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Embrun­man : le mythe !

Pen­ser que la vie humaine né peut ’être régie que par la rai­son, c’est nier la pos­si­bi­li­té même de la vivre.

Chris­to­pher MCCANDLESS

« Tu fais du tri­ath­lon ? Oui. Tu as déjà fait des Iron­man ? Oui. L’Embrunman ?
Non. Pour­quoi ? Je le ferais quand je serais grand. »

Embrunman - le mythle

Embrun­man

Voi­là en gros ce que j’ai répon­du une paire de fois depuis ses der­nières années. Cette suite de ques­tions en dit long sur plu­sieurs choses : le tri­ath­lon reste trop col­lé à l’image des Iron­man et l’Embrun­man reste une course à part, un mythe. Pour­quoi ? Sans doute par le poids de son his­toire, 36 ans qu’elle existe, la pla­nète tri­ath­lon s’y est ren­du. Parce qu’elle n’a pas explo­ser face au géant Iron­man et sans doute pour la dif­fi­cul­té de son par­cours. En lisant l’historique de la course on découvre même que les méde­cins s’opposaient à ce qu’une course si dif­fi­cile est lieux. Ambiance…

Fin 2013, me voi­ci en tant que béné­vole au bike and run de Creil. Ma pre­mière licence de tri­ath­lon est en poche. Lors du déjeu­ner post course, Fred V. nous dif­fuse une vidéo de ses 13 dingues du club par­tis à la conquête de l’Embrun­man. Whaouh, ça doit être énorme de vivre ça. Ils sont tous fini­shers en plus.
Ces gens né sont pas nor­maux. Je dis­cute avec plu­sieurs de ses fous pour com­prendre com­ment ils peuvent faire ça ? Pat me dit : « un jour toi aus­si tu le feras ». Non mais tu n’es pas fou toi ! A l’époque, ma plus longue dis­tance était un M.

La suite n’est qu’un long appren­tis­sage, une longue pro­gres­sion. Jusqu’à mon pre­mier Iron­man en 2015

Comme tout le monde j’ai dû répondre que je n’en ferais qu’un… Que c’est trop dur… Que ça fait trop mal… Et comme beau­coup j’ai replon­gé. L’émotion des finish line, l’adrénaline de la course, les sor­ties longues entre amis, les gens ren­con­trés né sont qu’une petite par­tie de ce qui nous fait signer encore et encore. Oui mais tou­jours pas Embrun. Cette course me fait défi­ni­ti­ve­ment peur. Je ferais ça quand je serais grand !

Jusqu’à un matin ou l’on com­prend qui vivre c’est aujourd’hui, qu’échouer c’est apprendre, que le chro­no n’est pas une épée de Damo­clès et qu’on fond… tout ça n’est pas très grave, ni impor­tant. C’est déci­dé, en 2019 on fait l’Embrunman.

Oui mais… com­ment résis­ter à l’Ironman de Nice. Si choi­sir c’est renon­cer, aujourd’hui je fais le choix d’avancer. Bim, deux Iron­man en 1,5 mois.
Cette déci­sion est tout sauf non réflé­chie. Tout sauf stu­pide. Non, nous n’allons pas nous mettre en dan­ger. Non, nous n’avons pas per­du la tête. Non, nous né tour­nons pas le dos à nos amis et à notre famille. Le pro­gramme va être lourd, l’année ten­due. C’est assez « mar­rant » comme au départ tout le monde vous sou­tient dans vos pro­jets puis comme au fil des années, cela s’effiloche. Au tra­vail si vous par­lez de vos objec­tifs extra pro­fes­sion­nels on vous répond « mais tu as encore le temps de bos­ser ? », dans la sphère pri­vée on vous demande quand vous allez vous arrê­ter et au niveau spor­tif les résul­tats semblent deve­nir de plus en plus rou­ti­niers.

Paren­thèses fer­mées, je trouve qu’il est tou­jours impor­tant de livrer le contexte avant de racon­ter l’histoire.

