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IM Vichy 2018 d’Olivier M.

Hello les Astres,
Alors je profite de cette rude saison où l’entraînement est un peu réduit pour prendre la plume, et pour vous donner l’envie (ou pas) de vous lancer.

Voici mon CR de l’IM de Vichy 2018.
En résumé un IM est une superbe aventure et il faut se jeter si cela vous tente ! Si la tête le veut, le corps suivra. On ne regrette jamais les choses qu’on fait par folie ! L’ironJuw sera le 1er pour certains. Je penserai bien à vous. Pour des raisons évoquées ci-dessous je n’y serai pas mais je vous soutiendrai moralement.
L’Astre est une excellente structure, votre corps sera prêt. L’IM se joue aussi (beaucoup) dans la tête. Toutes les émotions y sont présentes et exacerbées.

Petit résumé rétrospectif en chiffres : 1 passion, 9 saisons de tri, 33 ans avant de m’y mettre, 2 vélos, plus de 80 tris dont 7 half et 1 IM, 12 duathlons, 1 podium, 1 DSQ, 3 DNF, -20 puis +20Kg, 6 crevaisons (1 en course), une maladie chronique grave (1 piqûre/semaine, 4 médocs/jour,) 5 ans sans gluten/maïs/lait, 1 an sans alcool, entre 4-13h sport / semaine, 2h22 sur M.
Bilan prépa : 180km nat + 3708km vélo + 224km CAP

Objectif

Nice était l’épreuve dont je rêvais. Lieu de mes vacances annuelles sur des parcours connus, nage en mer…
Le paradis du triathlète ! La logistique de cette année 2017 a créé l’opportunité : la course a été décalée à fin juillet à cause des événements précédents sur la prom 🙁

L’occasion de concilier vacances familiales et IM.

Mais je n’étai pas tout à fait prêt. +20Kg sur la balance, le parcours vélo me fait peur maintenant. Ce fût un échec ce 1er IM Nice 2017 : DSQ après 15h42 sur un parcours pas fait pour mon quintal à cause du dénivelé et de la chaleur (38° sur le marathon…). Alors je ne pouvais pas resté sur cet échec : Vichy, plus plat, était tout destiné !

L’avant-course

Près d’un an après : arrivé la veille de la course, je récupère mon dossard sans encombre le samedi midi. De même, à la dépose du vélo, des sacs et récupération de la puce, aucun soucis, c’est rôdé, chez IM je n’ai jamais fait la queue : une orga à l’américaine, tout est bouclé en 5 minutes. Il faut dire que je connais les lieux après 2 participation au 70.3 sur ce site.

Le jour du half, petite balade dans le centre-ville. Vichy vit vraiment autour de l’événement, c’est sympa !
Des triathlètes à tous les coins de rues.

Le soir j’avale mon plat de pâtes (sans gluten oblige) et dodo à 21h. Enfin dodo… Le réveil est programmé le lendemain à 4h45. Ca fait tellement longtemps que j’en rêve, que j’ai répété toutes les étapes de ce tri dans ma tête ! La prépa a été ce qu’elle est, il vaut mieux arrivé en sous-entraînement plutôt qu’en sûrentraînement. C’est sûr que là je suis bon ! Sans pression ni sortie ultra longue (pas plus de 120km à vélo cette année), une CAP minimisée pour préserver ma fraîcheur et mes articulations et moins de natation que d’habitude. C’était mon épreuve la plus redoutée à mes débuts du triathlon mais après 1 an à faire 1 séance/semaine de 3,8km j’ai commencé à prendre confiance sur ma capacité à franchir la distance dans l’eau. Comme d’habitude, c’est sur la CAP que tout se jouera.

