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Chal­lenge Roth 2010 de Thier­ry

Challenge Roth 2010
Chal­lenge Roth 2010

Ce jeu­di 15 juillet 2010 matin, Nico vient me cher­cher à la mai­son. Grand luxe, nous dis­po­sons d’un camion. C’est celui du club cycliste de Ran­ti­gny, que nous avons loué pour un tarif très concur­ren­tiel. Il est très pra­tique car il dis­pose d’un large com­par­ti­ment arrière équi­pé pour trans­por­ter ver­ti­ca­le­ment les vélos, ain­si que d’un espace pas­sa­gers sur 3 ran­gées. Tout ce qui est néces­saire pour trans­por­ter des tri­ath­lètes et leur bar­da.

Nous pas­sons à St Leu cher­cher Oli­vier, Fred et Denis, son père. Moi qui suis par­ti en sup­ports-chaus­settes, je constate qu’Olivier est par­ti pour un mois. C’est bien simple, il démé­nage. Quant à Fred, il emporte 10 car­bo-cakes faits mai­son, notre fil rouge de ces pro­chains jours. Le camion est par­ti­cu­liè­re­ment bien rem­pli mais la bête en a sous le capot. Nous nous arrê­tons pour man­ger après Metz, puis repre­nons la route. Moi qui ai beau­coup de fatigue accu­mu­lée, je dors. Les auto­routes Alle­mandes sont égales à leur répu­ta­tion. Bilan 1h30 de bou­chon, scot­chés sur place.
Nous essayons de pré­ve­nir le cam­ping de notre retard. La per­sonne au télé­phone né fait aucun effort et né parle que l’Allemand. Très com­mer­çante, elle nous rac­croche au nez. Enfin nous arri­vons à Nürm­berg. Nous trou­vons le cam­ping, mais évi­dem­ment, l’accueil est … fer­mé. Après 15’, nous arri­vons à faire sor­tir le gérant de sa cui­sine. Nous pre­nons enfin pos­ses­sion de nos mobil-homes.

Pen­dant le repas, l’ambiance est excel­lente. Il faut cepen­dant par­ler assez fort, car nous sommes juste à côté d’un stade dans lequel à lieu un concert de Pink – Une chance, elle n’en donne pas beau­coup à ses fans. A 23h00, c’est le silence. Excel­lente nuit.

Recon­nais­sance de Roth & Vil­lage

Ce ven­dre­di matin, nous nous sommes levés de bonne heure pour aller nager. Nous pre­nons dou­ce­ment nos marques au niveau du parc fer­mé natation/départ vélo. Tra­duc­tion, Oli­vier et moi allons mettre de l’engrais dans le champ de maïs voi­sin. 150 à 200 ath­lètes sont pré­sents sur le site. La nata­tion se pas­sé dans un canal à grand gaba­rit, qui est inter­dit à la navi­ga­tion pen­dant l’entraînement. A 9h00, le bateau de la Poli­zei fait sor­tir tous les retar­da­taires de l’eau, et rend le canal à son usage prin­ci­pal. En Alle­magne, l’heure c’est l’heure. Heu­reu­se­ment que nous sommes en phase avec la rigueur Ger­ma­nique. Déjà une péniche arrive.

Nous nous séchons sous un grand soleil, et par­tons vers Roth, pour le retrait des dos­sards. Nous décou­vrons le site d’arrivée, ain­si que le vil­lage des expo­sants. C’est énorme, et nous sommes inca­pables de comp­ter le nombre impres­sion­nant de stands. Nous ache­tons des tee-shirts qui portent la tota­li­té des noms des par­ti­ci­pants de cette édi­tion.