J+8 jours après l’Ironman de Nice :

5,5 semaines avant la course. Reprise de l’entrainement. Cette pause fait du bien à la tête mais pas au corps ! Quand tu lui donnes des heures de sports quo­ti­diens, ça lui fait mal de s’arrêter d’un coup ! En gros pour gérer ses quelques jours avant le pro­chain Iron­man l’idée est sur­tout de faire du vélo. Beau­coup de vélo. Direc­tion les Ardennes pour une pre­mière ses­sion de bike packing. 430 km en 2,5 jours ! Puis 6 jours plus tard une boucle entre la mai­son et Londres (28h de vélo en 4 jours). Ça fait les jambes, mais pas que 😉 Cette phase fait beau­coup de bien à la tête et au corps. A 10 jours de la course, petit détour par le tri de Cayeux afin de remettre du rythme. Tout se pas­sé à mer­veille. Nice est digé­ré et j’ai envie d’Embrun. 

Embrun, nous voi­ci !

Les vacances viennent d’être lan­cées, nous des­cen­dons stres­ser comme avant une pre­mière ! Sur place nous retrou­vons nos amis, famille, copains d’autres club etc. C’est ter­ri­ble­ment frus­trant d’être dans un si bel endroit et de se rete­nir de faire du sport, de la ran­do etc. Du coup, on se cale quelques tours dema­ni­velle, du paddle et de la nata­tion. Nous sommes 4 du club à par­ti­ci­per à la ver­sion XXL.

Ma Jeu­jeu, Flo, myself & COPAIN !!!! Ah mon copain (Charles pour les non-ini­tiés !), depuis toutes ses années que l’on fait du sport ensemble, enfin nous allons vivre un Iron­man ensemble. Le mec est venu m’encourager sur mon 1er half le len­de­main de son anni­ver­saire (ou je n’étais pas pré­sent du coup) sans même avoir pris le temps de dor­mir ; a pris l’avion pour me faire la sur­prise de m’encourager sur mon 1er Iron­man à Nice. Nous avons fait plu­sieurs trails longue dis­tance ensemble etc. Bref notre dame mélan­co­lie sort de ce corps et fait en sorte que je revienne au CR de la course !!!!

Jour J (bien­ve­nue à ceux n’ayant pas lu les par­ties pré­cé­dentes, vous venez de gagner deux pages !)

Réveil matin 4h, j’me réveille comme une fleur ! Pas com­pli­qué quand tu n’as pas vrai­ment dor­mi ! La jour­née com­mence par un superbe mes­sage d’encouragement de Mau­reen à des­ti­na­tion de sa maman et de moi. Ça fonc­tionne mieux que le café ça. 30’ plus tard nous sommes en route (5km du centre). On se gare chez Flo (à 150 m du parc à vélo). Le mec doit avoir 4x moins d’entrainement que moi cette année, il va atta­quer son 3ème Embrun­man et il com­mence sa jour­née par fumer une clope ! La décon­trac­tion vient de trou­ver son maître !
Allez, on avance dans la nuit direc­tion une très longue jour­née. Petit cou­cou à mes parents encore et tou­jours pré­sent. [Par ailleurs si vous vous posez des ques­tions sur les orga etc. vu le nombre de courses à leur actifs, je crois qu’ils vont pou­voir écrire un bou­quin !]. Dans le parc je retrouve Chris­tophe, mon poto de Cha­rentes et Charles. Bön soyons claire, il n’a pas la tête du mec serein ce matin 😊. Je le sens stres­sé, mais com­ment né pas l’être. Déjà que moi je suis ten­du comme une crampe ! Il est temps de répé­ter les gestes fait des dizaines et des dizaines de fois pour pré­pa­rer le maté­riel. Seule dif­fé­rence ici, la course est tel­le­ment longue que je pren­drais le temps de me chan­ger inté­gra­le­ment sur mes deux tran­si­tions (une pre­mière).