La nuit est bonne. Je me réveille en étant heureux d’en découdre mais avec une certaine appréhension car la journée sera longue… Je rejoins le parc vers 5h20, il n’est pas encore ouvert et je retrouve mon ami du Poissy Tri qui a pris la navette mise à disposition par l’organisation depuis le centre-ville. Il fallait la réserver mais quand j’ai voulu le faire il n’y avait plus de places disponibles. Bizarrement elle était vide. Peu importe, le centre-ville était vide et aucun problème d’accès au site de si bon matin où il fait frisquet. J’ai une polaire et je la supporte plus que bien.
Le parc ouvre. L’avantage est que nous avons accès à la gigantesque halle des sports où nous pourrons nous réchauffer ! Certains sont déjà en combi pour éviter d’avoir froid. Décidément Vichy n’est plus ce que c’était 😀

Je fonce vers mon vélo où j’installe les batteries chargées de mes dérailleurs, mon compteur, le kit de réparation avec 2 chambres sous la selle, 3 gels sur le cadre et je me dirige vers les pompes mises à dispo par l’orga cadenassées au grillage du parc. Sympa comme attention ! Sauf qu’il faudra que j’essaye 3 pompes avant d’en avoir une qui fonctionne. Et dans le noir on ne voit même pas le manomètre de pression, je profite d’un rayon de l’éclairage de la halle des sports. Nice avait organisé une collecte des pompes avec les N° de dossard dessus, ca c’était vraiment top ! Une bonne idée à reproduire sur les orgas 😉
Une fois mon vélo prêt, je l’abandonne pour aller me réchauffer dans la gigantesque halle des sports et rejoins mon ami. On discute un peu, il croise des collègues de son club, peu nombreux car ils faisaient Nice en objectif club cette saison. Profitant d’une trifonction manches longues, ils prendront des manchettes. Bien leur en a pris… Moi j’y vais « à l’ancienne », une trifonction et point. Parce que je crois toujours qu’à Vichy il fait 35 degrés à un moment de la journée ! Je redoute un peu le vélo car je n’ai jamais fait plus de 20km à vélo avec. Mais de toutes façons quel que soit le kilométrage j’ai toujours mal au séant alors un peu plus tôt un peu plus tard…

L’heure du départ approche, la halle est maintenant animée. Au hasard d’un regard jeté au loin, j’apercois Ludo, mon ancien entraineur natation, de la Team Wellness (Gouvieux). Je suis surpris de le voir là ! Ce n’est pas son coup d’essai à l’IM Vichy. Il a l’espoir de faire le vélo plus léger que ca moyenne habituelle (37-38) pour voir comment ca passe en cap. Mais là il est en galère avec son prolongateur de valves qui est desserré. Je le laisse à sa solution et vais mettre mon costume de nageur toujours bien au chaud dans la halle. Je me dirige vers le départ, mon ami et moi nous lâchons. Je croise Cédric. On n’échange pas beaucoup de mots. A vrai dire, on rentre tous dans notre bulle. J’avale mon gel, placement dans le sas 80-84 minutes mon temps à Nice même si je sais que ce sera plus long suite à un entraînement nat light (plus de séance longue de 3,8km hebdo cette année) et des distances rallongées à Vichy. De toutes façons le combat n’est pas là. J’arriverai au bout de la nat et du vélo quel que soit mon niveau d’entraînement. La vraie question est dans quel état ? Serai-je capable de courir derrière ça ?

NAT

Le départ est donné ! 6 nageurs partent les 8 secondes. Je mettrai 20 minutes à rejoindre la ligne de départ.
La file d’attente façon départ du marathon de Paris est devenue calme et silencieuse. Chacun rentre dans sa course au son de la sono qui hurle à tue tête.
Le crépuscule se lève et il règne sur la retenue d’eau de l’Allier une petite épaisseur de brouillards où les 21 degrés de l’eau contrastent avec les 8 degrés extérieurs. Comme le dit le speaker : vous serez mieux dans l’eau, surpris de sa douceur ! Justement je m’en rapproche, je suis serein, je sais qu’un départ trop rapide se paie.

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Et voilà, c’est mon tour. Pas la peine de courir, le départ est pris sous l’arche où l’on se jette dans l’eau. Point de figure de style, je saute tout simplement dans l’eau. Gloups ! Elle n’est pas si chaude. Mais je compte sur le fait de se lancer pour se réchauffer. Point qui m’aurait effrayé à mes débuts, l’eau n’a pas la transparence de notre lac de St Leu mais il n’a pas la noirceur des douves du château de Chantilly, en tous cas pas au point de m’asphyxier. De même, nous sommes nombreux mais on ne se marche pas dessus avec le rollingstart.