Nous par­tons ensuite pour la recon­nais­sance du par­cours vélo. Sur­prise, alors que j’avais com­pris que c’était plat, il y a des côtes. Au pas­sage, le Stein­berg me semble assez raide. Nous conti­nuons à rou­ler. C’est long. Nous tra­ver­sons le vil­lage de Steindl, dans une bosse qui m’inquiète beau­coup. Vers midi, je né suis pas bien. Avec la cha­leur, l’entraînement et le petit déjeu­ner qui est main­te­nant loin, je fais une petite hypo. Nous nous arrê­tons pour faire des courses et ren­trons au cam­ping pour man­ger. Ouf, je dévore et me refais une san­té.
L’après-midi, je fais de la méca­nique pour m’occuper : chan­ge­ment des pneu­ma­tiques + net­toyage + der­niers réglages. Bön c’est vrai, je suis un peu à la bourre.

Deux tri­ath­lètes de Beau­mont prennent pos­ses­sion du mobil-home en face du nôtre, pour le plus grand plai­sir d’Olivier qui trouve 2 nou­veaux inter­lo­cu­teurs tout frais. Nou­veau retour à Roth pour la Pas­ta par­ty. Nous entrons sous une tente gigan­tesque. Plus de 2000 per­sonnes sont pré­sentes dans une vraie four­naise. On peut man­ger de tout à volon­té, dans une orga­ni­sa­tion sans faille. Bön, il fait vrai­ment trop chaud et nous retour­nons baver d’envie devant les vélos dans les stands.

Cette nuit là, un énorme orage va sono­ri­ser et éclai­rer le cam­ping. Le len­de­main matin, tout est trem­pé mais la pluie a ces­sé. Une légère brume de vapeur flotte. Nous allons à côté du parc fer­mé pour essayer les vélos et recon­naître les pre­miers et der­niers kilo­mètres. Je suis très bien. J’avais besoin de ce moment. Enfin je suis dans la course.

Au bout d’une heure, nous allons direc­te­ment mettre en place nos mon­tures dans le parc fer­mé, sans attendre un seul ins­tant. Il n’en sera pas de même pour ceux qui vien­dront en milieu d’après-midi. L’organisation est vrai­ment top, et des jeunes béné­voles nous donnent des housses pour pro­té­ger les vélos durant la nuit. Le parc fer­mé a vrai­ment fière allure.

Nous orga­ni­sons un piqué nique au bord du canal. Nous sommes déten­dus et l’ambiance est vrai­ment très bonne. Oli­vier joue la Vou­vou­ze­la avec une éner­gie qui force l’admiration. Il est vrai que l’excès de car­bo-cakes mai­son met nos intes­tins à rude épreuve. Nous avons les armes pour lui répondre dans un concert d’hilarité. Il faut bien maî­tri­ser le stress comme on peut.

Vers 17h, nous allons assis­ter au brie­fing pilo­té par G. Hem­mer­lin. En syn­thèse, les Fran­çais draftent et sont connus des arbitres pour cela, les 10 der­niers km de vélo sont très dif­fi­ciles, … Patrick Ducerf, un col­lègue de tra­vail qui par­ti­cipe éga­le­ment, vient me saluer.

On se couche de bonne heure dans l’espoir d’une bonne nuit de repos. Après 10’, un mous­tique vient me tenir com­pa­gnie. S’engage un com­bat que j’arrive à gagner. Alors que je tente à nou­veau de m’endormir, je reçois un SMS de mon Nat qui me sou­haite bonne chance. Arrivent alors les ron­fle­ments de Fré­dé­ric qui dort dans la pièce à côté. Je siffle. Je vais même le tour­ner sur le côté pour limi­ter le bruit. Il se réveille hagard, se deman­dant ce qui se pas­sé. Je né dors pas de la nuit.

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Au matin je suis explo­sé. Je note que dans le mobil home à côté, Nico est dans le même état que moi. Nous savons cepen­dant que cette der­nière nuit n’a pas d’importance. Nous arri­vons de nuit sur le site de départ. Les routes sont bar­rées un peu par­tout, mais Denis sait où aller sta­tion­ner. Nous arri­vons dans le parc fer­mé, après une der­nière pho­to et les tra­di­tion­nels encou­ra­ge­ments.