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J’enfile ma com­bi­nai­son, vais faire un der­nier béco à mon poto et file dans la zone d’échauffement avec ma ché­rie (les fémi­nines partent 10’ plus tôt). L’eau est assez bonne, plus agréable que l’aire froid exté­rieur.
Je tremble d’ailleurs depuis plu­sieurs minutes. C’est assez dingue, il fait nuit noire. On né voit rien du tout dans l’eau. Sale temps pour les claus­tro­phobes ! Il est déjà temps de sor­tir et de filer dans le sas de départ. J’échange quelques mots avec ma douce avant qu’elle né file avec les 79 autres femmes affron­ter le mythe. A ce moment je retrou­ve­rais bien les copains mais je me rends compte que tout est blo­qué.

Je suis à côté de tri­ath­lètes pro­fes­sion­nels. Tout le monde se scrute. Je me marre en me disant que je né suis PAS du tout à ma place là de suite !!! 5h50 la pre­mière fémi­nine de l’histoire du club à s’engager ici vient de plon­ger dans le plan d’eau ou seuls les reflets de la lune vont la gui­der. Ta course vient de com­men­cer. Que les minutes nous sépa­rant de notre départ sont longues… Enfin c’est à nous d’avancer sur la ligne de départ. Bises à mes parents, je laisse fina­le­ment les stars se posi­tion­ner en pre­mière ligne 😉 et me place au milieu. Tout content que Flo me retrouve par ailleurs. Papo­ter et dire 3 conne­ries avant le départ ça détend de ouf. Une pen­sée aux absents, Papit’ tu vas venir nager un peu avec moi si tu veux bien ?! Une pen­sée au pré­sent, amu­sez-vous bien les copains et rdv dans de longues heures.

5h59… Les pou­mons se gonflent, le silence se fait, je déglu­ti une der­nière fois. Cer­taines secondes durent des heures. Der­nière expi­ra­tion et…

Pan ! Il est 6h, le départ est don­né. A l’ancienne, en mass start. Je tra­duis pour les non-ini­tiés : on va se prendre une grosse dis­tri­bu­tion de baffes. 1 000 mecs lâchés tous ensemble de nuit dans la flotte…
J’aime autant dire tout de suite que tout le monde né gère pas son stress de la même façon. La panique fai­sant par­fois mal agir même les plus gen­tils. Sinon la course ?! Beh en gros tu nages les yeux fer­més dans une pis­cine muni­ci­pale en plein été quand toutes les colo­nies de vacances se sont don­né ren­dez-vous sur le même cré­neau. Aux pre­miers pas­sages de bouées, qua­si tout le monde pas­sé en brasse car ça « bou­chonne » un peu. Au bout de 20’ je suis enfin tran­quille et peu nager nor­ma­le­ment.

La lune décline pour lais­ser place aux pre­miers rayons du soleil. Merde, c’est tel­le­ment beau. Il faut donc faire tout ça pour pou­voir pro­fi­ter de ses ins­tants magni­fiques ? Que c’est bon, je pro­fite, je savoure.

Le second tour m’amenant aux 4 000 m n’est que du plai­sir. Je nage comme si c’était la der­nière fois.
L’eau glisse sur mon visage, elle est douce. Mes bras tournent méca­ni­que­ment pour me faire glis­ser (les puristes me voient plu­tôt cou­ler et lut­ter contre les élé­ments, mais ce qui compte se sont mes sen­sa­tions !).

Il est désor­mais temps de se redres­ser pour rega­gner l’aire de tran­si­tion.

Jeu­jeu n’est plus à sa place (ce qui est nor­mal). Je prends le temps de me chan­ger pour faire faire à cette épreuve digne des plus mythique du tour de France. Un petit mot a Flo qui vient d’arriver. Puis un a moi-même ! Allez mon lapin, il est temps. Je file

A Embrun, tu attaques direct par un mur, ça a le mérite de te mettre dans le tem­po d’entrée. Il y a une foule impres­sion­nante. Les petits jeunes du club donnent de la voix, je croise aus­si Seb, Pat, Rémy, Valen­tin et tant d’autres. Gwen­do, Lin­da, les amis des autres clubs. J’ai fait le choix de juste mettre un
maillot vélo et des man­chettes. J’ai au cas où un Kway com­pres­sé. Mais je n’ai fina­le­ment pas si froid.
Je me le suis pro­mis. Je vais gérer cette par­tie vélo. Il est tant au bout de 5 iron­man d’essayer de gérer un peu ! Donc je me cale au car­dio 75% RFC.