Traversée du lac, j’arrive maintenant à la 1ère bouée pour prendre le lac dans sa longueur. Je me sens super bien, le corps léger, sûrement grâce à la température adéquate de l’eau. Comme un bon triathlète, je laisse traîner les jambes, la machine se met en route en mode automatique, je tourne simplement les bras, respi 5 temps au début puis 3 temps. La bouée des 500m apparaît dans ma vision. Encore 7 fois ca 🙂
Je me fais doubler, je double, il y a de tout. J’avance à mon allure et ma montre marque les 200m régulièrement. Confirmation, les distances n’y sont pas, ca sonne alors que je passe la bouée des 500, je suis donc à 400m ou 600m. Je parierai plutôt sur ce dernier. Alors qu’arrive la bouée des 1000m à gauche, à l’est le soleil se lève, laissant une ambiance lumineuse somptueuse. Ca c’est Vichy ! Demi-tour pour aller chercher les premiers 1900m. Rien de spécial jusque là, ca s’accroche de temps en temps mais rien de terrible.

A la sortie à l’australienne j’en profite pour m’enfiler un gel en trottinant. C’est une première mais à Nice, j’étais sorti un peu entamé par la chaleur de l’eau et la déshydratation naissante…C’est un gel liquide alors ca passera sans problèmes. J’ai l’habitude de manger juste avant les entraînements nat. Un excellent moyen de s’habituer au mal de mer !!

J’aime bien les sorties à l’australienne, on prend l’ambiance de la course. On est aux abords du public, comme si on était avec eux et qu’on était aussi spectateur. Je suis bien. Et je resaute dans l’eau. Le gel fait son effet au bout de 200m, je me sens super bien. J’ai envie d’accélérer. Je décide de mettre un peu les jambes. Il est temps, j’ai moins de la moitié du parcours à assurer. 3000m, demi-tour pour la dernière ligne droite. Je m’emmêle régulièrement dans les petites bouées qui marquent tous les 10m les longueurs de ce bassin qui sert aux avirons. On m’y pousse, y’a toujours du monde autour. Puis je vois le ponton d’arrivée. Presque déjà tellement cette sortie était agréable, sûrement le meilleur moment à la vue de ce qui m’attend après… Je sors aidé des bénévoles qui n’hésitent pas à se mouiller. Je cafouille avec ma montre pour marquer ma T1, l’écran est verrouillé.1h29 ouais bon j’aurai aimé mieux mais ma prédiction n’avait pas menti : 4128m de nage à ma montre, et >4000m pour tous les autres avec qui j’ai pu en discuter.

T1

Je trottine, récupère mon sac de transition et me prépare pour le vélo. J’entends « Olivier » hurler au loin… Je sors vélo à la main et voie mes collègues Astres en pleine forme ! Pancarte géante à la main à hurler partout ! Ca me donne la pèche et le sourire. C’est rassurant de reprendre quelques repères en voyant des visages connus après 1h30 de solitude.