Nous nous affai­rons à pré­pa­rer notre équi­pe­ment et à nous assu­rer que tout est prêt. Je récu­père la pompe pour mon­ter en pres­sion mes pneu­ma­tiques. J’ai un stress énorme qui me prend l’estomac. Je pleure et né vois plus le mano­mètre. Fré­dé­ric le remarque et s’éloigne un peu.

Flash-back : J’ai le sen­ti­ment que ma pré­pa­ra­tion n’a pas été très bonne. Lors de mon prin­ci­pal test, au tri­ath­lon du « Lac de la forêt d’Orient », j’ai effec­tué une très mau­vaise nata­tion. Mon vélo a cepen­dant été cor­rect, avec pour la pre­mière fois de ma vie un pro­lon­ga­teur (à 47 ans, il était temps). Heu­reu­se­ment que la pluie est arri­vée car j’ai eu un gros coup de chaud vers le milieu du par­cours. Ma course à pied a été labo­rieuse, avec les 10 der­niers kilo­mètres d’extrême souf­france, et la vision de Greg qui me lâche, mètre après mètre. Bref, bien que 3ème de l’ASTRE, la per­for­mance n’est pas superbe et la confiance que je suis venu cher­cher n’est pas au ren­dez-vous.

Point posi­tif au fait de né pas avoir bien mar­ché, au contraire de Ven­dôme il y a 2 ans, je né suis pas bles­sé. C’est quand on approche de son maxi que l’on ris­qué les pro­blèmes. Mani­fes­te­ment, j’ai encore de la marge. J’ai éga­le­ment effec­tué un dépla­ce­ment pro­fes­sion­nel d’une semaine en Chine, 15 jours avant la course. J’ai cepen­dant réus­si à effec­tuer 2x 1h15 sur tapis de course. Du coup, j’ai fait une grosse hypo lors de ma der­nière sor­tie vélo, après avoir bataillé avec un groupe que j’avais rat­tra­pé au train, mais dont les plus forts mon explo­sé dans une côte. Cerise sur le gâteau : Lors d’un jog­ging 8 jours avant, sous le soleil de … Béthune, j’ai dû m’arrêter au bout de 50 minutes, rôti au sens propre comme au figu­ré. J’ai cepen­dant un bon fon­cier, mais mon volume est loin de ce que j’avais réa­li­sé pour Embrun.

Le jour J : Roth 2010

La pres­sion est retom­bée. Ca va mieux. Nous allons assis­ter au départ des pros. Ensuite, à 6h20, c’est le départ d’Olivier et Nico. Coup de stress, je né vois pas mon sac de tran­si­tion. Je rentre pour le cher­cher, mal­gré les arbitres qui font sor­tir tout le monde. Ouf, je le retrouve un peu plus loin. Arri­vé très tôt alors que per­sonne n’avait dépo­sé ses affaires, je me suis trom­pé d’une cen­taine. Encore un petit séjour aux toi­lettes, et je suis paré. Je vois sor­tir les pros de l’eau. Mon tour approche. J’enfile ma com­bi, mais n’arrive pas à la fer­mer. Un Alle­mand m’aide et me sou­haite bonne chance.

Je rentre dans le sas. Nous né sommes que 200, avec notre bon­net « lumière », un jaune très pâle un peu fluo. Ce départ est consti­tué de tri­ath­lètes qui ont indi­qué 10h45 comme objec­tif. J’étais bien pré­somp­tueux il y a un an. C’est à nous de ren­trer dans l’eau. Elle est super chaude. J’arrive à uri­ner avant le départ. Ca, c’est fait. 7h00, enfin nous par­tons. Je suis bien. Sur ma gauche, 3 mont­gol­fières donnent un air de fête.