Kilo­mètre 10, je croise Chou­chou (Chris­tophe) en pleine pause tech­nique sur le côté. Etant don­né son niveau il va bien­tôt me rat­tra­per.

Km 20, un maillot Astre ! Un vélo rouge ? Yahoooooo ma Jeu­jeu ! Quelques mots échan­gés (pour l’anecdote j’ai failli me vau­trer dans le bas-côté en me retour­nant pour lui par­ler… stay focus) et on attaque les pre­mières des­centes. Non je n’irais pas vite. Je me fais donc dou­bler.
Coup d’œil au comp­teur… 70 km/h. Mes freins sentent déjà le bru­lé. Rien de bien ras­su­rant.

Virage à gauche. Oh ! Le lac de Serre Pon­çon dévoile toute sa beau­té. Je me sur­prends à crier comme un con ! Le pay­sage est magni­fique. Nous sommes face au soleil devant un lac bleu azur, le tout entou­ré de mon­tagnes aus­si majes­tueuses que leur his­toire. Quand copain va pas­ser ici il va être content de son choix de course, c’est sûr ! Je me demande tou­jours ce qui peut bien ani­mer les groupes de 15 gus, rou­lant en pelo­tons alors que l’on né joue pas la vic­toire ?! Je fais l’effort de les pas­ser pour me faire dépo­ser 5’ plus tard… Oui on né fait pas le poids seul face à des pelo­tons. J’arrive enfin sur le rond-point des Orres, la foule est com­pacte et donne beau­coup de voix. Mais je l’ai dit, aujourd’hui rien né me sor­ti­ra de ma course. J’approche enfin de la mai­son de loc. Petite pen­sée pour Momo qui a dû être rejoint par mes parents pour venir nous voir sur le par­cours. Guillestre, Gorges du Guill. Je suis sur mon rythme, sur­pris de né pas revoir

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Chou­chou me dou­bler. Je mange bien (que du solide, pas de gels), me régale à man­ger nos mini sand­wich. Hors de ques­tion d’avoir des maux de bide sur cette course. Dans mes gourdes juste de la gre­na­dine et du sel. A chaque ravi­to je prends de l’eau à la volée (des bidons sont don­nées). On approche… Der­nier virage à gauche et c’est par­ti pour l’ascension du col de l’Izoard. Je l’ai déjà mon­té deux fois à l’entrainement, c’est un gros plus. Il fait déjà chaud, le car­dio grimpe vite en flèche. Bön beh je lève le pied. Je suis tout à gauche et prend mon mal en patience.

J’ai 1h15 d’avance sur la bar­rière horaire. Punaise, je n’ai qu’1h15 ? Mince j’espère que Charles n’a pas pris trop de temps à nager et qu’il va pas­ser sans sou­cis. L’an pas­sé nous nous sommes tous les deux fait sor­tir pour la pre­mière fois de notre vie sur une bar­rière horaire lors d’un trail. Ce mau­vais sou­ve­nir viens me faire dres­ser les poils dans le dos. Je m’asperge copieu­se­ment au ravi­to à mi ascen­sion. Ça tape comme on dit. Plus qu’un kilo­mètre désor­mais. Qui vois-je ? Ma Jeu­jeu qui n’est plus qu’à 100 m de moi. Oula, elle a dû mon­ter fort la bou­gresse. Faut dire que de mon côté j’y réa­lise mon chro­no le plus lent.
Ravi­to per­so. Je reprends mes bidons que j’avais conge­lé la veille, ils sont frais c’est un bon­heur (mer­ci Marc). Je fais le plein de sand­wich et autres barres. Je fais cou­cou à ma ché­rie que né m’avais pas vu.