VELO

C’est parti pour mon moment préféré : le vélo 🙂
La température n’est pas encore très chaude, j’ai froid. A l’ombre c’est pire, j’essaierai d’éviter ces zones d’ombres. Les premiers kilomètres nous font sortir de Vichy, rien de sensationnel. La lumière y est toujours un peu particulière, toujours comme dans mes souvenirs : rasante et présageant d’une belle journée ensoleillée. Je me sens bien mais je ne fais que tourner les jambes, je n’y vais pas en force comme j’ai l’habitude de faire car je sais qu’au 2ème tour je vais subir sinon. Ma moyenne n’est pas folle, de quoi
profiter de la verdure de la campagne Vichychoise.
Et c’est alors qu’au 25ème kilo nous tombons dans un brouillard ! Mince, Vichy n’est vraiment plus ce que c’était ! Et j’ai encore plus froid. Ben t’as qu’à rouler plus vite ! Non, sinon je sais que ca se finira mal et mon combat est dans le viseur : le marathon. Au 30ème, les fameux ballots de paille en forme de Mdot le long du parcours qu’un agriculteur a mis pour l’occasion depuis plusieurs années. Ca fait fureur sur les réseaux sociaux !
Globalement le revêtement est bof-bof, granuleux. J’ai fait le choix des pneus en 25 super souple pour profiter du confort pour mes vieilles articulations. Et même pas de prolongateur. Si je veux aller vite, je me reposerai en bas du cintre. Les km s’enchaînent, mon alimentation tourne à 1 seul bidon par ravito contre 2 en cas de forte chaleur. 40ème, je commence à avoir mal au cul… La journée va être longue ! Quelques étirements, un peu de danseuse régulièrement et ca me fera passer la pilule. De l’eau en bouteille, ils se font plus chier à remplir des bidons chez ironman ! Et l’énergie drink est trop fortement dosé à mon goût. Je resterai simple. J’ajoute un gel, une barre de temps en temps.

Tiens un type a installer sur un grillage 6 maillots et 6 maillots IM, sûrement un autochtone dont le parcours d’un IM passe devant sa porte ! Beau clin d’oeil ! La campagne est belle, c’est plat mais je commence à
trouver le temps long. Au 70ème arrive alors « la » seule et unique grimpette. Sorti de l’Alpe, ca fait sourire ces 4% sur 1600m 🙂 Y’a un peu plus de monde pour les photos et encouragements avec marquages au sol. On
se croirait presque à une arrivée du TdF ah ah 🙂 La partie dans la forêt est plus valonnée, faîte de tobogans qui montent et descendent.
Puis on reprend la grande route direction Vichy. C’est super roulant. Gros développement : aller faut que ca s’arrête. Mon moral commence à saturer. Je vois mon chrono approcher des 3h30 par tour. Merde, je fais un sub3 sur ce half en étant hyper souple normalement. Ca me fait une base de 7h, ce marathon va être long… ou bien trop court pour pouvoir concrétiser. J’ai soif, j’ai mal au cul. Ouf je commence un peu à me réchauffer c’est déjà ca. Mais c’est vrai qu’il est midi ! Le soleil chauffe plus.Grande descente dans Bellerive sur Allier à fond les ballons grâce à mon poids et (petit moment publicité) la confiance qu’apporte le freinage à disques 8).
On zappe les petites grimpettes du début en pleine ville pour arriver sur le ravito perso du 92ème. Je prends mes casses-dalles : un sandwich (pain sans gluten) jambon sec-beurre et un autre au formage à étaler. Etre debout quelques secondes à pour mérite de soulager mon séant en quittant cette foutue selle. Mais la vitesse de la partie finale et le public m’a grisé. Je fais vite, je mangerai sur le vélo. Et tout passe ! J’aurai dû en prendre plus ! C’est donc que je n’ai pas trop forcé au point de bloquer mon estomac. C’est une bonne nouvelle. Et ce repas me redonne de la lucidité et de la force. Je recommence à apprécier les paysages, l’effort, bref la journée !

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Depuis le début je joue au jeu du chat et de la souris avec Christian. Ce mec est tout en relance, il n’arrête pas comme s’il grimpait un col ! L’anti-triathlète pour un parcours plat sans relances. Je me met à sa hauteur
et lui dit qu’il m’impressionne, je serai incapable de rouler comme ca 🙂 Il m’explique qu’il a perdu une lentille et fait une course avec seulement l’oeil gauche 🙁
Les km défilent toujours, on revoit les mêmes endroits, avec un peu moins de spectateurs le long des routes. J’ai toujours un peu mal au cul, je bouge tout le temps sur ma selle : en avant, en arrière, debout pour drainer tout ca…

Je fatigue et m’arrête à un ravito. Le bénévole avec son allure de pur cycliste me dit qu’il vaut mieux que je roulotte plutôt que de m’arrêter. Je suivrai son conseil… Les pancartes IM marquent 10km de moins que mon
compteur. Bizarre ! Je vire l’affichage du kilométrage pour profiter du moment présent. Je connais le parcours, je sais à peu près où j’en suis. Il faut juste aller au bout. Re-grimpette, un peu plus dur qu’au premier tour !!!?