Le pre­mier aller se pas­sé bien. Je rat­trape des nageurs du groupe par­ti 5’ devant, puis 10’. C’est mon tour de me faire dépo­ser par un groupe de furieux, tota­le­ment insui­vable. Retour après le demi-tour au pont. Je suis à 2 m du bord. Je vois les gens sur la berge qui applau­dissent. Je m’appliqué un maxi­mum pour glis­ser, et né pas lais­ser trop de forces dans l’affaire. J’aperçois le pont proche du départ. Il est noir de monde. Moi qui pen­sais virer juste après, je me rends compte que la bouée est encore très éloi­gnée. Quand faut y aller … Enfin, elle est là ! Der­nier demi-tour pour reve­nir vers le parc fer­mé. Cette nata­tion n’en fini pas. 3,8 km pour moi, c’est vrai­ment très long. Enfin, j’en vois le bout.
J’arrive à la sor­tie où des jeunes gens en com­bi, de l’eau jusqu’à la taille, nous aident à nous redres­ser. Un monde fou qui applau­dit et une musique d’enfer. Je cours au milieu des ran­gées de sacs et attrape le mien, …, au bon endroit. Arrive la tente. Une brave dame m’aide à me chan­ger, ce qui me per­met d’effectuer ma tran­si­tion dans un temps hon­nête pour une fois.

Trou­ver mon vélo dans cette marée d’aluminium et de car­bone. Enfin le voi­là. Je bourre mes poches avec le ravi­taille­ment, dont au moins 350 g de pommes de terre.

Chal­lenge Roth : le vélo

C’est par­ti. Les sen­sa­tions sont bonnes. Je pas­sé sur le pont puis plonge pour 5 km de faux plat des­cen­dant, his­toire de bien se mettre dans le rythme. Je tra­verse le pre­mier vil­lage, noir de monde. Je devrais dire, jaune de monde. Des cen­taines de mètres de tables et de para­sols jaunes de part et d’autre de la route, avec des gens qui boivent, qui applau­dissent, qui font du bruit avec leurs cré­celles. En grand vain­queur du prix Orange du tri de la forêt d’Orient, je salue tout le monde. Je né sais pas encore que je né vais pas arrê­ter de la jour­née.

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Je tourne sur la gauche (la droite c’est pour dans 170 km) et je découvre le pre­mier ravi­taille­ment vélo. Dan­tesque. Sur 150 m au moins, les mili­taires sont ins­tal­lés avec une rigueur toute ger­ma­nique. Filet de camou­flage pour recueillir les bidons vides. Ensuite c’est Wasser/water, Iso, barres, bananes, Was­ser, ….

Second vil­lage, encore des encou­ra­ge­ments. Je rentre en forêt et pas­sé la pre­mière bosse. Une famille est ins­tal­lée là, et sono­rise le coin. Chaque cycliste à droit à ses encou­ra­ge­ments. Je bas­cule pour 15 km de faux-plat des­cen­dant. « Allez Thier­ry ! ». Tiens, il me connaît ? C’est vrai, j’ai mon pré­nom sur mon dos­sard. Je vais ensuite encou­ra­ger tous les Fran­çais ren­con­trés (mais sur­tout les dames, par­ties avant). La moyenne est vrai­ment superbe. On se bagarre un peu avec un superbe ath­lète Espa­gnol sur un Orbéa magni­fique. France : 1 – Espagne : 0

Au détour d’un virage, je vois une fille plu­tôt bien faite, ins­tal­lée dans le fos­sé, la tri­fonc­tion sur les che­villes. Zut, je roule trop vite pour pro­fi­ter plei­ne­ment de ces superbes pay­sages Bava­rois. Arrive la mon­tée de Gre­ding. Fred avait dit que les Alle­mands étaient nuls dans les côtes. Un groupe d’une dizaine me laisse sur place. S’ils sont nuls, je né vous parle pas de moi. C’est clair que je n’ai pas le jus que j’avais à Embrun. Par contre, j’arrive à expri­mer mes qua­li­tés de rou­leur dans les nom­breux faux-plats. Ceci est d’autant plus impor­tant que le vent est pré­sent, sur­tout lors du pre­mier tour.