Allez, je bas­cule désor­mais de l’autre côté. Là ça des­cend fort et vite. Il fait assez froid du coup avec la vitesse. Mais je sais qu’en me rap­pro­chant de la val­lée ça ira mieux. Cer­tains des­cendent vrai­ment comme des balles. Pia­no pia­no. À la sor­tie de Brian­çon mes parents et Momo m’encouragent. Mon
père me dit que Chris­tophe est 3 minutes devant ? Euh, on né s’est pas vu lorsqu’il m’a dou­blé ?? « Et Charles » ? Il attaque la des­cente ! Ouf, cette bar­rière est déjà pas­sé… Je roule depuis plu­sieurs heures et me sent encore super frais. Quelles sen­sa­tions agréables. Autre source d’étonnement, le nombre de mec qui se font accom­pa­gner par des cyclistes. On né doit pas pra­tique le même sport. Mais bon je fais la course pour moi donc je les oublis vite. Le par­cours né cesse de dévoi­ler sa splen­deur au fils des coups de pédales. Pas­sez-moi l’expression, mais ça sent l’histoire ses routes ! Je n’étais pas né que déjà des types se tiraient la bourre ici.

Tiens en par­lant d’histoire me voi­ci au fameux « mur de Pal­lon ». Pal­lon peu, pal­lon bien… Tu vois les côtes ou tes ados te disent « non mais même pas à pieds, tu rêves ». Bön beh tu l’imagines deux fois plus raide et tu y es ! Mes parents aus­si y sont. Je monte une bonne par­tie de ce 1,5 km en dan­seuse pour me détendre un peu. Je sors quelques bêtises au spec­ta­teurs, fidèle à moi-même ; caler de l’humour en toutes cir­cons­tances !!! Je pense aux pho­tos des anciens du club qui sont pas­sés dans cette côte. Je pense à leur CR de course ou je m’imaginais ici. Et là j’y suis. Mer­ci ! Plus que quelques dizaines de kilo­mètres avant de rejoindre Embrun et la der­nière ascen­sion du jour. La côte de Chal­vet. Je l’ai éga­le­ment repé­ré deux fois (dont la der­nière il y a quelques jours) avec ma moi­tié his­toire de né pas trop souf­frir. Bön beh ça né marche pas ! Je souffre quand même !

Euh c’est quoi ça au sol ? 4 étoiles et le mot fee­ling ! C’est un coup de Seb ça je crois bien. Il assure le mec. Le petit mot qui va bien quand ça piqué le plus. 500 m plus loin, je le vois avec Rémy sor­tir du coffre de la voi­ture pour don­ner de la voix et me pous­ser à finir. Ça vaut dix gels au moins ça.
Je demande rapi­de­ment des nou­velles de Flo, Charles et Jeu­jeu. En gros, tout va bien fais ta course 😉
Il né m’en fal­lait pas plus. Der­nière des­cente tech­nique. Je me concentre bien pour évi­ter de me foutre en l’air.

Me voi­ci à T2, frais comme un gar­don.

Si si. Je me paie même le luxe de refu­ser le mas­sage qui m’est pro­po­sé pen­dant que je me change. Je crève d’envie de m’attaque à ce mara­thon. Je sais qu’il est répu­té très dif­fi­cile avec son déni­ve­lé. Je sais que cou­rir après un si gros vélo c’est ambi­tieux. Mais je l’ai dit. Sur cette course j’irais au bout. Un jour je ferais moins de 4h sur mara­thon IM. Pour­quoi pas aujourd’hui ?