T2

Puis enfin sortie du parcours, retour au parc et je vois au loin une pancarte Creil qui s’agite ! Mon fan-club s’agitte ! Yes des visages connus. Ca fait toujours plaisir. Je me dis mais ils m’attendent pas depuis des heures quand même !? Sûrement de bons lecteurs du tracker… ? Enfin je vais courir et lacher cette foutue selle. J’ai mal au cul mais j’ai quand même connu bien pire au final malgré les quelques brûlures que ma selle aura laissé. Je pose le vélo, récupère mon sac course, me change et je pars. Les Creillois sont dans la place ! Ils m’encouragent et sont présents malgré ma lenteur. J’apprécie, beaucoup.

CAP

Voilà, la course, MA course, commence. C’est là qu’à Nice j’ai signé ma défaite d’un point de vue moral et physique. A 38 degrés sur la prom fin juillet impossible de monter dans les tours du cardio avec des jambes
en bois sur un parcours vélo pas fait pour moi. C’est lui contre moi. Ça fait 1 an que j’attend ma revanche et j’espère que cette année je pourrai me battre. C’est lui ou moi. Si je ne vais pas au bout, j’arrête le tri. Si je
vais au bout de toutes façons je crois que j’arrêterai de toutes façons… Bon on y est pas. Faisons le bilan. Estomac OK, il est fait pas trop chaud, la cadence et la force dans les jambes imprimé par le vélo n’est pas là comme sur le court distance mais au moins elles ont le mérite de tenir encore debout et n’ont pas l’air aussi lourdes qu’à Nice. Continuons, alors que certains avec qui j’ai posé le vélo marche déjà.

1er ravito, il faut être vigilant, c’est aussi là que ça se joue. De l’eau puis un peu de Vichy célestin. Je déteste son goût mais pour refaire le plein de sels c’est parfait. Un petit fruit pour passer le goût avec des fruits un peu inhabituels : pastèque, melon. Et on repart. Je n’aime pas cette première partie monotone le long de l’Allier. C’est plein de promeneurs ce beau dimanche d’été dans cette belle partie bien fleurie et ombragée.
Enfin à cet endroit c’est surtout plein de proches de triathletes ! Ils tapent des mains, font du bruit, nous acclament, nous félicitent. Évidement tellement en finisse alors que je commence seulement mes 1er kilomètres. Quelle honte. Je m’enferme. Je m’en fou. Je cherche à me mettre dans ma bulle.
Traversée du pont, j’alterne cap et marche sans grande conviction. À cette allure c’est pas gagné. J’arrive au bout du parcours et on repart pour longer l’Allier. Cette fois en plein soleil mais avec une partie bien ombragée dans les parcs fleuris. Le parcours je le connais et il est ainsi plus simple que les 8 longues lignes droites de Nice (bon courage les ironJuw !!). A chaque fois que je marche je me dis que je vais arrêter pour ne pas revivre mon calvaire Niçois. Oui je fais beaucoup référence à ce parcours mais vous l’aurez compris, j’ai une revanche à prendre.

Arrive Laura qui avait l’air de se prélasser en terrasse : « Ca va tranquille ? T’es en rando ou quoi ? » Et oui je marche, mais j’alterne me défends-je. Aller j’ai un petit peu d’honneur, je la quitte en recourant sous ses
encouragements. Avant d’attaquer la partie ombragée je croise la femme de mon ami. Aller je me dois de courir, lui est dans son 3eme tour. Et elle s’est disposé à un super endroit me permettant de la croiser 3 fois en l’espace de 10 minutes. Où sont ma femme et mes enfants ? Au km6 me repond t’elle. Je suis dans le 5ème. Yes !