A chaque fois que j’ai une baisse de régime, je pense à mes gar­çons qui viennent de finir les Frances, et à mon Quen­tin qui s’est arra­ché pour taper 2ème au 200 m brasse. Je n’ai pas le droit de les déce­voir.

Arrive le Steindl, le coup de cul qui m’avait fait peur lors de la recon­nais­sance. Je le pas­sé sans coup férir, en lâchant tous les autres cyclistes. Comme quoi. Par contre, la méchante bosse annon­cée par Fred arrive. Effec­ti­ve­ment, elle est dure, mais pleine de monde pour nous encou­ra­ger. J’apprendrai plus tard que Nico y a cas­sé sa chaîne et y a lais­sé 15’. Je file vers le Solar­berg. Per­sonne dans la ville d’ Hil­pol­stein. Bizarre. Je vire à droite, et là c’est incroyable. Des bar­rières de part et d’autre de la route qui retiennent une foule très nom­breuse, puis c’est le gou­let. La route est noire de monde. Je me tiens la tête tel­le­ment c’est incroyable. Je dis mer­ci, plu­tôt « Danke ».

Il faut prendre son mal en patience, car c’est impos­sible de dou­bler. La foule s’ouvre et se referme quand on pas­sé, dans un bruit assour­dis­sant. Rien que pour ce moment, il faut venir à Roth. La signa­ture d’Embrun, c’est la Casse déserte. A Roth, ce sont les spec­ta­teurs.

La fin du pre­mier tour arrive vite. On remet ça avec tou­jours autant de plai­sir. Dans une bosse, le spea­ker m’encourage : « Tierr­rie Kal­lé von breuil le verrrrrtttt, hop là ! ». Je m’arrête une seconde fois pour satis­faire un besoin natu­rel. J’étais bien déci­dé à m’hydrater, et j’ai res­pec­té mon enga­ge­ment. Deuxième mon­tée du Solar. Il y a un peu moins de monde, car ceux qui suivent les pre­miers sont par­tis pour se pos­ter sur le par­cours course à pied. Quand il y a 140 000 spec­ta­teurs sur un par­cours et de nom­breuses routes fer­mées, il faut savoir anti­ci­per. Denis est très bon à ce jeu là, et a même appor­té son VTT pour pou­voir nous pho­to­gra­phier à plu­sieurs reprises. Il a pas­sé 2 jours à affi­ner son road book pour se pla­cer au bon endroit au bon moment, sachant que nous sommes par­tis dans 3 vagues dif­fé­rentes, et que nos niveaux sont très dif­fé­rents dans les 3 épreuves. Un vrai casse-tête dont il s’est sor­ti haut la main.

Je fais très atten­tion de né pas me faire car­ton­ner par les arbitres, car quand un cycliste Alle­mand te double, il se rabat 50 cm devant ta roué avant. Pour évi­ter toute mésa­ven­ture, et comme moi aus­si je double pas mal, je reste sou­vent au centre de la route. J’ai droit à une sévère remon­trance d’un arbitre qui veut que je res­pecte le code de la route et serre à droite. Ach, ces arbitres Alle­mands !

Enfin je tourne à droite pour filer vers Roth. Hem­mer­lin avait dit que cette por­tion était très dif­fi­cile. Tu parles, je l’avale à plus de 40 km/h.

Arrive la seconde tran­si­tion. A peine au sol, des jeunes se pré­ci­pitent pour récu­pé­rer ton fidèle cour­sier qui a bien don­né. Arri­vé devant la tente, on te tend ton sac « Run ». Nou­velle petite dame devant laquelle je me mets entiè­re­ment nu pour me chan­ger. Je mets en place un pan­se­ment sur la seule ampoule résul­tante de ma pré­pa­ra­tion, mais qui est appa­rue lors de mon der­nier jog­ging (chaus­sures trop raides suite à un pas­sage en machine à laver, impé­ra­tif du fait de mes entraî­ne­ments Chi­nois sur tapis). Cepen­dant, avec la trans­pi­ra­tion, il n’est pas très bien col­lé.