Au ris­qué de me répé­ter, mais encore mer­ci à tous ceux pré­sent sur le bord de la route. Les encou­ra­ge­ments né cessent. Il y a des astres, des amis etc. par­tout c’est dingue. Tiens d’ailleurs Gwen­do viens cou­rir 100 m à mes côtés pour me faire un débrief. T’inquiète Charles est tou­jours en
course. Chou­chou n’arrive plus à man­ger. Jeu­jeu va arri­ver à la tran­si­tion. 300 m plus loin c’est Seb et Pat. Il est ou Flo ? Il va arri­ver, t’inquiète. Ça a été votre course ? (ils fai­saient le M le matin). Oui oui !
C’est que fina­le­ment au bout de 10 h on com­mence à se faire chier ! Moi j’ai envie de par­ler !!

J’ai une bonne allure, j’ai la pêche. Je com­mence à prendre des gels (envi­ron tous les 7 km. Pas de maux de ventre, rien. Enfin si. Envie de cou­rir. Je dois à plu­sieurs moments me ralen­tir car j’ai ten­dance à aller au-delà de la limite que je me suis fixée. Arrive enfin la « fameuse » côte. Bön bah ils n’ont pas exa­gé­ré ! Elle piqué la tronche ! Mais je né cesse de me dire qu’avec tous les trails que j’ai fait j’ai un avan­tage sur beau­coup de monde. Fina­le­ment ce pre­mier tour est long ! Mais j’en fini quand même, tout en étant dans le chro­no visé. Le second tour com­mence bien,

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je croise Chou­chou et Charles ! Au punaise ! Trop bon, il a pu prendre le départ du mara­thon. Je sais désor­mais qu’il sera fini­sher. Ça aus­si ça vaut 10 gels. Me voi­ci à nou­veau dans la côte. Je double Chris­tophe qui visi­ble­ment né pète pas le feu. Quelques kilo­mètres plus loin je reviens enfin sur copain. On se dit 2–3 trucs puis je com­mence à par­tir. Mais non !
Demi-tour, merde je peux bien res­ter quelques minutes avec lui. Au ravi­to, c’est lui qui m’emboite le pas. Quel kiff ces quelques minutes ensemble sur cette course. Je lui montre les étoiles pré­sentent par­tout sur le sol que Seb à fait ! Puis on se laisse. Je suis re-boos­ter comme jamais.

Kilo­mètre 25, je com­mence à sen­tir arri­ver le poids de la jour­née dans le fond de mes bas­kets.

Kilo­mètre 28, je pars pour le der­nier tour avec là, car­ré­ment le moral dans les chaus­settes. Je me sens fati­gué ! Au pré­vi­sion­nel je suis en 4h05 au mara­thon. Il né me reste plus que 14 km. Ce n’est pas le moment de lâcher. Pour­tant j’en ai tel­le­ment envie. Tu arrêtes et bien fina­le­ment tu n’as plus mal ? Oui mais non. Si je veux en finir, la façon la plus rapide reste de cou­rir. Et puis je l’ai dit, aujourd’hui je vais au bout. Pas de la course, mais de mes capa­ci­tés. Je suis venu pour ça. Alors comme on dit, je serre les dents. Je me rat­tache à pas mal de pen­sées. Les posi­tives me font sou­rires, les néga­tives me font mettre un pied devant. Je n’ai de cesse de recal­cu­ler dans com­bien de temps je vais arri­ver à telle ou telle allure.

Kilo­mètre 35. Pat, Seb et Rémy me retrouvent. Je suis en totale hal­lu­ci­na­tions. Ils sont de ces 13 mecs de 2013 qui m’ont don­né confiance pour me lan­cer et là ils m’encouragent. Tu retrouves ça ou dans la vraie vie de tous les jours des moments comme ça ? Moi je cherche encore. Je brule d’envie de m’arrêter mar­cher mais je me l’interdits. Il faut savoir refu­ser la ten­ta­tion. Je sais que ce n’est pas agréable mais à la fin le plai­sir sera décu­plé. Le soleil com­mence à jouer à cache-cache avec les mon­tagnes. J’ai limite froid par moments.