Puis je les croise juste avant le ravito du 6eme. Ça me fait plaisir. Enfin ! Je suis content de lui dire que ça va bien, que je me sens mieux que la dernière fois 😉 Je continue mon train-train et arrive au bout de mon 1er Tour. Sandrine est dans l’air d’arriver, avec sa pancarte. Elle saute partout ! Je veux son énergie, à défaut elle est contagieuse c’est déjà ça ! Chou-chou N°1 !

Ouf me voilà depucelé ! Je fais des calculs : à 10min/km et en marchant et sachant qu’il reste 30km, ça passe ?

Et au ravito du 13ème kilomètre je tente un truc : coca, vichy célestin, eau plate et un fruit. Quelques minutes plus tard je récupère de la lucidité et presque « des jambes » ! J’ai envie d’accélérer ! Mais non, t’es pas là pour un chrono, de toutes façons c’est mort et surtout la course n’est pas fini. Je cours de plus en plus, marche de moins en moins. Passage aux WC, j’ai la confirmation que loin alimentation est la bonne, je suis réhydraté. Je ferai tous les ravitos sur le même mode. Malgré le volume que ça représente pour moi, ça passe, et c’est le principale !
Au km15 je croise ma petite famille qui s’est mise où je peux la revoir 3 fois en peu de temps. Ça me motive et j’en ai bien besoin. Car le moral tombe souvent dans les chaussettes au cours de la journée. Les petits événements deviennent des ascenseurs émotionnels. Je trotinne mais je commence à me dire « et si… ».
Rechouchou. J’ai un semi au compteur. Finalement je ne réalise pas les distances parcourues. Je suis dans le 3eme, le pire tour comme m’indique un compagnon d’infortune qui boucle son dernier. Effectivement je doute. Je refais mes calculs, mince ça passe pas, bouge toi gros cul. Je vais pas abandonner après tout ces km !? Pff pourtant c’est pas l’envie qui m’en manque. Aller j’arrête tout ! Mais mécaniquement et pendant ce
temps là j’ai ma petite routine : je marche à certains endroits plus par habitude que manque de ressources.
Les larmes me montent aux yeux. Ça dure 2 secondes et ça me relance.

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Je récupère mon 3eme chouchou, je réalise, il est 20h, maintenant il reste 10km, même si je marche à partir de maintenant comme à Nice (5km/h) je peux le faire. Je vais le faire. Parce que là ça y est j’ai un coup de poignard qui me résonne dans la jambe à chaque pas. Je commence vraiment à avoir mal aux jambes. Juste avant le 1er ravito du tour je tombe sur ma petite famille et leur montre fièrement mes 3 chouchous 🙂
Rdv à l’arrivée si j’y suis dans 1 heure. Merde 1h !? Recalcule : si si ça passe, juste. Je suis au bout du parcours et j’entends la musique de là finish line d’ici qui résonne le long de l’Allier !
Il fait nuit, je suis presque seul, une partie du parc n’est pas éclairé, je my perds ! A chaque ravito je commence à dire au revoir aux bénévoles. Je les remercie pour leur courage pour cette journée tout aussi longue que pour nous ! L’une d’elle veut me faire la bise alors que je suis plein de sueur, de sel, de sucres. Elle insiste 😀 Je commence à avoir un peu froid ! Puis avant le ravito du 6eme 2 charmantes bénévoles courent vers moi et m’accompagnent vers le meilleur ravito de tout Vichy, celui tenu par le Vichy tri, une ambiance de folie a chaque fois tout près du centre ville avec groupe de musique, gars qui hurlent, etc… ils m’accueillent avec une holà digne de là finish line avec musique à bloc ! J’en oublie l’essentiel : me ravitailler. Boh sur ce qui me reste à faire ça devrait passer ! Je dis au revoir à la petite mamie qui reste toute la journée postée à cette endroit avec sa pancarte. Quel courage ! Et j’arrive au dernier ravito, avant le pont.
Ça y est, adieu tout le monde, dernière ligne droite. Je suis klaxonné sur le pont, ils savent qu’on en fini. J’y vais !