Chal­lenge Roth : 42,2 km

Je pars en course à pied. J’ai de bonnes jambes. Je croise Chris­sie Wel­ling­ton, 7ème au scratch, qui finit son mara­thon, fraîche comme une rose, belle. Incroyable, Cyril Vien­not est 2 minutes der­rière elle.

Le soleil com­mence à se mon­trer de plus en plus. J’appréhende vrai­ment les fortes tem­pé­ra­tures. Heu­reu­se­ment, les ravi­taille­ments sur le mara­thon sont là encore excep­tion­nels. Epon­geage, eau, coca, fruits, barres, gels, … . Tu peux venir ici les mains dans les poches. Tu trouves ce dont tu as besoins tous les 2,5 km. Et des dizaines de béné­voles à chaque fois, qui né savent que faire pour nous conten­ter. Des gamins incroyables d’implication courent si nous lou­pons un gobe­let, alors que 5 autres sont justes après. Pour limi­ter l’augmentation de ma tem­pé­ra­ture cor­po­relle, je m’arrose à chaque fois. Eau, coca, eau. Et un de mes gels tous les 5 km. A chaque fois, je m’arrête pour un ravi­taille­ment de qua­li­té.

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Vers le km 8, je croise Nico. Il est super bien. Oli­vier est 2 km der­rière, pas mal lui non plus. Je pas­sé l’écluse, le vil­lage de Schwand. Le gars Thier­ry tient. Je prends un gel de l’organisation. Erreur. Brû­lures d’estomac durant 15’, qui passent dou­ce­ment. Pre­mière alerte. Je suis dans ma bulle. Je gère mon rythme. Je suis en totale intros­pec­tion, concen­tré sur moi­même, mon ali­men­ta­tion, mon hydra­ta­tion, la tem­pé­ra­ture de mon corps. Je suis inquiet pour mon ampoule car le spa­ra­drap a bou­gé dès le début, mais tout va bien. Pour pas­ser le temps, je drafte comme un malade. Je peux suivre une per­sonne pen­dant 1 km, pour me refaire la san­té et né pas perdre d’énergie à tenir mon rythme. Quand je suis mieux, je double. Vers la mi-par­cours, je croise Fred, lui aus­si très bien.

2 ème par­tie du mara­thon et pas­sage à l’ombré. Le Thier­ry tient tou­jours. 24, 25, 26ème km. A nou­veau Nico tou­jours très bien. C’est gagné pour lui. Je conti­nue. L’écart entre Oli­vier et Nico a aug­men­té. Je le croise enfin lors du pas­sage en forêt. Il semble éprou­vé et man­qué un peu de luci­di­té. Je remarque que je suis à 3 km der­rière lui. Je vais effec­tuer mon demi-tour à Eckersmüh­len. Après être pas­sé au-des­sus du canal, je sens que le coup de barre est proche. Au 30ème sur Iron­man, res­sen­tir seule­ment son pre­mier coup de barre, c’est vrai­ment super. Je sors mon Joker, jamais essayé aupa­ra­vant : Un gel Red Tonic.

Je retra­verse la forêt puis me retrouve au bord du canal. Je drafte tou­jours, mais moins long­temps qu’avant. Je double, je double, … . Imper­cep­ti­ble­ment, j’ai allon­gé la fou­lée. Sûre­ment trop pour ce que mes jambes pou­vaient sup­por­ter en cette fin de Mara­thon. Au 34ème, je suis stop­pé sur 2 fou­lées par une crampe à l’ischio de la jambe droite. Impos­sible de faire pas­ser cette boule de pétanque der­rière la cuisse. Je repense à Embrun, à ma longue marche en atten­dant que mes jambes se remettent à fonc­tion­ner. Encore 8 km à faire. Bön, c’est pas la fin du monde, mais adieu les 11h.