Plus que 4 km. Mon allure n’en n’est plus une. Je cours plus len­te­ment que je né marche habi­tuel­le­ment. Mais je cours. Pour­quoi arrê­ter ? Qui me donne cet ordre au-delà de moi-même ? J’ai le choix donc je décide pour moi. Oh ! Flo ! Je le croise enfin, ça roule ? yes ! Oh, ma lou­loutte juste der­rière ! Un p’tit bisou et ça repart. Ça aurait été dure de né pas les croi­ser au moins une fois.

2 kilo­mètres, j’entends à nou­veau la sono. Je com­mence à être proche de cra­quer sous le poids de l’émotion. La fatigue te mets à fleur de peau c’est dingue. Je pense à cette fini­sh­line.
1 kilo­mètre. Les échassent qui me servent à avan­cer com­mencent à avoir du mal à se plier.

Plus de 14h20 que je suis en course. J’ai du mal à gérer mes émo­tions. Visi­ble­ment ça a l’aire de se voir à la tête des spec­ta­teurs. Leur voix devient toute douce désor­mais lorsqu’ils m’encouragent. Ils ont l’air de souf­frir pour nous. Plus que 200 m. Je le sais, je vais être fini­sher. Pas parce que je suis à la fin de cette course, mais par ce que je serais allé au bout de moi-même.

Virage à gauche, tapis bleu. Per­sonne devant. Cette finish line sera pour moi. J’ôte ma cas­quette, regarde le ciel. La nuit n’est pas encore tom­bée, le ciel est entre chien et loup. Les spec­ta­teurs sont par­qués der­rières des grilles impos­sible de voir qui que ce soit.

Nous revoi­ci au point de départ, 14h24 plus tôt. L’instant pas­sé sur slow­mo­tion, les bruits deviennent flous, le temps n’a plus de rythme. Par contraste les images défilent dans ma tête à tout allure.
Der­nier pas à faire. Comme par reflexe je fais un rond sur mon cœur et pointe les étoiles avec l’autre main. Dans une frac­tion de seconde tout sera fini. Ces mois de pré­pa, ces objec­tifs, ces plans de courses etc. Retour à la vie nor­male dans quelques cen­ti­mètres… Allez, pose le ton pied… Me revoi­ci de nou­veau en vitesse réelle. Je com­prends de nou­veau le spea­ker, vois mes parents. Man­qué de tom­ber sur des bar­rières. Je m’éloigne de quelques mètres et m’étale sur le sol. Enva­hie par l’émotion. Les secours viennent me voir. Je leur confirme que ce n’est que du plai­sir. Je n’avais pas autant kif­fé une finish-line depuis mon 1er Iron­man.

Je com­mence à com­prendre que j’ai la place du roi et qu’aujourd’hui c’est moi qui vais accueillir tous les copains sur la finish line. Chou­chou, Flo­flo, ma Jeu­jeu et Copain. Je suis aux pre­mières loges pour voir leurs visages, scru­ter leurs der­niers pas et gestes. Voir leurs yeux rou­gis, leurs visages usés, creu­sés et récol­ter leurs pre­miers sou­rires.
Défi­ni­ti­ve­ment ce n’est pas la course qui crée des émo­tions. Ces der­nières naissent bel et bien de l’effort que l’on met. Quand tu né triches pas, tu reçois ton lot en retour.

A j+15, retour de vacances. Je le confirme, il est évi­dant que je retour­ne­rai faire des Iron­man. Quand ?
Quand ce sera le bon moment. Mais l’Embrunman n’est pas là de me revoir. Je crois qu’il faut par­fois savoir res­ter sur un sou­ve­nir et pas­ser à autre chose. Pour faire réfé­rence au début de ce CR, je né sais pas si désor­mais je suis « grand ». Ce que je crois c’est qu’à vou­loir très fort les choses, elles finissent par arri­ver. Ce dont je suis convain­cu c’est que nous né sommes pas tous égaux. Enfin je cite­rais à nou­veau Chris­to­pher MCCANDLESS : « j’ai appris que l’essentiel dans la vie, c’est non pas d’être fort, mais de se sen­tir fort ». Je n’ai pas pas­sé mon mara­thon en moins de 4h (4h33), mais j’ai gagné bien plus…