont nombreux et variés, merci le label ironman, tout est là…eau, coca, redbull, éponges humides, douchettes, etc… L’eau est fraîche, et les désagréments gastriques font leur apparition, ils me tiendront jusqu’au bout. On y va au mental, c’est vu d’avance mon temps de cap sera très décevant, mais hors de question de reculer.
Je finis par rattraper un camarade de chantilly triathlon, il est au bout du rouleau et je me vois l’encourager, moi qui ne suit pas plus en forme. Il décroche, je me remets à courir et arrive sur les traces de Bruno…aahh du réconfort ! on reste un peu ensemble, l’arrivée n’est plus très loin.
Le soleil brûle nos peaux devenues rouges, on est sur le grill, et les coins d’ombre sont rares… Je finis par décrocher involontairement Bruno après avoir repris un semblant de course à pieds sur une portion descendante. Alors je continue, reste 3km.
Enfin le bout du tunnel ! La vue de ma famille et amis, les applaudissements, le tapis de l’orga, les tribunes, le speaker…c’est fait ! Bruno me suivra de près, on se congratule et on récupère notre souffle, difficilement.
Le parcours a été exigeant, les conditions éprouvantes…notre faible volumétrie nous a fait défaut, c’est sûr, mais le mental nous a fait tenir bon…Et ça restera surement le message à retenir…peu importe notre niveau, il est possible de réaliser de belles choses tant que la tête nous fait avancer.
Et la tête est déjà aux prochaines échéances !