Enfin la crampe pas­sé. Aucune hési­ta­tion, je repars en cou­rant pour voir si ça tient, et ça tient. J’appliqué enfin stric­te­ment les conseils de Marc : « Des petits pas, des petits pas ! ». Et ça tient encore. Tou­jours ces ravi­taille­ments bien gar­nis et ces gamins atten­tion­nés qui crient : « Was­ser, Iso, Cola, … ». Leur éner­gie est com­mu­ni­ca­tive. Mon esto­mac accepte sans pro­blème tout ce que je lui fais ingur­gi­ter. Les pommes de terre et le solide pris sur le vélo en sont la rai­son. Je redes­cends vers la ville. Je fais très atten­tion à ma fou­lée. Je marche dans la bosse avant de ren­trer dans Roth. J’arrive au centre ville. Je débouche sur la place du vil­lage. Des fous. On pas­sé entre les tables, avec des gens atta­blés devant leur bière, qui applau­dissent. De la musique. C’est gri­sant et magni­fique sous le soleil.

Der­nière ligne droite, pas­sage de la ligne de che­min de fer, et enfin ce long final entre les bar­rières. Le tour d’honneur sur le tapis bleu. Cette arche atten­due, mais pas de cra­zy jump. Je n’y ai pas pen­sé. La médaille. Le pont pour entrer dans la zone des tri­ath­lètes. Pas d’émotion. La séré­ni­té. Je né suis pas vidé. J’ai moins souf­fert qu’au lac de la forêt d’Orient. J’ai géré à la per­fec­tion un poten­tiel infé­rieur à celui de l’Embrunman 2008, avec l’humilité néces­saire et beau­coup de métier. Quelques petites erreurs, mais un plai­sir intense de A à Z. Seul le for­mat Iron­man apporte autant d’émotions, de doutes, de plai­sirs, de dou­leurs. Vivre cela à plu­sieurs est un gros plus, car la pré­pa­ra­tion est plus dure que la course. Je rentre sous la tente. De la nour­ri­ture à pro­fu­sion. Je retrouve Oli­vier qui récu­père dou­ce­ment. Il a beau­coup souf­fert de son genou. Je mange avec beau­coup de plai­sir. Je goûte à tout, sauf au salé (on né se refait pas). Je né m’approche pas des tables de mas­sage. C’est sûr que c’est cela qui m’a déclen­ché les crampes à Embrun. On retrouve Nico vers les douches. Il n’y a pas encore trop de monde alors on se pré­ci­pite. Je n’attends pas long­temps avant d’avoir une place. Zut, j’ai oublié mes lunettes de soleil sur ma tête. Cette douche fait un bien fou. Je sors et croise Oli­vier dans la file. Il a oublié sa ser­viette. Je lui laisse la mienne et sors, uni­que­ment vêtu … de mes lunettes de soleil. A quelques mètres, les jeunes femmes prennent éga­le­ment leur douche, et se changent en plein air, der­rière un modeste paravent, et une ouver­ture de plus de 3 m de large. J’aime déci­dé­ment bien la pudeur Alle­mande.

Nous allons à la recher­ché de Fré­dé­ric. Il est pas­sé quelques minutes entre les mains des « Herr Dok­tor ». Ca y est, nous sommes au com­plet. Quelques minutes de marche pour retour­ner au parc à vélos recher­cher nos mon­tures, et retour vers le cam­ping, tou­jours pilo­tés par Denis. Ce soir, Cham­pagne pour fêter nos exploits : Celui qui nous a été remis … lors du tri­ath­lon du « Lac de la forêt d’Orient ». La boucle est bou­clée. Résul­tat final, 10h40 et quelques secondes de bon­heur. Mer­ci à ma famille de m’avoir encou­ra­gé, notam­ment les soirs dans mon garage, dégou­li­nant de sueur sur mon home-trai­ner. Nota : Le compte-ren­du du LD de Gérard­mer écrit par Phi­lippe VDK m’a don­né la confiance et l’envie pour faire du long. Advienne que pour­ra….