FINISH LINE
Il est plus de 21h. J’approche doucement l’arène d’arrivée. Je passe vraiment de l’ombre à la lumière. Premier virage et j’aperçois ma femme. J’ai la banane. Ça hurle. La musique raisonne. Les enfants et personnes sur place ont envahis là finish line. J’ai droit à une haie donneur tout du long. Le vacarme est assourdissant de toute cette musique, ces hurlements, et j’y cherche le salvateur « you are an ironman ». Je ne l’entend pas, je me fais attraper le bout de la main par mon fils ! Je m’arrête 5 secondes le temps qu’il saisisse ma joie ! J’avais ma fille a l’autre bout de ma main et dans l’euphorie je ne m’en suis même pas aperçu ! Bout du tunnel, je franchis l’arche ! Check du chrono : 15h09.

Et je suis surpris par Laura qui profite de l’air d’arrivée ! C’est fort de la trouver là, je pense que pour elle il y a une dimension « mystique » en plus… Chrystelle est la aussi. Il faut dire que c’est une discothèque à ciel ouvert ici !
J’en oublie ma médaille, je m’incline comme pour un adoubement pour la remise de « mon trophée ». On me demande si je vais bien et on me remet une couverture de survie 😀

Puis je me retrouve comme paumé au milieu de cette foule, hagard, le regard dans le vide. J’aimerai profiter de l’ambiance mais j’accuse le coup : Merde la journée est finie ! Le boulot est fait. Tout ça pour ça.
Finalement c’est bien ce qu’on dit, ce n’est pas de franchir la ligne qui compte mais bien le chemin. Et la bonne nouvelle est qu’à ce moment je décide qu’il ne s’arrêtera pas là, c’est sûr.
Je file vers la zone où tout à commencer, dans la halle des sports. Remise du t-shirt avec félicitations, photos. Les bénévoles sont sympas quand même, faire ça toute la journée… ! Ouais bon c’est pas le record du monde mais c’est mon record à moi. Je suis conscient qu’on ne fait pas d’un âne un cheval de course ça laisse la place à une grosse marge de progression comme on dit !
A cette heure il y a encore du monde et de quoi manger, ce que les habitués de fin de classement ne connaissent pas toujours 😉 Salades de riz et pâtes, pizza, fruits secs, quiche, crèpes, bière…
Je m’assois pour manger tranquille, il y a un certain calme qui règne ici maintenant. L’instant est presque solennel. On a tous des souvenirs plein la tête, de la fatigue. On débrief avec des inconnus.

L’après-course

Puis viens l’instant de se relever de sa chaise ! Fallait pas s’arrêter ! Je marche comme un grand père alors que quelques minutes auparavant j’arrivai encore à courir un tant soit peu ! J’ai l’impression de mettre des
heures à rejoindre mon vélo, récupérer mes sacs, rendre ma puce et puis rejoindre ma famille et mon logement. Je pensai que je tomberai de fatigue…
Que neni, un peu de douleurs lombaires, aux bras mais j’ai jamais eu aussi mal aux jambes de ma vie !
J’avais l’impression qu’elles courraient encore ! Impossible de laisser mes jambes statiques. Pratique pour dormir… La nuit a été atroce. Mais à ma grande surprise dès le lendemain ca va mieux. Je remarche presque normalement mais fatigue vite.
Tous les stigmates de course sont là : bronzage atypique avec la trifonction imprimée en surbrillance par coups de soleil (même le N° tatoué apparaît sur le bronzage), brûlures et irritations, ongles d’orteils en sang, cheveux collés par le sel/sucre/sueur,…
Le surlendemain, je reprends une vie normale, mon corps n’a plus de séquelles internes : pas une courbature ! Et plus de mal aux jambes. Dur retour à la réalité : transports parisiens (merci les escalators), boulot, réunions, etc…
Pfff mais j’ai la tête vraiment ailleurs moi. Je mettrai 15 jours à redescendre de mon nuage. C’est peut-être ca le plus dur ? Avec le fait d’attendre le prochain avec impatience.
Merci à ma famille pour m’avoir laissé vivre ça. Et merci à mon corps pour en avoir fait de même, qui ne me l’aura pas trop fait payé. Pile une semaine après Nice j’étais en béquilles !
Aller, éclatez-vous sur l’ironJuw !

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